Quatrième épisode du carnet de route de Jean Glavany. Il pointe le paradoxe entre les exigences de la communauté internationale et les réalités afghanes et pakistanaises.
Islamabad, le 4 novembre
Nous avons beaucoup entendu parler du fonds monétaire international pendant notre voyage. Ici, au Pakistan, bien sûr. Parce que le Pakistan est dans une situation économique et financière de quasi banqueroute et que le pays négocie avec le FMI des conditions financières lui permettant au minimum d’assurer ses fins de mois. Mais le fonds, comme d’habitude, pose des exigences qui parfois ne tiennent aucun compte de la réalité locale. Par exemple, ici le fonds monétaire international considère que le Pakistan dépense trop d’argent, par exemple, pour la Défense et exige donc une diminution du budget de la Défense nationale. Ce pourrait être infligeant et recevable. Sauf que, au même moment, la communauté internationale exige du Pakistan qu’il renforce ces efforts de guerre contre les talibans à la frontière Nord Ouest, à la limite du Pakistan. Il y a là comme une contradiction insupportable. Et je pense que le FMI est en train de le comprendre.
En Afghanistan, elles sont encore plus choquantes : pour venir en soutien de l’Afghanistan et de son économie, le FMI, comme d’habitude, pose des exigences très imprégnées de l’idéologie néolibérale. En particulier, dans le domaine agricole que je crois connaitre un tout petit peu, le fonds interdit à l’Afghanistan de verser la moindre subvention à ses agriculteurs et, pire encore, de fixer des prix d’une manière administrative. Ceci serait discutable pour des esprits bien disposés.
Sauf que… expliquez moi comment on peut convaincre un agriculteur afghan qui perçoit environ 100 euros par mois des trafiquants d’opium pour sa culture du pavot, alors que le revenu moyen afghan se situe selon les couches sociales entre 15 et 30 euros par mois, de stopper sa production de pavot pour produire, à la place, des pommes de terre. Ce n’est envisageable que si les autorités en face de ces 100 euros par mois, sont capables de présenter un projet de subvention, des soutiens publics qui soient suffisamment incitatifs.
Et bien non ! Le fonds ne le veut pas… ce n’est ni correct, ni orthodoxe, ni conforme à l’idéologie dominante. Moyennent quoi le fonds, par ses exigences, interdirait aux autorités publiques afghanes de mettre en échec la culture du pavot en Afghanistan qui reste la principale source de revenus de ce pays parallèlement à l’aide internationale dont il faudra aussi reparler. C’est dire que tout reste à faire. Mais un pessimisme de la raison, il faut opposer l’optimisme de la volonté et, sait-on jamais ? On arrivera peut-être à convaincre le fonds monétaire international…
A lire ou à relire sur Bakchich
La posture coloniale de Jean Glavany, en Afghanistan, est insupportable.
On dirait un ministre de la IIe ou IIIe républiques visitant les troupes coloniales du maréchal Lyautey, en Afrique.
"Nous sommes là pour défendre la civilisation contre les barbares, les talibans" tel est en substance son message.
La société afghane n’est vue qu’au travers l’angle des organisations humanitaires et des troupes bienveillantes d’occupation, l’ISAF (prononcer I Save - ce qui donne une idée du travestissement des choses et de l’arrogance occidentale…)
Pas un instant, le député français laisse la parole aux villageois, bombardés par les avions de la coalition, affamés par les campagnes d’éradication des champs de pavots, unique ressource locale.
Pas un instant, il n’énumère les effets désastreux d’une invasion et d’une occupation vieille déjà de 7 ans.
Pas un instant, il n’évoque la manière dangereuse dont l’Otan joue avec les notions de souveraineté et d’intégrité nationales, dans les régions pachtounes, au Pakistan.
LE FMI ET LE GLAVANISTAN.
Merci pour ces éclaircissements décomplexés.
Après la leçon aux Indiens incapables de comprendre la nécéssité de fumer de l’Afghan-Taliban à coups de bombes même pendant les noces et banquets, l’évangile selon Jean continue de nous maintenir en haleine…de Cachemire.
Après le diagnostic tout en nuances sur une contrée restée au XIIème ou XIIIème siècle qu’il faut se garder de juger par le prisme occidental (sic), nous voilà rencardés sur le cours du pavot et de la pomme de terre.
Jean a dit aussi qu’il ne fallait pas suivre le petit futé, l’Afghanistan n’y allez pas c’est trop dangereux, mais Jean notre guide il y va, et les lecteurs n’en reviennent pas.
Je me demande si le directeur actuel de la famine mondiale n’est pas un ancien copain de chambrée, alors pourquoi une telle divergence ? les élus et les élites manquent de professionnalisme ? Jean est-il non-aligné, coalité ou coalisé ? Serons-nous glavanisés par l’ana-lisse ? le pèlerin de Tarbes marchera-t’il dans la grotte d’Ossama ? Y aura t’il une promo du 1er RHC dans Match ?
Vous le saurez dans le cinquième épisode de "Glavany et framboises"(comme dit Bobby)
Est-ce que ça signifierait que ceux qui au PS étaient partisans de soutenir la volonté de Sarkozy d’augmenter notre présence au sein de l’OTAN (et accessoirement en Afghanistan) n’étaient pas sur la bonne route ? Si il existe une solution pour sortir du bourbier, l’Histoire nous prouve qu’il est vraisemblable que cette solution ne peut pas être militaire parce qu’elle est automatiquement ressentie comme coloniale.
Dans le chapeau du précédent article, le journaliste a parlé de coalition internationale et c’est là que le bât blesse : L’OTAN n’est pas une coalition internationale au sens universel du terme parce que c’est une alliance géographiquement occidentale et que cette alliance est militaire.
Tout à fait d’accord pour parler de ce que le FMI pourrait apporter aux agriculteurs afghans. Mais il y a urgence. Tout au bout d’une très longue chaîne il y a ceux dont parle JM Bourguet mais aussi les enfants, les parents et les épouses de nos jeunes concitoyens qui risquent chaque jour d’être tués pour rien. A l’autre bout, il y a des décisions à prendre concrètement, très rapidement.
Dès aujourd’hui par exemple en ce qui concerne les militants du Parti socialiste qui doivent très bien savoir quels sont les courants qui ont effectivement apporté leur soutien à la Majorité sur la question de l’Afghanistan lorsqu’elle a fait l’objet d’un débat à l’Assemblée. Dès demain au Congrès de Reims bien sûr parce ce qu’il faut finalement obtenir que notre pays ne prenne surtout pas la responsabilité de réintégrer l’Alliance sans avoir d’abord obtenu – principalement de la nouvelle administration américaine qui est la seule à pouvoir le faire, même avant la prise de fonctions du nouveau Président - une redéfinition de ses missions.
Vaste tâche M. le député !
Cher Jean le Pacifique, Parlez nous un peu plus de ce village où un mariage vient d’être arrosé de bombes, ce qui a réduit la communauté de quarante membres. Même les militaires reconnaissent que ces noceurs n’étaient point taliban. Ben merde alors !Si tout ce qui porte turban n’est pas mauvais, où va ton ? Et comment reconnaître les méchants s’ils ne portent pas un tee-shirt "I love Ben Laden" ? Un internaute me dit que votre papa était militaire. Noble métier. Vous deviez beaucoup aimer votre père, certainement très estimable, pour continuer de faire confiance à l’armée. Lisez Clémenceau plutôt que Mitterrand : "La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires"…Laissez vos bidasses là-bas, puisque c’est votre souhait, et vous aurez ainsi d’autres joyeuses noces de canon.
JM Bourget