Dernier ouvrage, minutieux, de l’un de nos merveilleux collaborateurs sur une « espionne oubliée, la plus recherchée par les nazis »
Vincent Nouzille est un « chien truffier ». Chien, car journaliste dans l’âme, par vocation. Truffier, car formé sur le tas (autant par ses maîtres que dans l’exercice passionné de notre métier). Jamais son insatiable faim canine ne fut trompée par les menaces des pensées dominantes, de gauche ou de droite. Voilà pour l’éloge dû à un confrère méritant, comme il en manque tant à notre profession, menacée par sa soumission aux puissances militantes ou d’argent, adversaires redoutables des gens de plume habités par la volonté tenace de toujours informer le public en historiens du temps présent.
Dans son dernier livre, L’Espionne - Virginia Hall, une américaine dans la guerre, Vincent Nouzille exhume des archives des services secrets américains et anglais, de même que des Français, l’épopée fantastique d’une inconnue venue d’outre-Atlantique pour, durant le second conflit mondial, participer à l’organisation de la résistance française et des réseaux de renseignements des puissances alliées. Voici, excellemment reconstituée sur la base de documents inédits retrouvés par Vincent Nouzille à Washington (lors d’une précédente enquête sur Les Parrains corses, leur histoire, leurs réseaux, leurs protections), l’histoire de cette héroïne née dans le Maryland, fille d’une riche famille de Baltimore et extraordinaire combattante de l’ombre, « d’aspect très british ».
Engagée dans l’armée française, avant la débâcle de 1940, cette belle femme va devenir à Londres, à moins de 40 ans, l’espionne la plus recherchée par les nazis. Partout elle fait merveille (de 1941 à 1945) : à Vichy, Lyon, dans les Pyrénées ; toujours dans des missions à très hauts risques, et finalement en Creuse et Haute-Loire, y organisant liaisons radio avec les services secrets britanniques (SOE), parachutages, financements, équipements et formations de trois bataillons de FFI (environ 2000 hommes), sabotages, destructions de ponts et attaques de convois allemands. Virginia Hall, alias Germaine, Marie, Mae, Brigitte Lecontre, Diane, Nicolas, Camille, une espionne redoutable dont « il était impossible de deviner qu’elle avait une jambe artificielle », après avoir été amputée à la suite d’un accident avant guerre.
En juillet 1945, le Président des États Unis Harry Truman, successeur de Franklin D. Roosevelt la décorera (sans publicité, pour qu’elle puisse continuer à effectuer d’autres opérations) de la Distinguished Service Cross (la DSC), une des plus hautes distinctions militaires américaines… pour la première et seule fois attribuée, jusqu’alors, à une femme civile. Car devenue la « Madone » (malheureusement oubliée !) de la résistance française et de ses maquis, Virginia a laissé, partout où elle est passée, le souvenir d’un agent au « courage exceptionnel » qui réussit, avec une froide détermination, à toujours échapper à la Gestapo. Au prix de devoir même franchir les Pyrénées à pieds, à 3000 mètres d’altitude, malgré sa jambe de bois.
Mariée après guerre à un résistant français d’un de ses réseaux (Paul Goillot, naturalisé américain), Virginia Hall intègrera la CIA en 1946, et y demeurera jusqu’à 1966, respectant scrupuleusement, jusqu’à sa mort, en 1982, son contrat d’espionne stipulant clairement qu’elle ne devait rien dire de cet emploi, « ni pendant ni après la guerre ».
Le livre de Vincent Nouzille se lit comme un roman d’espionnage, sauf que là tout est vrai, vérifié, reconstitué avec la précision d’un micro chirurgien. Formidable travail, servi par la plume alerte d’un journaliste et écrivain qui, d’emblée, ne manque pas de noter l’ingratitude des Français à l’égard de « Virginia Hall [qui] fut un des plus grands agents féminins de la guerre ». À preuve, cet ordre de la Gestapo, fin 1942 : « La femme qui boite est l’un des agents alliés les plus dangereux en France. Nous devons la trouver et la détruire ». Et Vincent Nouzille d’exhumer cet hommage de l’historien Henri Noguères à Virginia Hall : « Comme tant de ces agents anglais et américains qui ont consacré le meilleur d’eux-mêmes, pendant des années, à armer les Français et à lutter à leurs côtés [Virginia Hall] a été victime du réflexe national mesquin du général de Gaulle, au lendemain de la Libération. Les services rendus à la France — et à la cause des Alliés en France — par Virginia Hall n’ont pas été reconnus par la France comme ils méritaient de l’être ». Voilà bien une injustice qu’après l’heureuse publication du livre de Vincent Nouzille — dont le mérite est de dissiper l’épais brouillard né (pour partie) de « la vision gaulliste d’une Libération très franco-française, qui a largement inspiré l’historiographie officielle d’après guerre » —, le gouvernement français devrait réparer, à titre posthume, par l’attribution à Virginia Hall de la Légion d’Honneur. Belle manière de redonner à la plus haute de nos décorations sa vocation première, telle que voulue par Napoléon Bonaparte en 1802 : « Récompenser les hauts faits, civils et militaires », à plus forte raison sur les champs de bataille. Et plus des faux facturiers, des starlettes du show-biz, des technocrates ruineux ou des plumitifs serviles.
In memoriam Pierre Fayol
La citation d’Henri Noguères dans les commentaires de M.Montaldo, est tirée de sa préface au livre de Pierre Fayol, chef départemental adjoint des FFI de Haute Loire intitulé "Le Chambon sur Lignon sous l’occupation" et sur l’action de Virginia Hall. Ce livre fait partie démarches entreprises par Pierre Fayol pour que la France honore Virginia Hall.
Daniel Hirsch
que d’épisodes méconnus sur cette partie de notre histoire
il ne faut galvauder ceci en donnant une légion d’honneur donnée maintenant aux leche-bottes (je voulais mettre un mot de 3 lettres au lieu de bottes)et autres courtisans de basse extraction, escrocs en tout en genre Napoléon doit s’en retourner dans sa tombe mais notre nabolèon lui il frétille
Monsieur Montaldo
J’ai lu tous vos livres, merci de m’avoir fait découvrir qui était Mitterrand, bien qu’on sente un fort ressentiment chez vous à son égard à cause de l’histoire de votre père et de l’observatoire et quelquefois peut-être un côté réac chez vous.
Mais j’ai une chose à vous reprocher, vos amitiés avec Charles Pasqua, et là je ne vous comprends plus…
Vous qui n’aimez pas la corruption comment pouvez-vous citer Pasqua dans des termes élogieux dans vos livres ?
Ainsi que des types comme Marc Francelet ?
Autre question comment avez vous choisi votre titre les voyous de la République, à tout hasard est-ce après un courrier de lecteurs suite à une émission où un psy de la gauche bobo vs a agressé ?