Détenteur de tous les secrets de l’UIMM, son président Denis Gautier-Sauvagnac, dit « DGS », doit sentir les épaules lui peser ces jours-ci. Il est responsable du retrait en cash de 15 millions d’euros de comptes bancaires de la fédération ; la soudaine transmission par Tracfin au parquet de ces informations pourrait lui coûter cher. L’enquête est dirigée par le procureur de la République, qui devrait la garder en main le plus longtemps possible. Il se murmure dans les couloirs du Palais de justice que, comme de plus en plus souvent, les investigations seront menées dans le cadre juridique d’une enquête préliminaire, c’est à dire sous le contrôle du Parquet – donc de l’État. On évitera d’ouvrir une information judiciaire, car dans ce cas un juge d’instruction, incontrôlable, prendrait le dossier en main. Si c’est pour avoir une nouvelle affaire Elf sur les bras, non merci !
Pour la suite des événements, voici l’analyse qui est faite par les proches du dossier. Jusqu’à présent, la ligne de défense de « DGS » était grotesque, mais claire : l’argent est parti pour les « œuvres » de la métallurgie. Comme l’argent liquide n’est pas traçable, contrairement aux virements bancaires, l’enquête aura du mal à retrouver les destinataires réels de tous ces gros billets. Dans ce cas, Gautier-Sauvagnac risque de se retrouver au tribunal à encaisser – en l’occurrence, c’est bien de ça qu’il s’agit – tout seul ou presque. Si jamais la justice lui colle un « abus de confiance » sur le dos, l’addition peut tout de même grimper jusqu’à trois ans de prison. Deuxième solution, « DGS », pour se dépêtrer de l’affaire, se met à table et sort une liste des heureux bénéficiaires des millions : syndicats, hommes politiques, fonctionnaires, qui sait ?
Mais passer pour une balance, voilà qui est mal vu au sein du patronat. Bref, l’alternative offerte n’est pas follement excitante. Quelle que sera l’issue judiciaire du dossier, le Medef devrait bientôt ranger au placard ce drôle de négociateur social.