Manger l’info par la racine. Le désherbant Bakchich vous dévoile les secrets de fabrication (et de rédaction) de l’actualité.
L’info. « Fillon déplore les fuites répétées du cabinet de MAM », Nouvelobs. com, 14 septembre.
Le décryptage. Le Premier ministre, dans une tentative assez tordante de minimiser l’affaire dite désormais « des fuites du Monde » a ajouté que « la République ne peut accepter que soit violé le secret de l’enquête ». Une indignation des plus louables pour le locataire de Matignon. Toutefois, il est amusant de se souvenir que, le 8 juillet 2010, le Figaro, qui puise ses informations aux meilleures sources, avait publié les extraits tronqués du PV d’audition de Claire Thibout, l’ex-comptable de Mme Bettencourt, tentant ainsi de discréditer le travail de Mediapart. Une publication directement pilotée par la direction du journal et un viol du secret de l’enquête manifeste. À ce sujet, et malgré un travail de recherche acharné, Bakchich n’a pas retrouvé trace d’une quelconque déclaration d’indignation de François Fillon. Et encore moins d’une enquête des renseignements pour identifier les sources de la direction du Figaro…
L’info. « L’Élysée dément les accusations du Monde », le Figaro, 14 septembre.
Le décryptage. Si le quotidien a fait sa une du PV tronqué relatant l’audition de Claire Thibout, il a choisi de donner une tout autre importance à l’affaire qui oppose le Monde à l’Élysée. En effet, quand tous les quotidiens évoquent l’histoire de manière détaillée, le Figaro daté du 14 septembre n’a écrit qu’une brève en page 10. E t cela avec un angle bien précis : celui de la réaction de l’Élysée.
L’info. « Quand le PS touche le fonds public », les Inrockuptibles nouvelle formule, 14 septembre.
Le décryptage. En juillet dans le Canard enchaîné et Charlie hebdo, en septembre dans les Inrocks. Avec les mêmes infos et sous pseudo… Un an et demi après sa révélation et son (bon) traitement par la presse locale (et Bakchich), l’affaire des subventions détournées du conseil régional de Paca – 800 000 euros donnés à des associations fictives par pur clientélisme – revient dans la presse nationale. Qui débite les mêmes clichés sur un « scandale qui va pourrir la vie des socialistes. Et pas qu’à Marseille ». Or aucun des ténors de la rose locale n’est concerné. Président de la région et témoin assisté, Michel Vauzelle n’a plus aucun poids. Mise en examen, la député Sylvie Andrieux ne vaut pas plus lourd. Bref, le dossier des subventions n’inquiète guère Jean-Noël Guérini, vrai patron des socialistes de la région. Bien moins en tout cas que l’enquête sur les marchés truqués des ordures. Ou sur les liens entre son conseil général et Bernard Barresi, pilier du milieu marseillais arrêté début juin. Les Inrocks ont manqué l’accord.
L’info. « Stop au populaire à tout prix sur les chaînes publiques ! Il faut que France Télévisions redonne sa place à la culture », Guillaume Durand, le Monde, 14 septembre.
Le décryptage. Dans le quotidien du soir, l’animateur tire à boulets rouges sur les prédécesseurs de Rémy Pflimlin à la tête de France Télé et déplore que « la télévision publique promeuve tous les Maurice Chevalier d’aujourd’hui en laissant soigneusement de côté tous les Picasso contemporains ». Dans le langage de Durand, c’est une demande de rendez-vous à Rémy Pflimlin. Il ne s’agirait pas que Frédéric Taddei soit le seul à présenter une émission où la création contemporaine occupe une belle place.