Deuxièmes morceaux choisis du livre-enquête « Bérégovoy, le dernier secret », à paraître le 16 avril chez Fayard, du journaliste Jacques Follorou. Selon lui, l’ancien premier ministre, après la débâcle des socialistes aux législatives de mars 1993, porte le poids de la défaite. Craignant de nouvelles investigations judiciaires sur sa famille, il semble multiplier les signes d’une dépressive descente aux enfers, jusqu’à son suicide le 1er mai 1993. Extraits et interview de l’auteur.
Pour relire les premiers extraits du livre sur les « Les affairistes qui "tenaient" Pierre Bérégovoy », c’est ici.
Aujourd’hui, nouveaux extraits exclusifs, sur les dernières semaines de l’ancien premier ministre, passablement déprimé (les inter-titres sont de Bakchich)
« « Plusieurs semaines avant sa mort, mon beau-père, Pierre Bérégovoy, m’a remis deux lettres », confie l’avocat Vincent Sol, alors marié à l’une de ses filles. « La première m’était adressée, je l’ai ouverte, il me demandait de m’occuper de la famille après sa mort. La seconde était au nom de François Mitterrand. On ne l’a pas ouverte, mais il devait lui annoncer la même chose qu’à moi ; sa volonté de disparaître. Je lui ai dit que vraiment il ne pouvait décemment pas envoyer une telle lettre au chef de l’Etat, alors on l’a déchirée. »
Pour en savoir plus sur cette lettre, regardez cette vidéo :
Aux yeux de ses confidents, dont Vincent Sol mais aussi Olivier Rousselle, le fidèle des fidèles, tous deux ayant de Béré une image paternelle, les tourments de l’ancien Premier ministre sont loin d’être une découverte. Pierre Bérégovoy, depuis des semaines, n’en fait pas mystère ; il les lance à la figure de ses interlocuteurs qui s’en lassent vite. Seuls ses très proches acceptent le monologue de cet homme qui se coupe peu à peu du monde.
Ses propos, rares, ne traitent que de son désastre personnel. Les témoignages du perpétuel auto-accablement de l’ancien Premier ministre quant à son affaire de prêt se comptent par dizaines. Cette histoire catalyse, à ses yeux, tous les échecs.
Tout d’abord le sien, bien sûr, à la tête du gouvernement, lui qui se voyait limiter brillamment la casse électorale des législatives pour mieux rebondir vers un avenir présidentiel. Plus grave encore à ses yeux, les investigations du juge Jean-Pierre mettent en danger sa famille par la possible révélation de ses faiblesses du passé. Il assaille son entourage politique, dont l’ancien garde des Sceaux Michel Vauzelle, de questions sur l’évolution de l’enquête. Sa propre famille s’inquiète de le voir craindre « l’arrivée imminente de policiers qui vont lui mettre des menottes et le conduire en prison ».
Deux jours avant sa mort, il demande à son avocat Patrick Maisonneuve de prendre contact avec le procureur de la République du Mans, Yves Bot, qui avait fermement soutenu les premiers pas de l’affaire Pelat instruite par le juge Jean-Pierre. On dit M. Bot promis à de hautes fonctions au sein de la hiérarchie judiciaire, promotion qui représente pour Bérégovoy un danger supplémentaire de voir exhumer ses affaires. Puis, il sollicite lui-même un rendez-vous avec le nouveau ministre de la Justice, Pierre Méhaignerie. Dans les deux cas, il cherche à connaître l’état des investigations du dossier Pelat, et notamment à savoir si la justice dispose d’indices sur les mouvements survenus sur son compte bancaire.
Enfin, il consulte ses conseillers sur une éventuelle visite au juge Jean-Pierre afin de « régler ça en politique », dit-il, lesquels le lui déconseillent.
Il se sent aussi responsable envers la gauche tout entière qu’il estime avoir fait sombrer plus bas que terre. « Juste après le deuxième tour des élections, se rappelle Michel Sapin, ministre des Finances du gouvernement Bérégovoy, éliminé dès le premier tour dans les Hauts-de-Seine, Pierre me répétait sans cesse qu’on avait été battus à cause de lui, et il montrait la liste en disant : “Tous ceux qui ont perdu de moins de 5 %, c’est ma faute” » (…)
« Ils ne me lâcheront pas », s’évertue à répéter Pierre Bérégovoy à ses amis politiques ou personnels. Mais de qui parle-t-il vraiment ? Défait politiquement, il n’est plus une cible. Dans son propre parti, il est redevenu ce qu’il fut si longtemps, un homme d’appareil couleur muraille auquel personne ne prête vraiment attention. Tout juste le fuit-on plus qu’avant à cause de ses propos déprimants et obsessionnels.
Quant à la machine judiciaire, elle a été arrêtée et ne semble pas sur le point de repartir. L’homme est enfermé dans une bulle hermétique. Ne serait-il pas lui-même son principal et unique détracteur ?
Le choc du passage de la suractivité de Matignon au rythme tranquille de l’élu de province l’a conduit au repli sur soi. Il paraît enfermé dans un dialogue profondément intime où résonnent les accusations violentes et douloureuses d’un tribunal personnel. Personnage si méthodique, comment ne pas l’imaginer faire et refaire les comptes d’une vie dans un face-à-face glacial ? Pierre Bérégovoy s’est condamné lui-même au terme d’une démarche intérieure à la fois rationnelle et excessive. Une sentence morale. (…)
Averti par l’un des conseillers de Mitterrand, Maurice Benassayag, qui se soucie du moral de Bérégovoy, le secrétaire général de l’Elysée, Hubert Védrine, prévient le chef de l’Etat. « J’ai eu Bérégovoy plusieurs fois au téléphone pour fixer un rendez-vous avec le président, mais aussi pour lui proposer d’être le porte-parole de l’opposition sur le volet économique et répondre aux attaques de la droite pour défendre notre bilan, relate Hubert Védrine. Je lui ai proposé, avec l’accord de Mitterrand, de mettre à sa disposition le conseiller économique de l’Elysée, Dominique Marcel, mais il me répondait comme un zombi, de manière automatique, et disait que cela était inutile, car il n’avait plus d’autorité. »
Cette autoflagellation d’avoir conduit les siens dans une telle situation ne suffit pas à expliquer l’acte final du suicide. Elle met en lumière le chemin parcouru par cet homme dont on aurait tort de minorer la force intérieure. Car si ses propos, au cours des dernières semaines de sa vie, révèlent de vrais signes pathologiques de dépression, il n’en démontre pas moins une détermination froide et méticuleuse, fidèle à son goût de l’organisation. Ses collaborateurs nivernais les plus proches sont, en effet, surpris par sa volonté affichée, dès la première quinzaine d’avril 1993, de régler au plus vite les dossiers municipaux les plus lourds en suspens. Certains fonctionnaires locaux parlent même de précipitation. De même, il met à jour les demandes d’avis de ses collaborateurs et s’efforce de régler la situation de ses conseillers à Matignon. Son entourage familial remarque enfin son désir de visiter chaque membre de sa famille dans les semaines qui précèdent sa mort.
Comptable de sa propre vie, il décide froidement d’en reprendre le contrôle. Voilà, peut-être, l’une des pistes les plus convaincantes pour tenter de mieux comprendre ce destin hors norme. Un acte éminemment personnel pour lui-même et pour protéger les siens sur fond d’une histoire collective, celle de la gauche et de son rapport à l’argent. Celle de la République française, qui voit l’un de ses enfants les plus méritants atteindre le plus haut sommet de l’Etat avant de se tirer une balle dans la tête. (…) »
©Fayard, avril 2008
« Trois jours avant le jour fatal, poussé par son entourage, Pierre Bérégovoy consulte un médecin psychiatre à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, le même établissement qui accueillera son corps sans vie. « Peut-on hospitaliser d’office un Premier ministre ? » s’interrogera le médecin après la mort de celui qui était venu le voir. « Il aurait fallu lui imposer une cure de sommeil », confie également le psychiatre à la famille du défunt. Il lui prescrira donc des antidépresseurs dont les effets, à court terme, lèvent les inhibitions du patient,notamment lorsqu’ils sont associés à l’absorption d’alcool. »
Bérégovoy, le dernier secret, Fayard, avril 2008.
je viens de lire les commentaires sur le "suicide" de Béré… en réaction aux sujets télévisés portant sur le sujet… assez orientés il me semble sur la thèse du suicide, étayée par des preuves aussi tardives que fantômes…. des propos indirects, des lettres preuves déchirée ou non produites…
Qu’en est-il du rapport d’autopsie ? du rapport balistique ? c’est capital pour déterminer si Béré est passé à l’acte ou s’il a été aidé pour ce faire… Ensuite on peut chercher pour qui et par qui…
Étrange ce garde du corps qui disparaît de la circulation, jamais entendu… après une faute professionnelle gravissime : (celle d’oublier son arme dans la boite à gants, alors que l’homme qu’il est censé protéger est déclaré par tout son entourage politique comme dépressif et suicidaire !) Pas de sanction pour lui non plus, plus : son anonymat protégé, une promotion sans doute pour l’obliger au silence ?
Que dire aussi du silence de ses 3 enfants, de ceux qui ont partagé ce dernier déjeuner familial ce fatal premier mai, où il s’est montré enjoué et détendu…. Sa femme et ses enfants, premiers meurtris par sa disparition, avaient au premier chef le droit de s’interroger sur les raisons de sa disparition… Le droit aussi de prendre connaissance d’une lettre d’adieux si elle a existé…
Au lieu de cela , on a laissé planer le doute…Pourquoi ?
Que dire de la "promotion sociale spectaculaire du gendre" après ce suicide ? ce gendre qui détenait la lettre d’adieu jamais produite et ce fameux carnet de rendez-vous , soustrait à la police et à la justice…. ??? Que dire sur cette envie tardive de communiquer sur la vérité de cette affaire si longtemps après, quand on n’est qu’une pièce rapportée, pas de la famille et donc aucune qualité, ni légitimité pour parler du défunt ???
Sur ce carnet peuvent figurer bien des nom et des rendez-vous…
Le nom d’une pseudo relation adultère de Béré ??? Mais de cela tout le monde s’en fiche !
Sur ce carnet peut figurer le nom de son dernier interlocuteur celui avec qui il avait RDV au bord du canal…ou bien aussi si ce rendez-vous avec François Mitterrand était bien indiqué à la date du 3 mai…
Certes un rendez vous aussi important et attendu n’a pas besoin d’être noté pour ne pas être oublié ! Mais si à la consultation du carnet il figure à la date et heure du 3 mai, un autre rendez vous à un autre endroit qu’à l’Elysée… on peut légitiment se poser la question si ce rendez-vous de conciliation n’a pas été fixé post-mortem ????
Autre interrogation aussi Béré a-t-il été incinéré ? quand ? sur l’ordre de qui, ni sa veuve ni ses enfants n’auraient été consultés, étrange qu’une telle décision est été prise à la hâte sur ordre de l’élysée la dépouille de Pierre Bérégovoy à peine refroidie au Val de grâce….Seule la veuve était habilitée à donner cet accord… Existe-il un cercueil , son corps peut-il encore être contre-autopsié ?
Autant de mystères entourant la mort de Pierre Bérégovoy…
à trop vouloir prouver il me semble qu’on fait une démonstration magistrale du contraire…..
Azelanmassad@club.fr
Il entendait peut-être des voix, aussi, non ?
Vous n’en faites pas un peu trop, là ?
Effectivement, il est frappant de constater à quel point "on" a "psychiatrisé" un Beregovoy, devenu politiquement gênant. Il est évident que son entourage politique n’a pas hésité une seule seconde à le charger. A l’enfoncer. Au point de le laisser irrémédiablement sombrer.
Rien d’étonnant dés lors, que son moral aujourd’hui attesté, ai été finalement très durement affecté… Soit !
…Pour autant, pourquoi son suicide devrait forcément nous apparaitre aujourd’hui, plus qu’hier, comme logique ???
Il y a une flagrande contradiction dans la trame des exposés et finalement dans la démonstration générale…
Ce qui ressort finalement, c’est cette insistance palpable à vouloir nous faire consentir à son suicide. Voir l’émission baclé de Laurent Delahousse, tout à fait révélatrice à cet égard. Quelle blague !
Beaucoup de témoignages "off", aucunes preuves ou de documents tangibles. C’est hallucinant ! : Quid du nom de sa "maîtresse" supposé, de sa lettre adressé à Mitterand, de sa volonté écrite d’en finir, de l’explication du deuxième coup de feu (supposé tiré par lui pour vérifier le fonctionnement préalable du révolver !!!!!! Rire !!!!), de la nature minime de la blessure à la tête pour un calibre 357 Magnum (plus de tête dans les faits en cas d’impact, à "bout touchant" !), de la position de son corps à terre, de l’identité du pilote de l’hélicoptère. Qu’est finalement devenu le garde du corps, le petit garçon sur le pont, son mystérieux RDV venant de Paris, l’infirmière lui ayant porté secours, …. etc…
Chaqu’un souhaite "définitivement" conclure sur ce terrible drame en se consentrant uniquement sur les derniers apports journalistiques du moment, sans parvenir une seconde à les "articuler" avec le reste, et dés lors à résoudre dans le mêmes temps, "le global" des contradictions soulevés par le dossier… C’est frappant !
Après se florilège d’amateurisme, on pourrait logiquement penser que Les journalistes se laissent tout de même facilement convaincre par de très grosses ficelles… et sont un peu paresseux, Ne trouvez-vous pas ?
Je ne sais pas si en France journaliste et flic des RG sont encore deux professions distinctes.
Le cas Bérégovoy est bien loin d’être unique. Il est connu et fait couler beaucoup d’encre parce qu’il s’agissait d’un personnage de premier plan.
Mais combien d’autres, à l’insu du public, sont eux aussi harcelés, enfoncés, psychiatrisés à outrance, ou suicidés ?
Ne serait-ce que dans le sillage de cette affaire Bérégovoy, tous les promeneurs qui lors du "suicide" se trouvaient à proximité du lieu du "drame" ont vite été repérés, puis mis sur écoute, surveillés, contrôlés… des mois durant…
Je constate mon message a été censuré.
J’aimerais en connaitre la raison.
Honte à Bakchich de faire la promotion ( exclusive !! ) d’un livre pareil.
Je porte à le mémoire de Pierre Bérégovoy le plus profond respect.
Jacques Girault
Plusieurs remarques :
la lettre du "suicide annoncé" n’est pas en possession du journaliste… Dont quid de la preuve ! Ces impression en la matière n’ont que peut de valeure.
Conclusion : les pressions des personnes dont Bérégovoy était l’obligé semblent être déduite de preuve écrites (note, correspondances, etc…).
… Pour autant, tous les éléments de preuves nombreux, et non concordants demeurent et contredisent totalement le suicide :
le calibre de la balle ne correspondant pas aux dégats constatés sur le crâne (faite l’essai, vous verrez). Un petit calibre 22 n’a pas les mêmes effets, ni le même "bruit" que ceux causés par un 357 Magnum…
Le choix pour Bérégovoy de faire reposer son suicide, sur la seule "opportunitée" de l’emprunt de l’arme de son garde du corps ’en dernière minute), alors qu’il était un homme très minutieux et très organisé…
la position de son corps à terre, bras "le long du corps", totalement incompatible avec un suicidé par balle (les experts des pompes funêbres vous le confirmerons).
La présence d’une "deuxième balle magique" d’un calibre différent de l’arme…
L’achat d’un brin de muguet destiné à sa femme, à un petit vendeur, quelques minutes avant son suicide supposé.
La possession du petit carnet noir (finalement disparu), ou étaient supposés être inscrits les numéros et autres RDV d’une supposé maitresse, alors qu’il savait devoir se donner la mort….
Bérégovoy était très croyant et pratiquant… Le suicide lui était donc totalement interdit….
L’amateurisme incroyable du garde du corps, laissant supposément reposer l’arme dans "la boite à gant" de l’auto, coté passagé…(Gag + Rire)…
le témoignage capital de l’infirmière lui ayant donné les premiers, soins totalement négligés par les enquêteurs….
le temps de vol ahurissant de l’hélicoptère vers Paris (plutôt qu’à Orléan) sensé le ramener "d’urgence"…
La contradiction totalement flagrande entre l’explication faisant de son suicide un geste "hautement symbolique" ce premier Mai (et donc mûrement préparé), avec un passage à l’acte impulsif l’obligeant à saisir au dernier moment l’opportunité d’emprunt d’une arme détenu par un professionnel….
Son mystérieux interlocuteur qu’il devait rejoindre sur les bord du canal
les deux coups de feux entendu
sa mise sur écoute permanente, jusque chez son ami restaurateur
le discours de "l’acteur" Mitterand durant la cérémonie des obscèques en total contradiction avec ses propos, d’après cérémonie, sur Bérégovoy….
…. Et finalement, tout ce "storytelling" et ce timing si mal ficelé et de dernière minute, jusqu’aux nouvelles révélations opportunes sensés éclipser les vrais contradictions du dossier…