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Eurotunnel, à qui perd gagne

Panier percé / mercredi 7 novembre 2007 par Émile Borne
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Mais qui spécule sur le titre Eurotunnel ? Seule certitude, au moment où le tunnel sous la Manche va devenir rentable, les petits porteurs qui ont récemment été évincés du capital sont définitivement les cocus de l’ouvrage voulu par Thatcher et Mitterrand.

Il est loin le temps où le tunnel sous la Manche était une affaire maudite. Aujourd’hui, il fait saliver des entreprises de BTP qui rodent autour de l’action Eurotunnel. En témoignerait ce petit frémissement du cours qui a progressé de quelques pour cents fin octobre. Pas de quoi fouetter un chat cependant, après l’effondrement de moitié du cours du qui culminait cet été à 77 centimes. Mais tout de même, la spéculation va bon train, comme on dit. Si Vinci dément être le propriétaire de la « main » qui ramasse de l’Eurotunnel à peu de frais, son intérêt pour cette vaste barrière de péage posée entre la France et l’Angleterre est bien réel. Au printemps 2006, le français avait tenté d’entrer dans le tunnel par la bouche principale. Il voulait s’inviter au club des requins de la finances anglo-saxons retenus par la direction d’Eurotunnel pour jouer les « sauveteurs » de ce trou voulu en 1986 par Mitterrand et la très libérale Thatcher. « Not a public penny » oblige, la boîte dans laquelle les petits porteurs ont englouti près de 5 milliards d’euros de leur économies était encore plombée l’an passée par une dette de plus de 9 milliards d’euros.

Parler des visées philanthropiques des sauveteurs serait un peu illusoire. Au simple plan de l’exploitation, l’ouvrage est une vraie mine d’or. La marge d’exploitation s’élève à plus de 70 % et crache des centaines de millions d’euros. Un rêve pour les Picsou du monde entier ! Mais à l’époque, le PDG du tunnel, le rusé Jacques Gounon avait fait en sorte de chasser Vinci. Pas par philosophie, mais simplement pour sauver sa propre tête et son salaire. « Si nous étions rentrés, nous aurions viré Gounon », avouait-il y a quelques temps ce dirigeant du bétépiste. Une simple affaire d’inimitié qui remonte à l’époque où Gounon, ancien du BTP n’avait pas laissé de très bon souvenir.

Aujourd’hui les petits porteurs en sont réduits au rang de spectateurs impuissants de ce bal des requins.« Nous étions ultra majoritaires au capital, depuis la restructuration de la dette intervenue avant l’été, nous n’avons plus que des miettes », pleurniche Joseph Gouranton le président de l’Adacte, Il y a de quoi, car c’est cette association de petits porteurs historique qui, en 2005, est allé cherché Gounon. La feuille de route d’origine du PDG : tordre le cou aux créanciers pour qu’ils lâchent du lest et permettent aux 800 000 petits porteurs de toucher enfin des dividendes.

Un tunnel, deux sociétés

Si l’action Eurotunnel ne vous inspire pas, achetez donc de l’Eurotunnel ! Etrangeté, aujourd’hui, le boursicoteur a le choix entre deux actions différentes. D’un côté, l’ancienne – Eurotunnel SA - qui vaut tout de même autour de 48 centimes en ce moment. De l’autre celle de Groupe Eurotunnel SA, nouvelle société censée symboliser le renouveau. Malheureusement, son cours navigue dans les basses eaux à 35 centimes d’euros alors qu’elle a été introduite en bourse à 77 centimes ! Belle dégringolade et sacrée déconfiture pour les petits porteurs qui ont suivi le PDG Jacques Gounon comme un Messie : « Echangez vos anciens titres pour des nouveaux, prêchait-il, sinon vous perdrez tout, l’ancienne société allant être rayé de la cote ». Toutefois l’échange n’ayant concerné que 93% du capital d’origine, la radiation n’est pas possible, à moins que le groupe rachète les actions de l’ancienne société. Mais pas question de dépenser de l’argent pour une poignée de petits porteurs. D’où la coexistence ubuesque de deux cotations. De l’avis de certains boursicoteurs, c’est sur l’ancienne action qu’il fallait rester ou qu’il faut miser aujourd’hui, à condition d’avoir le cœur bien accroché. Début octobre, le cours d’Eurotunnel SA a littéralement flambé passant sans raison aucune de 34 centimes à 58 centimes. Un vrai casino sous la Manche…

Mais, le plan de sauvetage de Gounon, d’une complexité qui a même abusé les Echos et la presse financière a surtout consisté à sauver la mise des créanciers d’origine. Comme si les quelque 9 milliards d’euros d’interêts qu’ils avaient empoché depuis l’origine ne suffisait pas, il leur a permis de profiter de l’argent frais injecté par des nouveaux créanciers. Lesquels en échange se sont vus offrir la propriété à terme du tunnel aux dépends des petits porteurs. Du bel ouvrage. La manip a été couronnée par l’avènement d’une nouvelle société, Groupe Eurotunnel SA dans laquelle ont été transférés les actifs de l’ancien Eurotunnel. Détail amusant, cette nouvelle boîte n’a pas été crée ex nihilo. Pour faire au plus vite, l’équipe de Gounon a racheté une coquille vide qui dormait au tribunal de commerce de Paris, et dont elle a changé l’appellation. Le nom d’origine de cette société : Nick 42. Cela ne s’invente pas ! Eurotunnel ou l’art de « nicker » les petits porteurs…

À lire, le Scandale Eurotunnel Marc Fressoz Flammarion


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2 MESSAGES

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  • Eurotunnel, à qui perd gagne
    le mercredi 28 novembre 2007 à 17:34
    Voltaire à qui ses neuveux demandaient de leur raconter une histoire de brigands, commença ainsi : Il était une fois des banquiers….
  • Eurotunnel, à qui perd gagne
    le jeudi 8 novembre 2007 à 12:08, franck a dit :

    car avec les pertes accumulées durant des années, la société a accumulé des crédits d’impôt pour plusieurs milliards d’euros. Les banques ont provisionné largement aussi leurs créances et ont bénéficié ainsi des largesses de l’Etat. Etat qui a fermé les yeux sur les structures offshore (special purpose vehicle) mis en place pour accompagner les créanciers dans le cadre d’opérations de réhaussement de crédit pour finir de tondre les petits porteurs.

    http://www.boursilex.com/VIE%20DES%20AFFAIRES/mbia.htm

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