Rien de mieux qu’une bonne dernière magouille pour partir tranquille en prison. Tous les recours n’auront pas suffi. Le couple Bozzi qui régnaient sur Porticcio va être réincarcéré prochainement, juste le temps de placer leur progéniture à la tête de la mairie
En Corse, décidément, la nature, belle et sauvage, a souvent un arrière goût de châtaigne pourrie. Surtout dans la petite commune de Grosseto-Prugna-Porticcio où boites de nuit et complexes hôteliers gangrènent le cœur des hommes et même des femmes. Dernier fait en date, une passation de pouvoir peu légale. Vendredi dernier, Marie-Jeanne Bozzi, le maire du village, passe la main à sa fifille Valérie, 23 ans, avocate.
Le 15 mai, la Cour de cassation rejette la demande de pourvoi de Marie-Jeanne Bozzi et son mari Antoine Valère Bozzi. En 2007, ils étaient jugés coupables par la Cour d’appel de Bastia de « Soustraction au paiement de l’impôt, omission de déclaration et fraude fiscale ». Un an de prison ferme pour madame. 18 mois pour monsieur. Ce n’est pas la première fois que la justice s’occupe du couple infernal. En 2002, ils ont été incarcérés pour « proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs et dissimulation de travail clandestin ». Il faut dire que les preuves sont accablantes. L’histoire remonte à 2001, trois mois après l’élection de Marie-Jeanne Bozzi, huit hôtesses ont été surprises en flagrant délit dans les boîtes de nuit appartenant au couple Bozzi. Dans le sac à main de Marie-Jeanne, les flics trouvent les comptes détaillés de ces malheureuses filles venues de l’Est.
Privée pendant trois ans d’éligibilité, madame le maire, élue en 2001, laisse sa place à son adjoint qui lui redonne trois ans plus tard, en toute simplicité.
Avec les Boggi, une affaire en chasse une autre. Mise en liberté par la justice pour l’autre affaire, celle des impôts, elle est réinvestie par la douce et tolérante UMP pour les cantonales et les municipales. Elle se fait réélire en mars dernier. Acculée par la Cour de cassation, elle démissionne mais fait élire sa fille par un Conseil Municipal peu regardant des règles.
La règle veut que lorsqu’un maire décède ou démissionne, des élections partielles doivent recomposer le Conseil afin d’élire un nouveau maire. Ce qui n’a pas été fait. Le Conseil municipal, sans Marie-Jeanne, élit Valérie. La Préfecture aurait du annuler la procédure, et provoquer des élections partielles. Elle ne l’a pas fait. Du coup, l’opposition a saisi le tribunal administratif de Bastia.