Les dernières livraisons d’armes en Côte d’Ivoire et au Gabon le confirment. La fin de l’apartheid n’y a rien changé : l’Afrique du Sud reste la terre sainte des barbouzes et des marchands d’armes.
À coups de loi anti-mercenariat, l’Afrique du Sud a réussi à disloquer les grandes SMP (sociétés militaires privés) telles la célèbrissime Executive Outcome.
Mais le petit commerce continue avec beaucoup de réussite. Une société sud-africaine a pendant l’été, largement approvisionné les forces armées ivoiriennes et cerise sur le gâteau, le plus légalement du monde.
« Ni Licorne, ni l’Onu n’ont pu intervenir. La livraison d’armes ne viole pas l’embargo, elle entre dans le cadre du droit d’un état souverain à se défendre », se navrent des intermédiaires français, un peu aigris de voir des marchés leur passer sous le nez.
Plus rageant encore, les Sud-Africains réussissent là où les Français se cassent les dents : vendre des Mirages ! Trois avions F1 ont été livrés courant août à Libreville et ont fait un petit tour le 17 août dernier, jour de la fête nationale. La transaction entre le pouvoir gabonais et l’Afrique du Sud a été réalisée grâce à des proches d’Ali Bongo, fils du président et néanmoins ministre de la défense. Comme l’a révélé la Lettre du continent (31/08), Jackie Modise et Herman Mashaba, via leur société Aérosud, ont fait les courses pour la famille présidentielle.
« Pas certain que les deux loustics aient les autorisations pour faire ce genre de commerce », râle un habitué de ce genre de livraison.
Et les bonnes affaires ne vont pas s’arrêter là. Pretoria ne compte pas plomber un secteur si rentable socialement et économiquement, seulement mieux l’encadrer. Aussi la RSA a-t-elle très récemment renforcé ses liens avec le doux pays d’Alexandre Loukachenko, le Bélarus. Grand pourvoyeur d’armes et de mercenaires (les pilotes des avions ivoiriens qui ont bombardé la caserne française de Bouaké notamment), le Bélarus, outre ses violations de droits de l’homme, son régime despotique et son économie collectiviste — est le pays d’Europe de l’est qui a la côte pour tous ceux qui veulent des canons pas chers. Un accord « culturel et militaire » a été signé entre les deux pays.
Voilà qui promet des lendemains d’armes qui chantent.