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Campagne, ignoritude, sondages et confusion

vendredi 2 mars 2007 par Akram Belkaïd
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La campagne électorale bat son plein. Le ras-le-bol guette. Indigestion en vue… Réveil, petit-déjeuner, journée, déjeuner, soirée, télé, radio, journaux : impossible d’y échapper.

Phrases happées mardi 27 février, entre 7h00 et 8h00. Proches, amis, voisins, confrères, inconnus du Brazza : « T’as vu le débat d’hier ? Moi Bayrou, j’ai pas trouvé super » ; « Tu sais ce qu’a dit Le Pen sur Bouteflika ? » ; « Et la banlieue, il paraît que Sarkozy ne veut pas y aller. Ah bon, Perpignan ? Ouais, mais, là-bas, c’est pas la vraie banlieue. Qu’il aille à Clichy, tiens ! » ; « Tu crois que Bové pense vraiment ce qu’il dit sur la Palestine ? » ; « Quand même, Arlette, si elle était socialiste, on serait tranquilles, non ? »

Il paraît que la présidentielle passionne les Français mais que nombre d’entre eux restent indécis quant au choix du bulletin de vote qu’ils vont glisser dans l’urne le 22 avril prochain. Passionnante, cette campagne ? Difficile à dire. J’ai encore du mal à la juger dans son ensemble mais j’ai tout de même l’impression que l’on commence à tourner en rond. En tous les cas, voici quelques mots, trois, qui résument le souk électoral.

« Ignoritude »

Commençons par le plus amusant. Petit rappel, quand Ségolène a trébuché sur le nombre de sous-marins nucléaires ou sur la bravitude, qu’avons-nous entendu ? Qu’avons-nous lu ? Moi-même, j’y suis allé au RPG 7 (ce que je ne regrette pas…). Mais voici que le candidat de l’UMP, celui que ses disciples et dévots nous présentent comme l’homme de toutes les situations, nationales, internationales et planétaires, vient de confondre sunnites et chiites. La honte… Pourtant, une seule émission avec l’un des deux Antoine - Sfeir ou Basbous - aurait suffit à l’instruire… Et bien, non, Nicolas, les chiites, les sunnites, connais pas. Et la presse, complice, se tait ou minimise. Remarquez, on ne peut être à la fois spécialiste des plus-values immobilières et expert en histoire des religions…

En 2000, lors de la campagne électorale aux États-Unis, un journaliste avait posé la question suivante à George W. Bush : « connaissez-vous le nom du président du Pakistan ? ». Réponse de George : « C’est un… heu… un général. Et vous, le connaissez-vous ? » Et le journaliste de répliquer : « Non, mais moi, je ne prétends pas présider les États-Unis d’Amérique ». Remarquez, à propos de Sarkozy, cette confusion entre chiites et sunnites va avoir l’avantage de renforcer les discours accusateurs selon lesquels il est bien le clone des néo-conservateurs américains dont on sait maintenant qu’ils ne connaissent rien à l’islam (et l’on voit ce que cela donne en Irak…).

« Sondages »

L’indécision des Français se concrétise dans les prévisions contradictoires que nous livrent, jour après jour, les sondages. Hier, Ségolène Royal était distancée. Aujourd’hui, elle refait son retard, demain, c’est Bayrou qui la menace et ainsi de suite. La confusion est telle que les journalistes, du moins les professionnels de la profession, osent enfin se demander quel degré de crédibilité il faut accorder aux sondages. Étrange que l’on ait si vite oublié leur pitoyable naufrage d’avril 2002… Étrange aussi que la législation soit si peu rigoureuse en la matière. En prenant connaissance des résultats d’un sondage, j’aimerais bien savoir - sans être obligé de lire les petits caractères au bas de l’article ou du graphique - quand et comment il a été réalisé. Et cela ne suffira pas à satisfaire ma curiosité. Qui a payé le sondage ? Le journal qui le publie ou telle ou telle institution ou encore tel ou tel ministère qui « l’offre » à un magazine ou quotidien de son choix (hé oui, c’est ainsi que cela se passe parfois). J’aimerais aussi que l’on explique au lecteur que le sondage a été commandé de manière à ce que sa publication sape l’impact d’un grand évènement politique (meeting, émission de télévision,…).

De fait, le sondage n’est plus uniquement un élément d’information mais bien une arme de stratégie électorale et si l’on n’y prend pas garde, c’est la dérive américaine qui va déferler sur l’Hexagone politique. En 2004, pour les primaires républicaines, des sondeurs financés par le camp Bush ont posé - à des blancs - la question suivante dans certains États du Sud : « Que penseriez-vous si vous appreniez que le sénateur John McCain (rival de Bush) a un enfant noir né hors mariage ? ». La volonté de nuire était d’autant plus avérée que McCain et son épouse avaient adopté un enfant d’origine asiatique…

Et puis, vouloir utiliser le sondage comme outil électoral, c’est aussi faire insulte au peuple. C’est, en effet, partir du postulat que celui qui vote, le fait pour gagner, pour ressentir la sensation bien puérile de faire partie - au moins une fois dans sa vie - du camp du vainqueur. Beau mépris en réalité. Voilà pourquoi j’applaudis quand je vois passer sur internet des appels qui demandent à ce que l’on mente systématiquement aux sondeurs. Oui, c’est une bonne idée, faisons dérailler les sondages pour le bien de la démocratie !

« Confusion »

Ce mot est ce qui caractérise le mieux cette campagne. Il y a quelques jours, des hauts fonctionnaires, se disant de gauche, ont fait allégeance - anonyme - à François Bayrou en se présentant sous le collectif de Spartacus. Bayrou, candidat idéal pour la gauche ? Ça va, ou bien ? Ici et là, tout autour de moi, j’entends des gens avouer leur inclinaison possible pour le candidat centriste. Folle France ! Qu’un homme de droite comme Bayrou puisse représenter une alternative à la candidate de gauche - car c’est bien de cela qu’il s’agit même si quelques soutiers de l’UMP feignent de s’inquiéter du phénomène - en dit long sur le n’importe quoi ambiant.

Et que l’on ne vienne pas accuser les journalistes. Ils n’ont pas vu venir ce « troisième homme » qu’ils ont moqué durant des années. D’ailleurs, c’est en cognant sur eux et en les accusant d’avoir décidé à l’avance que le match serait « Sago-Serko » que Bayrou a mené sa petite barque. Mais il est vrai aussi, maintenant qu’il est là où les sondages nous affirment qu’il est, que la presse s’entiche de lui sans faire la part des choses. Ce monsieur est du centre. Ce qui veut dire, qu’aux grands défis, aux grandes questions, il ne dira ni oui, ni non, ni autre chose. Le centrisme, c’est le vide, l’impuissance. Il parle d’ouverture à gauche ? N’oublions pas qu’il fut de ceux qui refusèrent leur soutien à Jacques Delors en 1995. Confusion vous dis-je !


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4 MESSAGES

Forum

  • Campagne, ignoritude, sondages et confusion
    le jeudi 29 mars 2007 à 10:54, Jacques Daviot - Angers a dit :
    Article fort interessant. La recherche de vérité aussi serait interessante. Je lisais ce matin pour ma première visite sur le site de Monsieur Sarkosy et j’en suis resté stupéfait, un article provenant du pseudonyme YODJ qui affirme que la famille de Monsieur Sarkosy qui avait collaboré avec les nazis a fui la Hongrie à sa libération pour ne pas faire face au procès qu’elle allait subir. Information à vérifier.
  • Campagne, ignoritude, sondages et confusion
    le dimanche 4 mars 2007 à 17:46, Paul Okili Boyer a dit :

    Meme au Gabon , dans la Presse on relève l’IGNORITUDE des troupes de sarkho ::

    Gaboneco (agence de presse)

    France Présidentielles : Un responsable de la campagne électorale de Sarkozy au Gabon Bernard Debré bat campagne pour Sarkozy au Gabon… Illégalement !

    © annecom.noosblog.fr

    Le professeur français Bernard Debré, un des responsables de la campagne électorale du candidat de L’Union pour un mouvement populaire (UMP) , Nicolas Sarkozy, a tenu lundi à Libreville un meeting avec les Français du Gabon pour vanter les mérites du candidat Sarkosy.

    A cette occasion, le Professeur Debré a promis, sans trop préciser lesquelles, des reformes en faveur des Français de l’étranger en cas de victoire de M. Sarkozy en mai prochain.

    Seul problème, l’organisation de meeting ou toute autre réunion officielle auprès des Français à l’étranger est tout simplement interdit pendant la campagne électorale Française. Il semble curieux que le directeur de campagne de Nicolas Sarkosy auprès des Français de l’étranger ait oubliè cela, au risque de voir le résultat de l’élection au Gabon annulé après l’élection… À moins qu’il ne se sente à ce point chez lui au Gabon que…

    En attendant, nous apprenons que la majorité actuellement au pouvoir en France n’a pas attendu que M. Sarkosy soit élu Président pour prendre une première mesure exceptionnelle : la suppression du poste d’assistante sociale au Consulat de France… pensant sans doute supprimer avec elle la pauvreté, les difficultés ou le désespoir des quelques centaines de Français qui faisaient appel à elle tous les ans !

    Sarkozy et Ségolène Royal (PS) sont les deux principaux candidats à la succession de Jacques Chirac à la présidence de la République française.

    ………..Hé bé on est mal Partis dans le Pays du Dictateur Bongo-Ondimba , Même les Troupes de sarkho veulent faire comme Lui…

  • Campagne, ignoritude, sondages et confusion
    le samedi 3 mars 2007 à 21:44, Rak a dit :

    Quelques refleexions sucitees a lecture de l’article :

    - Sur "l’ignoratude" des candidats.

    Il me semble plus grave la confusion entre chiites et sunnites par Sarkosy que l’erreur de Royal (puis de Sarkosy) sur le nombre de sous-marin nucleaire de la France. Attention ࠮e pas amalgamer des ignorances diffentes qui n’ont pas le meme poids et n’ont pas la mꭥ importance. Au risque de tomber dans un traitement politicien de la politique, ou tout se vaut et ou tout est pretexte pour alimenter l’information de non evenements. Pareil, il faut faire preuve de nuances : que Sarkosy s’aspire de la vision du monde developpe par les neo conservateurs (tout en la transformant, car la France et les Etats-Unis n’ont pas les memes cultures politique), c’est un fait. Mais de faire de cette ignorance un paralellisme avec Georges Bush ne me parapas tres pertinente.

    Plus globalement, il me semble qu’insister sur cette dimension produite par les spheres mediaatiques dominantes accentue d’autre enjeux du debat, ࠳avoir notamment qu’une autre forme d’ignorance guette le citoyen par des medias complaisants qui valide la vision doctrinale et ideogique des grands candidats qui esquive toute confrontation de projet (cf. la question de la dette publique, le debateconomique plus generalement.

    - Sur les sondages.

    Ne pas confondre les quelques journalistes qui feignent de s’interroger sur la realite ceux-ci (car il ne s’interroge pas plus sur le concept d’opinion publique qu’ils manipulent) et les spheres mediatiques dont les sondages sont un de leur fond de commerce en periode d’election. L’on sait que pour toute campagne predentielle, les medias ont bessoin d’un troisieme homme afin de maintenir du suspens…

    D’accord pour l’ensemble des elements de ce paragraphe, meme si je ne comprend pas tres bien en quoi un citoyen peu apercevoir la predentielle comme etant dans le camp du vaiqueur ou du vaincu par l’effet sondage… Je pense, que si nombreux ressente cette sensation, c’est davantage par adhesion au candidat et le programme qu’ilo porte (Mitterand en 1981) teinte d’une sorte de "bras d’honneur aux medias dominants et (soit disante) elites dominantes (referendum du 29 mai).

    -Sur la confusion.

    Malheureusement, la tentation de voter pour Francois Bayrou n’est pas le "n’importe quoi ambiant".

    "Confusion" ideologique de ceux qui se disant de gauche vont realiser ce choix ? Je ne le pense pas car une bonne partie de ceux-ci le fond non pas en estimant que la candidate du PS ne porte pas un programme de gauche mais sont bien seduit par lmes theses meme du candidat centriste : conjonction des centres, consensus, fin de la lutte des classes, etc. En ce sens, ils adherent ࠤes valeurs de droite car le centrisme, comme ideloogie est l’une des composantes de la droite. Je pense que ceux qui se tournent vers Bayrou le fond ࠰artir de l’adhesion ࠣes valeurs et tournent le dos aux ideologie de gauche et meme au fondement du PS qui est "l’union de la gauche" (des gauches, donc). Bien sur, le traitement mediatique, les ideologies dominantes (la fin de l’histoire…), la perte de l’espoir dans les ideologies politiques (socialisme, anarchisme, etc.), etc. jouent dans l’impossibilite pour de nombreux citoyen de voir qu’aujourd’hui encore, les elctions presidentielles reposent sur des ideologie qu’ils ne peuvent decrypter tant ils sont 鬯igner de la construction d’une identite politique. Peut-etre est-il vrai que certains (notamment chez la jeunesse) sont seduit par le discours Bayrou tout en ayant des valeurs de gauche mais tellement desillusionne par la gauche au pouvoir, le matraquage intellectuel - mediatique qu’ils subissent qu’ils tournent le dos ࠬeur propre aspiration, celle de la lutte contre le CPE ou pour une autre Europe (referendum du 29 mai) en ne considerent pas comme credible electoralement (dans un systeme presidentielle dont la logique concurrentielle, ephemere est celle de leurs vies) les candidats de la "gauche anti-libérale".

    Enfin, je ne suis pas vraiment d’accord avec l’anlyse du centrisme. "L’impuissance", certes ? Mais pas seulement, notamment dans la logique politique qui a prevalue lors de la Troisieme Republique. Quand au "Ce qui veut dire, qu’aux grands d馩s, aux grandes questions, il ne dira ni oui, ni non, ni autre chose", c’est meconnaitre justement que le centrisme, comme le liberalisme ou le socialisme est une ideologie. Que ce n’est pas la neutralite mais des valeurs defendant une certaine conception du monde, notamment dans la preservation de l’ordre etabli. Que Bayrou ait dit non ࠄelors en 1995, certes. Mais c’est meconnaitre l’histoire du centrisme que de ne pas constater que bien ideologiquement de gauche, des hommes, des partis qui en sont issu ont noue des alliances avec la gauche (L’Alliance democratique sous la Troisieme Republique, le MRP sous la quatrieme Reblique, dans les regions, les conseils departementaux, les villes sous la Cinquieme Republique). "Le vide" ? Bien sur que non. par contre contrairement ࠬa victoire de la gauche ou de la droite, une alliance centre-droit et centre-gauche precipite toujours la nation dans une autre forme de "vide" qu’est celui de la rupture apres elle tant elle fait ressurgir les oppositions au sein du corps social. Pour le coup, les portes de sortie serait plus ouvertes pour les progressistes que l’election de Sarkosy qui, elle, ne permet pas de Salut.

    Cordialement,

    Rak

  • Campagne, ignoritude, sondages et confusion
    le vendredi 2 mars 2007 à 11:35
    Article bien vu. Tout comme celui sur les emplois fictifs de Nicolas Sarkozy (fr), encore que même vous sembliez, comme tout le monde, avoir du mal à prononcer le gros mot du jour : corruption !
    Et toutes ces petites choses participent en faite à la mise en place d’un énÔrme hold-up démocratique (fr) !
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