C’est sans doute parce que leur couleur est le rouge et que gloser sur la cuisine est un sport de combat que le Michelin avait choisi un journaliste sportif, le lyonnais Jean-François Mesplede, pour assurer la rédaction en chef de son guide couleur sang de toro. La femme de ce polygraphe étant, elle, amoureuse du rose (bien pale) puisqu’elle a longtemps été chargée de la communication de Francisque Colomb le maire de Lyon. Mais fini le sport, à partir du 18 décembre Mesplede est prié de rendre son plumier. Cet avatar de carrière n’empêche pas notre Jean-François de garder l’amitié du « Primat des Gueules », le fameux chiraquien Paul Bocuse. En route donc pour de nouvelles aventures.
Le Michelin a le chat noir. Avant le départ du rédacteur en chef la sainte institution qui, telle la voie lactée distribue derrière elle des étoiles, a déjà été secouée par un soubresaut, un geste un peu trop vif, dont Jean-Luc Naret directeur du Guide et ancien
majordome de l’Aga Khan, a été l’antihéros. Chez Michelin, dans les pneus comme pour la bouffe, on aime les familles calmes et unies régulées, en cas d’urgence et de débordement, par la soupape du secret. On ignore donc les motifs avancés par le propriétaire du Michelin pour se séparer de son rédacteur en chef devenu aussi célèbre dans les cuisines que PPDA l’était à la télévision. Faut dire que le Jean-François aurait été de temps en temps un peu léger en réservant à son nom dans des restos qu’il était chargé d’évaluer. Un peu comme si les services de l’hygiène téléphonaient avant de venir plonger dans les frigos. Car Michelin, qu’on se le dise, est une société anonyme qui s’en tient à la règle ancestrale de l’inspecteur sans visage.
Il y a encore un mois, Mesplede nous aurait dit qu’il s’en va car touché par l’âge de la retraite… Argument qui tombe aujourd’hui puisque, grâce à notre président bien aimé, les hommes de talents comme l’excellent Jean-François, peuvent se tuer à la tache jusqu’à 70 ans…
Ce qui fait du « stroupmff », c’est que Mesplede est remplacé par une allemande ! Une délicate personne âgée de 45 ans qui travaille au Michelin depuis 20 ans. Jusqu’à présent Jullian Kaspar régnait sur l’équipe germanique du guide. Si le personnel du Michelin redoute l’arrivée de l’étrangère c’est qu’il a été naguère échaudé par le passage d’un étranger. L’artiste s’appelle Derek Brown, un anglais qui avait menacé Bernard Loiseau de la perte d’une étoile. Et Loiseau n’est plus là pour le répéter, il s’est envolé. S’il a quitté le Guide, Brown continue de travailler dans le tourisme en jouant les ectoplasmes pour Relais et Châteaux. Une allemande va donc arbitrer les élégances de la gamelle gauloise ! Quoi imaginer de pire à part un président de la République qui deviendrait l’époux d’une chanteuse plutôt que celui d’Angéla Merkels ?
Un précieux conseil de Bakchich à ses amis cuisiniers français. L’édition du Michelin 2009 étant bouclée qu’ils ne négligent pas, pour la prochaine édition, de mettre à la carte quelques unes des plus subtiles spécialités d’outre-Rhin, avec porc et saucisses. Sans même voyager en Chine on aura en France l’année du cochon… Le tout arrosé de quelques unes de ces 5000 bières qui sont à la RFA ce que sont chez nous les fromages. Bref, questionnent les cuistots, comment une spécialiste de la cuisine d’outre Rhin pourra-t-elle apprécier nos rognons ?
Tout cela sera bien sût débattu en mars prochain lors du grand raout organisé au Grand Palais pour fêter le centième anniversaire du gros Rouge. Par mail la direction du Michelin demande à tous ceux qui figurent dans l’édition 2008 de prévoir, à leurs frais, un petit quelque chose pour fêter le considérable évènement ! Et le « Pass privilège » pour assister à l’apothéose du Grand Palais sera payant. Chez Michelin, l’argent est comme les inspecteurs du Guide, il n’a pas de visage.
Vive l’amitié Franco Allemande, vivent les casseroles !
A.R. (Arrière Cuisine). Ca pleut assez dru dans le monde des bas fourneaux. Le chef du « Crillon » Jean-François Piége vient d’être remercié. Guy Martin le chef du « Grand Véfour » s’en va prendre la direction des cuisines du « Cristal Room », la salle à manger du Musée Baccarat, place des Etats-Unis au plus chic du XVIe. Le Crillon, le Véfour et le Lutétia appartiennent au groupe hôtelier américain Starwood, qui cherche à vendre ses biens…par appartement.
Le cynisme des chiens, par Jacky Dahomay
Jacky Dahomay. Professeur de philosophie à la Guadeloupe, démissionnaire du Haut Conseil à l’Intégration, décembre 2008
« La peur et la répression ont remplacé la mission éducative de l’école. Quel échec ! Sait-on simplement que lorsque le chien et le gendarme se substituent à l’autorité du maître à l’école, c’est que les loups hurlent déjà aux portes de nos villes. Il s’ensuit en général un bruit de bottes sur les trottoirs. »