L’été, c’est les soldes, y compris en Centrafrique. Gêné aux entournures par les conflits latents du Tchad et du Darfour, le régime de Bangui a fait quelques emplettes militaires ces derniers temps.
Comme tous les grands angoissés, le président centrafricain François Bozizé se laisse aller à quelques folies. Putschiste démocratiquement élu, le patron de Bangui craint que les conflits à ses frontières (Tchad, Darfour) ou ses prédécesseurs (Ange-Félix Patassé notamment) ne viennent le déstabiliser.
Aussi, en ces temps estivaux, l’homme a-t-il décidé de faire des emplettes et de casser la bien maigre tirelire de l’Etat. Après tout, le 13 août dernier, c’était la fête nationale. Autant se faire des cadeaux.
La semaine dernière, un Hercules C-130, petit bijou de l’aéronautique et succès mondial, a posé ses ailes à Bangui. Avion spécialisé dans le transport de troupe et de matériel militaire, la bête a coûté la bagatelle d’un milliard 650 millions de FCFA ( 2, 5 millions d’euros), somme qui a transité vers les Etats-Unis.
L’achat a été réalisé via l’ambassade de Centrafrique à Washington, en avril 2006, selon un document que s’est procuré Bakchich, et la somme versée sur le compte qu’elle possède dans une Citybank de la capitale fédérale américaine.
Le grand ordonnateur de la manœuvre n’est autre que l’ambassadeur centrafricain aux Etats-Unis, Emmanuel Touaboy,. Dans un télégramme diplomatique adressé à son bien-aimé chef François Bozizé le 14 juin dernier, le diplomate a d’ailleurs demandé une petite rallonge de 880 000 dollars ( 680 000 euros) pour effectuer le transfert définitif de l’appareil vers Bangui.
L’arrivée de « la bête » en territoire centrafricain laisse à penser que toutes les traites ont été versés. Ce qui ne manque pas d’étonner les spécialistes. « il existe des Hercules à bien meilleurs marché et pour un pays sous perfusion des aides de la communauté internationale, surveillé par le Fmi, c’est assez étonnant ». Sans compter que des soupçons de bakchich se portent vers son excellence Touaboy, « connu pour ne pas être le plus vertueux des représentants centrafricains »…
Et peu après l’Hercules, un autre petit bijou s’est posé à Bangui. Un hélicoptère MI-8 et son équipage d’Europe de l’Est. Un deuxième devrait le rejoindre sous peu.
Pas sûr que les représentants du FMI, connus pour être particulièrement tâtillons, cautionnent les petites lubies militaires de Bozizé. Rabat-joie !