Le mercredi 27 septembre, le tribunal de Paris devrait rendre son verdict dans l’affaire des six islamistes détenus pendant de longs mois au camp américain de Guantanamo et jugés en juillet dernier. On se souvient qu’à cette occasion les avocats de la défense ont pu révéler, comme le Canard Enchaîné l’avait expliqué quelques mois auparavant, que ces malheureux avaient été interrogés par des membres des services français alors qu’ils étaient prisonniers de Américains dans des conditions extravagantes.
En effet les barbouzes s’étaient fait passer pour des aimables diplomates, soucieux des conditions humanitaires que connaissaient leurs compatriotes. Sitôt rentrés en France, ces enquêteurs avaient fourni aux flics des compte- rendus exhaustifs obtenus dans la soi-disant zone de non-droit. Cocasse, l’ambassade française aux Etats-Unis dont le Canard puis Libération avaient publié le télégramme diplomatique envoyé pour saluer l’évènement, se félicitait de la bonne collaboration établie avec les autorités américaines. Disons que les diatribes anti-Bush du président Chirac étaient définitivement enterrées.
Parallèlement, les avocats de la défense des six de Guantanamo ont déposé plainte contre les conditions de détention qu’ils ont connues à Guantanamo. La juge d’instruction nommée, Sophie Clément, a tout naturellement demandé à la police judiciaire communication des interrogatoires effectués dans le camp américain. Or à la grande surprise de la magistrate, ces documents ont été classés secret défense. Lequel a bon dos. Des membres des services français outrepassent le droit et jouent aux humanitaires ? Et bien leurs agissements ont droit à la protection la plus haute qui soit, leurs interrogatoires sont classés secret défense.
La raison d’Etat a encore de beaux jours devant elle, et pas seulement aux Etats-Unis.