Malgré l’interdiction prochaine de fumer dans les lieux publics, les fabricants de cigarettes poursuivent leur drague des décideurs politiques, avec la complicité active de certains parlementaires. Dans un courrier daté du 22 septembre 2006 à en-tête de British American Tobacco (2ème cigarettier mondial), Yves Trévilly, le responsable des relations institutionnelles de sa filiale française - ancien membre du cabinet de Renaud Dutreil- convie des députés et sénateurs à un sympathique gueuleton le mercredi 29 novembre 2006, à 20h30, dans les salons dorés de la Présidence du Sénat (voir doc joint).
La formulation est subtile : « à l’invitation de Monsieur Christian Poncelet, Président du Sénat, le Club des Parlementaires Amateurs de Havane, présidé par André Santini, et British American Tobacco France organisent un dîner… ». Autrement dit : le Club du député-maire UDF d’Issy-les-Moulineaux, qui s’est beaucoup activé en coulisses contre l’interdiction de fumer dans les lieux publics (voir Bakchich # 4), rassemble ses amis, parlementaires et ministres, chez Poncelet, avec le soutien affiché de BAT ! Petit rappel : le cigarettier anglo-saxon a, lui aussi, été en pointe contre les projets de décret anti-tabac, au point que certains de ses représentants ont parfois été éconduits des bureaux du ministère de la Santé. Ils étaient jugés trop peu conciliants.
Ce bras de fer n’a visiblement pas affecté les bonnes relations politiques de BAT au Sénat et au Palais-Bourbon. Ni altéré pour le moment la santé financière du groupe. Au contraire. Avec ses marques Lucky Strike, Pall Mall, Kent ou Dunhill, son bénéfice par action a progressé de 13% en un an. Les dirigeants de BAT sont même très satisfaits du marché français durant les 9 premiers mois de l’année 2006 : « En France, les profits ont augmenté fortement, grâce à des marges plus élevées », dixit un communiqué officiel. Un succès discret que l’industriel pourra arroser avec les parlementaires fumeurs le 29 novembre au soir.