Nicolas aime les médias. La presse c’est son dada. Alors quand les journalistes ont l’outrecuidance de relayer des remarques perfides sur son patrimoine, le candidat les remet prestement sur le droit chemin
En goguette éléctorale à l’île de la Réunion le 16 février dernier Nicolas Sarkozy confiait : « Cette élection, je commence à pas trop mal la sentir ». L’humeur de Nicolas s’est depuis passablement assombrie. C’est Libération (8/3) qui rapporte que « ses gueulantes des derniers jours sont terrifiantes ».
Étape intermédiaire, Madrid, le 27 février. Au terme d’un meeting rassemblant des expatriés, le ministre de l’Intérieur pique une colère noire, et incendie les journalistes présents : « je voudrais vous parler de votre prestation détestable de cette après-midi. Il n’y a pas d’affaire. Je vais vous le prouver et vous le démontrer », éructe Sarko avant d’ajouter « depuis dix ans, tous les journalistes d’investigation enquêtent sur moi s’il y avait des problèmes, tous les enquêteurs seraient venus enquêter sur moi ».
Rapportées sur le mode mineur par maintes gazettes la « colère » de Sarkozy témoigne d’un étrange rapport avec la presse. De quel crime accuse t-il donc les journalistes présents ce soir-là ? Certainement pas d’avoir écrit ou collaboré à l’article du Canard sur son appartement ! Simplement d’appartenir à une « engeance » capable de produire une telle enquête ou d’en faire état.
Une « bonne presse » bien sous tous rapports aurait passé sous silence les révélations du Canard, et fait l’impasse sur les conditions -hors du commun- dans lesquelles il est devenu propriétaire d’un appartement de 200 m2 sur l’ïle de la Jatte.
La presse c’est son dada et faut pas lui en compter : « Journaliste, c’est un beau métier. J’y avais pensé. Et puis j’avais d’autres idées, j’ai eu d’autres démons, d’autres passions », a-t-il ainsi professé sur le plateau du Grand journal de Canal+.
« Le ministre de l’Intérieur répondra aux questions de Michel Denisot », annonçait le programme de la chaine réputée la plus impertinente du PAF. Certes on a bien entendu Sarko confier que la semaine avait été « rude » mais les questions n’ont jamais été « outrancières ».
Dans cette dernière catégorie, on retiendra celle posée par un dangereux sniper de Libération. Par quel prodige le contribuable Sarko a t-il échappé à l’ISF ces dernières années ?
La réponse n’a pas tardée. L’article a promptement zappé du site internet de Libé tandis qu’un coup de fil est dit–on, venu rappeler à Rothschild les règles de bases de la déontologie. Sous peine de représailles financières !
On peut se demander dans quel pays ( Chine ? Iran ? ) des syndicats de journalistes, les innombrables sociétés de rédacteurs, tolèreraient sans moufter qu’un candidat à la présidentielle use ainsi de l’intimidation ou se permette de de qualifier la « prestation » de professionnels de l’information.
Tous aphones ! Zéro protestation. Le petit Nicolas ne redoute pas d’inspirer la peur dans les rédactions. Ça marche, alors pourquoi se gêner ?
Deux semaines déjà ont passé. Non seulement Sarkozy n’a rien prouvé ni démontré mais en « deuxième semaine » après avoir assuré qu’il allait saisir « l’occasion de préciser ce qu’il y a à préciser de la façon la plus tranquille et la plus transparente » ou dans un autre registre de répondre aux « accusations infamantes » de l’hebdo, le ministre / candidat encaisse un terrible retour de service.
S’étant résolu à répondre par écrit au questionnaire du Canard après l’avoir un temps « égaré » Sarko voit ses justifications aussitôt pulvérisées par la publication de documents issus de la comptabilité interne du groupe Lasserre !
Des pièces d’où il ressort que le maire de Neuilly a bel et bien obtenu une ristourne d’au moins 300 000 euros.
Bref, sauf à considérer que ces pièces comptables ont été fabriquées par le Canard Enchainé ou par le promoteur favori de la ville de Neuilly, l’ensemble de la presse, des médias disposent d’éléments concrets, solides, ( que chacun est d’ailleurs libre de discuter ) mais qui laisse toutefois à penser que depuis 15 jours Nicolas Sarkozy mène l’opinion en bateau.
Ce n’est pas rien ! Comme le fait remarquer dans un remarquable éditorial le Canard il n’est pas sûr que sous d’autres cieux, Sarkozy l’exemplaire serait encore candidat. À quoi que ce soit. Résultat ? Silence Radio et Omerta quasi généralisée. Pas un mot sur la chaine immobilière ( TF1) ce qui correspond à une logique certaine. Mais également une opération massive d’enfumage sur les autres médias selon la vieille recette du pâté d’alouette : une alouette et un cheval constituent le pâté.
Le cheval c’est Ségolène et son patrimoine, l’alouette, le cadeau fait à Sarko par un promoteur en affaires avec le maire de Neuilly via la sem 92 dirigée par Pasqua : « l’homme le plus honnête que je connaisse », selon Nicolas.
Deux affaires patrimoniales donc mais de nature très différente. Passible d’un simple redressement le cas Royal ne relève assurément pas de « l’ordre fiscal juste » mais il occupe 2/ 3 des dépêches. L’affaire de l’appartement de Sarkoy est susceptible elle de constituer une infraction pénale ! Détail systématiquement passé sous silence.
Cette loi du silence, et ces gravissimes manipulations de l’information gangrènent désormais aussi la presse écrite. Et jusqu’ à la plus prestigieuse. Ainsi l’Express qui ose informer ses lecteurs de la façon suivante au soir du 7 mars. Soit : « dans la même édition, Le Canard réitère ses accusations contre Nicolas Sarkozy, lui reprochant d’avoir bénéficié d’un important rabais lors de l’achat de son ancien appartement à Neuilly, revendu depuis. Le candidat UMP avait dénoncé une manoeuvre pour le "salir" et son équipe de campagne publiée une série d’attestations du promoteur et d’artisans ayant effectué des travaux. Dans une lettre au Canard publiée dans l’édition de mercredi, Nicolas Sarkozy dément toutes les accusations. Lundi, l’équipe de campagne du candidat avait rendue publique une lettre du directeur général des impôts Bruno Parent indiquant que les déclarations ISF de Sarkozy pour 2005 et 2006 « ne font pas apparaître d’anomalie ». »
Pas un mot donc , pour signaler aux lecteurs l’information essentielle à savoir que la « série d’attestations » du candidat de l’UMP est justement contredite par les documents comptables de son propre architecte promoteur !
La performance, inquiétante, du confrêre n’est pas isolée. Le Point consacre lui sa Une à Ce qui menace Sarkozy. On n’y trouve pas un mot pour signaler les soucis patrimoniaux du ministre de l’Intérieur et… de la presse.
Ce comportement des médias, tous supports confondus, est sans précédent dans le traitement apporté à ce qu’il est convenu d’appeler une « affaire ».
Subsistent quelques îlots de résistance : au Nouvel Obs, à Libé ; au Monde. Pour combien de temps ?
Ainsi le Monde, dès mercredi observait très simplement que « la controverse n’est pas éteinte » , et que le Canard en publiant de nouveaux éléments « contredisant les explications du ministre de l’intérieur (…) précise ses soupçons de prise illégale d’intérêts ». Un vilain mot dont l’emploi tinte aujourd’hui comme une prouesse journalistique.
Bonsoir,
J’ai lu dans le livre de Frédéric Charpier : Nicolas Sarkozy Enquête sur un homme de pouvoir L’Aventure qui arriva au journal Le Parisien à l’époque ou Cécilia Sarkozy couchait avec un autre. Un homme muni d’une carte tricolore s’est présenté au journal Le Parisien pour obtenir le journal du lendemain. D’après l’auteur, cet homme semble avoir été diligenté par Patrick Balkany, l’ami hongrois de Sarkozy. Celui là même qui braqua un jour, avec un flingue, sa maîtresse prénommée Séverine pour se faire faire une fellation. Le vendredi suivant il alla sûrement voir le Rabbin à la synagogue pour se faire pardonner.
Je cite
"Celui là même qui braqua un jour, avec un flingue, sa maîtresse prénommée Séverine pour se faire faire une fellation. Le vendredi suivant il alla sûrement voir le Rabbin à la synagogue pour se faire pardonner."
Comment a été révélée cette histoire ?
Ya t-il eu des témoins ?
Séverine a parlé à la presse ?
Balkany a narré ses exploits ?
Pouvez-vous citer vos sources ?
Ps : tous les juifs ne sont pas pratiquants et n’ont pas forcément de rabin !
LU DANS CQFD 43 :
Bavures@sarko.fr
Un article de la Loi Sarkozy sur la délinquance interdit, sous peine de condamnation à cinq ans de prison, la diffusion de vidéos violentes sur la toile par tout internaute, à l’exception des journalistes. Cet article, prétendument destiné à lutter contre le phénomène malsain du happy slapping, interdit au passage la mise en ligne d’images de brutalités policières. Primo, ça sous-entend que seuls les journaleux patentés sont habilités à informer. Secundo, que montrer les violences des cognes risque par émulation d’exciter le cruel voyeurisme des happy-slappers. Ou plutôt, y aurait-il urgence à cacher les pratiques abusives des condés qui, si on se fie au nombre de plaintes déposées, ont augmenté de 30 % en 2006 ?