Au pays de Kabi… le pays des jeunes présidents

Le mercredi 6 décembre 2006, la RDC a tourné solennellement une page de son histoire : la 3ème République est née et le président Kabila est devenu le 4ème président de ce pays tourmenté par les vicissitudes de l’histoire récente. Tous les grands anciens et voisins de la région avaient fait le déplacement pour l’investiture du benjamin du continent (Joseph Kabila a 35 ans conformément à la tradition de jeunesse inaugurée par Lumumba et Mobutu Sese Seko) : Omar Bongo, Dos Santos, Thabo Mbéki, le général Bozizé, Sassou Nguesso, Pohamba, les présidents de la Tanzanie et du Burundi. Le roi du Maroc avait même envoyé son premier ministre. Il ne manquait que quelques absents de marque, privés d’investiture : Museveni, Kagamé et Mugabe. En comparaison, les Occidentaux et les Chinois ont gardé profil bas : les USA ont envoyé leur secrétaire d’Etat au Travail, les Chinois leur vice-ministre des Affaires étrangères tandis que la délégation française était conduite par Pierre Mazeaud ! Pragmatiques avant tout, les Américains avaient pris soin d’inclure dans leur délégation le vice-président de Phelps Dodge, premier investisseur minier dans le pays. Seules la Grande-Bretagne, avec John Prescott, et la Belgique, qui a déployé le ban et l’arrière-ban de sa classe politique, se sont distinguées en relevant le niveau des délégations occidentales.

Maux ou mot magiques ?

Celles-ci n’ont pas dû être très surprises par le discours atone du nouveau président. A part un bon mot dont on se demande encore ce qu’il présage pour l’avenir (« la récréation est terminée » !), le président a prononcé tous les mots magiques qui font plaisir à la « communauté internationale » : lutte contre la corruption, bonne gouvernance, développement, tolérance politique, reconstruction nationale, etc. Dans son enthousiasme présidentiel, Joseph Kabila s’est même risqué à dire que « dans la démocratie y’a de la place pour tout le monde » ! Mais, malgré ce déluge de bonnes intentions, le retour de la démocratie n’a pas été le moment de liesse populaire espéré : la garde présidentielle déployée dans toute la ville a douché l’enthousiasme démocratique des Congolais qui ont, depuis longtemps, appris à juger leurs dirigeants sur leurs actes ; et, le jour même de l’investiture, les combats avec le général dissident Laurent Nkunda au Nord-Kivu rappelaient que la paix se faisait toujours attendre dans l’Est. L’état de grâce durera-t-il 100 jours ?