Avec quelques décennies de retard, notre bien-aimé « journal de référence », j’ai nommé Le Monde, sort des nouvelles pages écolos appelées « Planète ».
Bienvenue au club ! Mais son directeur, notre très bien-aimé Fottorino, prévient d’emblée (24/9) : « Ni écologie militante aux accents catastrophistes, ni malthusianisme, ni scientisme forcené : nous nous situons résolument sur le terrain qui est le nôtre depuis toujours, celui du journalisme qui enquête, pèse, décrit et analyse sans a priori autre que la nécessité permanente d’éclairer notre, votre lanterne, sur un chemin incertain, souvent inconnu ».
Rappelons à ce brave homme que les lanternes, selon la formule célèbre, n’éclairent que le chemin parcouru et que son journal, s’il est toujours aussi pesant, n’a pas toujours enquêté dans ce domaine, loin de là, et que ses a priori ont été, et sont encore, ceux de la classe dominante qui le lit. Passons ! Plus intéressante est la chasse au « catastrophisme » qui envahit toute la presse. Dépassés par les évolutions du climat et les ravages de feu le capitalisme (dites : « les marchés »), nos élites ont toujours crié haro sur le « catastophisme » pour mettre en avant ce qu’ils appellent le « développement durable ». Entendez : le développement des profits liés à l’exploitation incontrôlée des ressources naturelles. Mais cette formule a un côté raisonnable, propre à séduire les marchés, justement. En clair : continuons comme si de rien n’était en lançant les modes bio dans tous les supermarchés, en faisant la promo des bagnoles à faible taux de CO2, en parlant d’agriculture « raisonnée » sans trop de pesticides, d’énergie nucléaire sans rejets de carbone, bref en prenant le train en marche sans se demander où il va.
Haro donc, sur les augures qui portent de mauvaises nouvelles. Les pauvres Chinois, Haïtiens ou Cubains victimes par milliers des typhons et autres cyclones qui se multiplient, privés de leur maison, voire de leur vie, seront heureux d’apprendre que ces banales péripéties climatiques n’ont rien de catastrophique. C’est la faute à la météo ! Quant aux populations riveraines qui, par millions, seront touchées par la fonte des banquises et la montée des eaux, ils ne connaissent pas leur chance : pas besoin de se faire construire une piscine comme les pauvres éditorialistes du Monde dans le Luberon !
Il y a 35-40 ans, le chef de service radiologie de l’hopital du Havre arpentait les couloirs en beuglant "on est gouvernés par des c…, des c… !".
Il était seulement 5000m en dessous de la réalité le pauvre !