La nébuleuse terroriste d’Al Qaïda tente d’investir les territoires palestiniens avec l’appui du Hamas. Cette thèse, longtemps agitée par Israël pour justifier ses opérations militaires, est reprise maintenant par le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Pas de preuves formelles, mais les déclarations récentes de Ben Laden, qui veut désormais « libérer » le Palestine, et les plans d’actions des djihadistes les plus radicaux alimentent sérieusement les soupçons d’une nouvelle politique d’Al-Qaïda. Révélations de « Bakchich »
Il fut un temps ou l’Autorité Palestinienne accusait Israël d’agiter l’épouvantail d’Al-Qaïda pour justifier ses opérations militaires sur les Territoires. La tentation était grande en effet pour un Premier Ministre israélien de l’après-11 septembre 2001, en l’occurrence Ariel Sharon, d’exploiter une telle « aubaine » pour faire un sort à l’ennemi de toujours, Yasser Arafat et mieux booster sa « cause » auprès d’une communauté internationale, réceptive et en émoi. A commencer par les Etats-Unis. Les fameuses « preuves irréfutables » sur la présence de cellules d’Al Qaïda, dont Ariel Sharon abreuva alors les chancelleries arabes et occidentales fin 2002, avaient en réalité servi à bâtir une vaste supercherie, que le gouvernement palestinien avait habilement démontée, – vraies – preuves à l’appui pour le coup, et rendue publique : les services israéliens voulaient tellement trouver des cellules d’Al-Qaïda dans les territoires, qu’ils les avaient eux-mêmes créées…
Aussi, ressortir le fantôme Al-Qaïda du placard palestinien aujourd’hui relève-t-il de la gageure, tant la ficelle semble aujourd’hui usée, pour ne pas dire malheureuse. Or, si Israël privilégie désormais l’argumentaire plus tendance d’un soutien syrien ou iranien à l’action des branches armées palestiniennes pour légitimer ses offensives, l’Autorité palestinienne de l’après-victoire du Hamas en 2006 a en revanche bien vu le loup, et l’affirme sans ciller. « Je peux indubitablement dire qu’Al-Qaïda est présente dans les territoires palestiniens et que cette présence, particulièrement à Gaza, a été facilitée par le Hamas » a ainsi lâché le Président palestinien Mahmoud Abbas au quotidien pan-arabe Al-Hayat, le 27 février.
Le parti islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, y a, selon lui, « amené Al Qaïda » , son « alliée », et « l’a aidé à y entrer et sortir par les moyens connus », notamment à la faveur du passage laissé ouvert plusieurs jours entre la bande de Gaza et l’Egypte à la suite du dynamitage du mur de séparation en janvier dernier.
Le Président palestinien n’a pas de preuves de la présence d’Al Qaïda dans les Territoires, mais une intime « conviction » qui lui suffit pour lancer la bombe. Tout en restant à l’abri. Il est vrai qu’outre des alliés communs, Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert se partagent un même ennemi : le Hamas. Et comme fut la réponse du gouvernement d’Arafat à « l’ennemi » Sharon en 2002, le Mouvement de la résistance islamique (traduction en français des initiales de Hamas) a catégoriquement démenti les allégations du Président palestinien, l’accusant de vouloir « mobiliser la communauté internationale contre le Hamas ». Et de jouer ainsi le jeu d’Israël…
Déjà qualifié de « Karzaï palestinien » par les figures d’Al-Qaïda, Mahmoud Abbas n’a, de fait, rien à perdre en donnant du grain à moudre à tous ceux qui l’ont déjà condamné pour « traîtrise » à la cause palestinienne pour avoir joué la carte des accords politiques qui, de surcroît n’ont pas pu être honorés. Il n’a d’ailleurs pas davantage à y gagner, si ce n’est de tenter de sauvegarder le soutien des donateurs internationaux et leur nécessaire perfusion financière, en désignant des coupables consensuels, à la fois intérieurs (Hamas) et extérieurs (Al-Qaida) afin de mieux se dédouaner de son impuissance à gérer son « Etat ».
Reste qu’au-delà des objectifs qu’il vise en proférant de telles assertions, sans même les fonder, sur une prétendue infiltration d’Al Qaïda dans les rangs palestiniens, Mahmoud Abbas a peut-être bien crié au loup pour l’avoir senti un peu rôder…
En effet, fin décembre 2007, Oussama Ben Laden brisait un tabou et annonçait au détour d’un argumentaire prônant l’unité des rangs de la résistance en Irak, que désormais, « notre djiahd est de libérer la Palestine, toute la Palestine de la rivière du Jourdain à la mer ». Que le peuple de Palestine soit « rassuré », a-t-il affirmé dans cet enregistrement audio diffusé via les forums djihadistes , « nous allons [y] étendre notre djihad » car « nous ne reconnaissons pas les frontières de Sykes-Picot* » et pas davantage « les chartes internationales qui reconnaissent les entités sionistes en Palestine (…) Le sang appelle le sang et les démolitions répondent aux démolitions ».
Jusque là, les territoires étaient restés le pré carré et le monopole des mouvements islamistes palestiniens de libération, détenteurs à la fois d’une légitimité historique en matière de lutte armée contre « l’ennemi juif » et d’un soutien populaire fervent, ne souffrant aucune concurrence. Le dossier était en de bonnes mains, et pas prêtes de le lâcher.
Le territoire étant donc considéré comme déjà occupé, les leaders d’Al-Qaïda se gardaient bien de vouloir jouer les squatteurs et tenter l’incruste. Aussi se contentaient-ils de s’approprier, à défaut de la « cause », le soutien à sa défense pour nourrir leur argumentaire de justification et de légitimation de la « guerre sainte » façon Al-Qaïda.
Or, depuis son entrée sur la scène politique et les nécessaires compromis auxquels elle a du se soumettre à l’épreuve du pouvoir, la direction du Hamas s’est vue essuyer de virulentes critiques au sein de la mouvance djihadiste, pas loin de valoir les amabilités habituellement assenées au Président Abbas. D’un statut quasi sacralisé, le Hamas a ainsi fini par perdre son auréole et se voir définitivement qualifié de Judas. La dénonciation de la traîtrise a ainsi opportunément ouvert une brèche dans le mur du monopole, et a permis aux responsables d’Al Qaïda d’envisager une nouvelle stratégie à l’égard des territoires, et une occasion bénie pour y faire son trou.
L’officialisation au plus haut niveau de cette nouvelle orientation visant la conquête de la Palestine et de ses lieux saints « occupés », a eu pour effet de lever le dernier verrou qui retenait encore les membres de la mouvance djihadiste, lesquels rêvaient depuis longtemps d’une bonne confrontation directe avec Israël.
L’annonce de Ben Laden a non seulement été unanimement accueillie comme LA « bushra » - bonne nouvelle, dans le Coran – tant attendue par la communauté djihadiste, mais elle a aussi généré une intense mobilisation au sein des groupes actifs, qui y sont allés de leurs conseils et autres propositions pour que le grand projet puisse concrètement être réalisé.
Parmi les figures opérationnelles les plus cotées du moment dans la galaxie djihadiste, l’ Emir de l’Etat Islamique d’Irak, a fait le plus fort. Dans un long document audio mis en ligne sur les forums djihadistes daté du 14 février, dans lequel il égraine la « série des trahisons » dont le Hamas s’est rendu coupable, Abou Omar Al-Baghadi établi avec précision l’ensemble des actions à mettre en œuvre pour implanter les réseaux d’Al Qaida en Palestine. Une sorte de « feuille de route » avec étapes à l’attention des combattants dans les territoires et dans le monde (voir encadré).
Dans son document en forme de « feuille de route » soumis via les forums clandestins à la communuauté des djihadistes, Abou Omar Al-Baghdadi identifie les phases incontournables pour préparer le terrain à l’implantation d’Al-Qaïda en Palestine.
L’Emir y recommande notamment que « les frères sincères des brigades Al-Qassam » - la branche militaire du Hamas, unique rescapée des flèches qaïdistes - « annoncent leur scission avec le Hamas et la mise à pied de leurs chefs politiques ». Car « nous savons que de nombre de leurs membres et certains de leurs commandants ont été affligés de la déviance de leurs dirigeants politiques ».
En parallèle, pour mieux gagner les cœurs et les esprits, « un groupe de sages de la prédiction jihadi-salafi » [la référence doctrinale d’Al-Qaïda, qui prône une relecture radicale du texte coranique et le recours à la « guerre sainte », NDLR] devra-t-il œuvrer à « éduquer les ‘enfants des pierres’ » [en référence à celles que les jeunes Palestiniens lancent contre les soldats israéliens, NDLR]. Ce, afin de les « détacher de la vile idéologie du nationalisme qui a retardé la Oumma » pour les réorienter vers « l’Intifida djihadiste » (sic).
Par ailleurs, si besoin, l’Etat islamique d’Irak, fort de sa double expérience de lutte contre « l’occupant croisé » et contre un gouvernement « traître et collaborateur », se dit prêt à apporter sa pierre au grand projet « par la contribution financière et la formation de vos cadres, de la préparation de la simple grenade à la fabrication de missiles »…
A.G
Mais pas un n’a manqué à l’appel. Outre l’Etat islamique d’Irak (EIA), le Fatah Al-Islam au Liban et sa branche palestinienne, ou encore le groupe algérien d’Al Qaïda dans les pays du Maghreb islamique (AQMI), les branches régionales et locales de l’organisation se sont succédées, par voie de communiqué ou en DivX téléchargeables, pour affirmer leur engagement ravi à servir cet objectif.
Certains promettent, comme AQMI, de concentrer là ils oeuvrent leurs attaques sur des cibles israéliennes et juives. D’autres, comme Fatah Al-Islam et l’EIA préconisent d’embourber plus encore l’ennemi « sionisto-croisé » sur les fronts en guerre pour mieux les détourner de la Palestine, et faciliter l’arrivée des frères en Palestine. Ou proposent encore d’envoyer si besoin leurs propres hommes et assurer l’acheminement de la logistique. Même le Mollah Omar a donné sa bénédiction et promet de bien occuper les forces occidentales en Afghanistan le temps nécessaire pour permettre la réalisation du grand projet…
Et donc, ce serait pour quand ? « A échéance 2010 », affirme un des commandants d’Al Qaïda, au discret pseudo d’Assad_Al-Djihad2, qui a lui aussi envoyé sa liste de « conseils » sur ces mêmes forums. Autrement dit, à la fin de la troisième et actuelle phase du grand programme à long-terme élaboré par les stratèges militaires de l’organisation en 2005, intitulé « Stratégie d’Al-Qaïda jusqu’en 2020 », qui prévoit à cette étape « la confrontation directe avec les Juifs en Palestine occupée ». Soit moins de deux ans pour préparer le terrain. Et commencer à le faire savoir, le moment venu. En tous les cas, lâche notre homme comme une évidence , « l’apparition d’Al-Qaida en Palestine ne se fera connaître qu’après les élections américaines » (sic). Sympa pour Bush…
* Conclus en 1916 entre la France, le Royaume-Uni et la Russie, les accords de Sykes-Picot prévoyaient le dépeçage du Moyen-Orient.
Outre son côté manichéen, ce dessin est assez douteux.
Mettre une étoile de David, sur les bombes, ou mettre une étoile de David sur tout ce qui se rapporte à l’armée israélienne, est un procédé utilisé par les caricaturistes de certains journaux arabes qui n’ont rien à envier avec ceux qui faisaient des caricatures douteuses pendant la seconde guerre mondiale.
Le conflit au proche-orient est certes empreint d’un problème religieux, mais israël c’est pas les juifs. L’armée compte des druzes, et des chrétiens d’une part ; et la communauté juive dans sa globalité ne soutient pas forcément la politique israélienne, voire le projet sioniste.
Sur ce…
OOh ! mais vous me surprenez…vraiment ! Vous, gazetiers à l’épreuve des balles de la désinfo israélienne vous tombez dans le panneau de la propagande Fathaoui, dites-donc ! Quelle surprise. Mais bon vous demandez à voir. Des preuves, dites-vous, mais comment donc ! l’Autorité va s’en presser de vous les fournir, obligeamment ! Elle va vous donner les plans détaillés du vade-mecum d’Al Quaida. Comment elle rentre en Egypte grâce aux douaniers stipendiés par les frères musulmans amis de Ramadan, comment elle Bakchiche la police et l’armée égyptiennes pour parvenir sans peine jusqu’à El Arich et comment grâce à la complicité - gratuite ?- du Hamas elle arrive à pénétrer à Gaza par des trous de souris…Sûr, vous aurez tout cela et le reste par mail. Vous pourrez alors affirmer : "désormais, de source sûre, etc.".
Bon, sérieusement : vous êtes sérieux ? Juste une info pour vous mettre sur la piste : veuillez, s’il vous plaît ,revoir vos archives (ou celle des confrères puisque vous n’existiez pas à l’époque), vous y trouverez ceci entre autre : en 2003, lors d’une retentissante conférence donnée à Gaza, Abou Mazen, alors mis en quarantaine par Arafat, avait affirmé qu’on pouvait voir déjà les prémices de l’installation d’Al Quaïda à Gaza. Il avait confirmé ce que disait alors le gouvernement israélien. Lequel se fondait sur l’érection par la tribu Al Dahdouh de Jaishou l’Islam, l’Armée de l’Islam. Et c’est Arafat qui avait démenti alors pour occulter sa participation active à cette intégration. Seuls à l’époque les hommes de Dahlan se sont opposés à cette infiltration et l’ont payé cher. L’un de ses officiers a vu ses trois enfants (4, 6 et 8 ans) désintégrés à la mitraillette à la porte de son domicile, au moment où ils allaient à l’école. Cette "armée" à pris part au kidnapping du soldat israélien Guilad Shalit. …Et vous en êtes encore à demander des preuves. Franchement, si vous voulez être pris au sérieux un jour, il faudra donner vos papiers à faire à des journalistes et pas à des plumitifs accrédités par Al Jazira. J’en veux pour preuve les commentaires brillantissimes qu’on peut lire ci-dessus. Ils proviennent de téléspectateurs avachis de cette chaîne.