Peu indisposé par le mouvement social, le visionnaire et bien bon président Sarkozy pense déjà à l’avenir : fêter ses six mois d’accès au trône et repenser la "démocratie sociale". Savoureux programme.
Le gouvernement avait annoncé un conflit thermo nucléaire. Une grève, dure, longue. Certains avaient entassé des conserves et des produits sous vide, pour tenir un siège ! En l’espace de quelques jours, le moral des Français avait opéré un impressionnant plongeon. Et puis, finalement, à peine la grève avait-elle démarré, que la CGT renonçait à la négociation tripartite globale qu’elle réclamait à corps et à cri. Et acceptait de revenir à la table des négociations.
À l’Elysée, le matin de la grève, Nicolas Sarkozy, est sur les dents. Il sait qu’il livre une bataille décisive. Au-delà des régimes spéciaux, il engage sa crédibilité de réformateur. À un moment où sa cote de popularité fléchit. Où les patrons râlent contre l’usine à gaz du bouclier fiscal et des heures sup’. Où sa majorité lui reproche d’avoir reculé sur les internes, les pêcheurs. Où les Français commencent à se demander où est la rupture en matière de pouvoir d’achat. Il sait que les leaders syndicaux ne veulent pas que cette grève, impopulaire, se prolonge. Mais le climat, lui dit-on, est extrêmement tendu. Il mise gros. Climat de QG de campagne à l’Elysée donc, cellule de crise et tutti quanti. Tout le monde est sur le pied de guerre dès potron minet. Très vite, le chef de l’Etat comprend qu’il est en train de gagner la partie. La grève est moins suivie que le 18 octobre dernier. Les premiers chiffres tombent vers 10 heures. À la SNCF on annonce 61,5% de grévistes, contres 73,5 le 18 octobre dernier. À la RATP, 44%, contre 58%. Et le ciel s’éclaircit encore un peu plus quand Xavier Bertrand lui annonce au téléphone que Bernard Thibault et François Chérèque ont accepté officiellement sa proposition de discuter entreprise par entreprise des salaires, de l’emploi, de la pénibilité, de la spécificité des métiers, des fins de carrière, sans remettre en cause les trois points fondamentaux jugés non discutables par le gouvernement (harmonisation à 40 ans des durées de cotisation, décote et indexation des pensions sur les prix et non plus les salaires).
Beaucoup de bruit pour rien ? En tout cas le timing force l’admiration dans la classe politique. Après une phase de concertation assez courte– « regardez comme nous sommes une démocratie irréprochable »- il a montré ses muscles à coup de rodomontades –« regardez comme nous sommes courageux ». Compte tenu du soutien dont disposait Nicolas Sarkozy dans l’opinion sur cette réforme des régimes spéciaux, quelque soit le scénario, un conflit long ou une blitzkrieg, il était assuré d’en sortir gagnant. Mais mieux vaut une victoire nette, qu’un pourrissement.
Cela va lui permettre de fêter ses six premiers mois à l’Elysée dans l’euphorie. Vendredi 16 novembre, en effet, cela fera très exactement six mois qu’il aura pris ses fonctions. Après la standing ovation du Congrès américain et la libération des journalistes français emprisonnés au Tchad, cette victoire hautement symbolique est la bienvenue. L’image de Supersarko terrassant le dragon des régimes spéciaux va effacer, pour un temps, l’image d’un président impuissant à augmenter le pouvoir d’achat, et qui se fait traité d’ « enc… » sur un port de pêche.
Depuis des semaines, l’Elysée cogite à la façon de célébrer dignement l’évènement. L’idée d’une grande conférence de presse a été avancée il y a déjà deux ou trois semaines. Tout est déjà prêt dans les détails, y compris l’aménagement de la salle des fêtes du Palais de l’Elysée, en largeur, comme du temps de de Gaulle et de Mitterrand. Pour l’instant, la date n’a pas été fixée officiellement.
Loin de se reposer sur ses lauriers et de s’auto congratuler, Nicolas Sarkozy a l’intention, à l’occasion de cette conférence de presse, d’annoncer le plan de bataille suivant : modification en profondeur la représentativité syndicale et du droit de grève dans les entreprises en instaurant la liberté de présentation au premier tour des élections professionnelles et un vote à bulletin secret après huit jours de grève. C’est ce qu’il avait appelé la « démocratie sociale » durant sa campagne. Désormais, en tout cas, plus personne ne pourra contester que la rupture a bien eu lieu. A gauche, on commence à souligner qu’il fait plus fort que Thatcher : la dame de fer n’avait engagé son bras de fer avec les syndicats qu’au bout de deux ans de pouvoir.
Où avez vous vu que la majorité des français reprochaient à Sarkozy d’avoir fait des concessions aux pêcheurs ?
Par contre 7 français sur 10 veulent qu’il ne cède pas à des syndicats non représentatifs, menaçant les non grévistes à la SNCF (mais subventionnés !)
C’est bien de faire du sensationnalisme, mais pas au prix de contre vérités, vous perdriez en crédibilité.