Les Français commencent à douter sérieusement du président de la République. En cause : ses promesses non tenues sur le pouvoir d’achat, un moral économique dans les chaussettes… et le mode de vie trop « bling-bling » du fiancé de Carla, qui choque, notamment dans l’électorat de droite. Mais Sarko entend tenir bon. Au risque de continuer de glisser dans l’opinion.
Moins six points dans le sondage Ipsos-Le Point. Moins six également dans le baromètre BVA-L’Express. C’est le deuxième mois de baisse consécutive pour le Président de la république. En deux mois, sa cote a dégringolé de dix points. La conférence de presse du 8 janvier n’a pas enrayé cette montée du mécontentement. Et l’annonce de son mariage imminent avec Carla Bruni n’a pas calmé les esprits après quelques semaines de "pipolisation" exacerbée.
Première raison de cette déception : le pouvoir d’achat. Les Français sont tétanisés par les augmentations des prix. Les hausses ont été spectaculaires dans l’énergie, l’alimentation, le logement et dans certains services. Nicolas Sarkozy avait fait campagne sur le volontarisme politique, le pouvoir d’achat, et il s’est montré impuissant à redresser la barre. Le moral des ménages est d’ailleurs retombé à son niveau le plus faible depuis mai 2006 !
On remarque également dans les dernières enquêtes d’opinion une très forte désaffection parmi les plus de 65 ans. Moins 11%. Les personnes âgées, qui sont au cœur de son électorat, sont en premier lieu inquiètes de l’évolution économique, mais elles émettent également un jugement de valeur sur le style présidentiel durant les dernières semaines. D’ailleurs, à la sortie du conseil national de l’UMP, samedi 12 janvier, les militants les plus âgés ne cachaient pas leur désapprobation sur le comportement de leur chef. Manque de tenue, manque de tact à l’égard de son fils et de celui de Carla Bruni… « Son discours nous a redonné de l’énergie, mais cela n’efface pas les dérapages des dernières semaines », confiait une dame d’une cinquantaine d’année. Enfin, le décrochage est également assez impressionnant parmi les électeurs du Modem : moins 21% ! L’ouverture, le gouverner tous ensemble, prôné par François Bayrou et mis en oeuvre par Nicolas Sarkozy ne suffit plus à masquer les divergences de fond, notamment sur la gestion des déficits et de la dette, axe central de la campagne du candidat du Modem.
On sent de manière perceptible le fossé se creuser entre le président et le pays. Alors que le ciel s’obscurcit, avec une croissance mondiale en recul, une économie américaine menacée par la crise des subprimes et un baril à cent dollars, le chef de l’Etat affiche non seulement son idylle, mais un train de vie fastueux. De manière jubilatoire, « exhibitionniste », pour reprendre l’expression de Ségolène Royal. Et ce bonheur insolent vient percuter le moral en berne des français qui broient du noir.
Les débuts de mandats sont généralement marqués par la désillusion. Après des campagnes où l’on a peint l’avenir en rose, le retour à la réalité est souvent difficile. François Mitterrand, lui, avait réussi à conserver une cote positive jusqu’au printemps 1983. Confronté à un risque de décrochage du franc, il avait engagé la fameuse « parenthèse dans les réformes », qui ne sera jamais refermée. Jacques Chirac s’est retrouvé dans le rouge dès l’automne 1995, lorsqu’il a tourné le dos à ses promesses sur la fiche de paye et la fracture sociale en se soumettant à la rigueur budgétaire qu’il avait dénoncé durant toute sa campagne…
La grande différence avec Nicolas Sarkozy, c’est que ce dernier n’a pas renoncé à faire la politique qu’il avait annoncée. Même si les résultats ne sont pas au rendez-vous. Il continue d’être persuadé que sa politique de réformes tous azimuts, afin d’éradiquer les rigidités de l’économie et de créer les conditions d’une croissance durable, est la bonne. « Les heures sup, cela va marcher. Et l’année 2008 va tenir ses promesses, avec des réformes de fond, qu’il s’agisse de la fusion ANPE-UNEDIC, de la carte hospitalière, du contrat de travail, de la révision des politiques publiques », répète-t-on dans son entourage. Mieux : « 2008 va faire apparaître une vision globale », affirme même son ministre du budget, Eric Woerth.
Le chef de l’Etat qui espérait, avec l’ouverture, pouvoir s’appuyer sur un large soutien de l’opinion publique est aujourd’hui revenu à un étiage classique droite gauche, avec une opinion très clivée. La droite, même si elle émet des réticences sur le style et la personnalité de Nicolas Sarkozy, lui sait gré d’avoir fait bouger les lignes, qu’il s’agisse des régimes spéciaux, de l’autonomie des universités, de la négociation sociale. Elle veut qu’il aille encore plus loin. Le chef de l’Etat ne cesse de répéter qu’il va aller plus vite. Mais en ayant mis en avant la notion d’évaluation, il risque de se voir reprocher l’absence de résultats tangibles. Et d’être lui aussi mal noté.
La France sombre dans le ridicule L’ex-top-modèle Carla Bruni, 40 ans, a accepté de poser nue pour le prochain numéro du magazine masculin de prestige espagnol DT, relate le quotidien El País. Les premières photos de ce reportage circulent déjà sur le Net : on y voit la fiancée du président français allongée sur le dos, les bras repliés sur la poitrine et uniquement vêtue de bottes et… d’une alliance. Dans l’interview qui accompagne les photos, Carla Bruni ne dit pas si elle est ou non déjà mariée avec Nicolas Sarkozy et indique simplement qu’elle ne devrait pas l’accompagner les 25 et 26 janvier prochain en voyage officiel en Inde.
Ce qu’on peut lire dans la presse étrangère : La France a réussi à élire un ado attardé à la présidence.