Si vous avez le temps de chercher chez les bouquinistes, avec un peu de chance vous trouverez ce recueil de huit nouvelles noires de notre pessimiste Izzo.
Dans ces huit nouvelles, il n’est question que de Marseille : de son port, de ses liens avec la Méditerranée.
On y parle souvent d’amour. D’amours difficiles, car il est question de marin et de voyage. D’amours passion car il est question de Naples et de l’Italie. C’est peut-être cela Marseille. "Sous le soleil il n’y a pas de mystère, seulement des tragédies", Jean Giono.
Quand les chiens sont lâchés, c’est la mort, ou tout comme. On meurt pour avoir donné un bonbon à un enfant ou pour avoir refusé une cigarette à une skinhead. On meurt, ici, de ne pas s’appeler Mitterrand ou Polanski, mais Osman ou Gianni. Etre différent quand on est de l’autre côté de marigot ça change la vie, ça la raccourci parfois. C’est peut être cela la lutte des classes.
Dans ce recueil Izzo parle de tous les exclus, marins, immigrés, mais aussi dockers. Docker c’est un métier, oui. Sauf que "de 1982 à 1987, des dockers, on avait liquidé quatre cent dans les plans sociaux… Puis il y avait eu la "catastrophe" de 92. C’est les vieux qu’on avait foutu à la porte. Ceux qui savaient faire. Comme lui". Mais "il ne voulait plus ce souvenir de ces années-là, Gérard. Pas ce soir, parce que ce soir c’était trop tard"…
Jean Claude Izzo y a cru longtemps à la lutte des classes. Il a été dix ans militant au PC. Il est entré chez les cocos en 1968, l’année où les étudiants parisiens manifestaient contre les "stals". Il quitte le Parti et la Marseillaise en 1978.
Dix ans ça marque un homme, surtout un poète.
Ps : Le livre est toujours accessible à la fnac à 1,90 euros.