Nous vous informons que, selon un PV reçu par Bakchich de la Mairie de Paris, votre journal préféré est "une merde".
C’est un peu cru. Mais notre souci de transparence ne connait pas de frontière. Nous vous informons donc que, pour Bertrand Delanoë, Maire de Paris, Bakchich est « une merde ». Comment en sommes-nous arrivés, en la matière, à ce constat sûrement juste, puisqu’issu de Jaurès, mais douloureux quand même ?
L’affaire commence par une lettre sur papier recyclé de 90 grammes. Michel Giraudet, « Sous-Directeur de la Protection et de la Surveillance chargé par intérim de la direction de la prévention et de la protection » (sic), nous dit : « Les inspecteurs ont constaté une infraction aux règles de salubrité publique (apposition d’affiche du journal « Bakchich Ebdo »). Ce Giraudet a raison, en cette période de grande pandémie, la « salubrité publique » est sacrée.
Le PV, établi par les implacables inspecteurs est là. L’agent 1006400 -le 007 des caniveaux- écrit : « Souillure de la voie publique… ». Pour asseoir l’infraction, sans doute, l’homme ajoute « P/R par l’ART R632-1 ou CP ». Là se niche l’injure. Le 632-1, c’est le texte qui réprime, pour parler agricole, le jet de merde ou de pisse ! Insupportable. Bakchich, offensé, est en larmes.
Pour mieux comprendre le pourquoi du blâme, nous téléphonons à Michel Giraudet. Voilà un intermittent qui devrait assez vite piquer la place de son chef : impossible de le joindre, occupé qu’il est à être toute la journée « en réunion ».
Je me retourne vers Bertrand Delanoë (que la gloire reste avec lui, innocent homme).
Bonjour. Je souhaite savoir pourquoi la Ville de Paris qualifie Bakchich de « merde » ?
Emmerdé lui-même, le fils d’archevêque PS qui réchauffe sa jeunesse à la mairie ne peut répondre. Question trop interloquante. Il passe « un collègue ». L’autre fils est aussi empêché de verdict que son jeune ami.
Je vais vous passer l’attachée de presse du Maire… Ah, non. Elle est au téléphone. Elle va vous rappeler.
Trois jours plus tard, sans doute en train de courir au stade Jean-Bouin, la jeune femme n’a toujours pas retrouvé la ligne. Laissant Bakchich à sa grande douleur.