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CULTURE / CHRONIQUE BOUQUINS

Un social démocrate qui croit à la guerre des classes

Lutte / mardi 7 octobre 2008 par Bertrand Rothé
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Il fallait oser, écrire un livre sur la « Guerre des Classes ». Il fallait prendre le risque assumé de passer pour un crypto stalinien, un archéo quelque chose, ou, pour reprendre la phrase d’un des anciens patrons de « Libération », puis du « Nouvel Observateur », pour un « scout doux dingue ».

La guerre des classes, voilà qui renvoie à l’histoire, à Marx, à de très vieux concepts. Aujourd’hui plus personne ne parle de ces réalités. Notre société a ses tabous, et en voilà un qui devrait sauter. La lutte des classes existe pourtant bel et bien.

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© Fayard

François Ruffin croit en son sujet, il le travaille, comme un boulanger pétrit son pain. À bras le corps avec énergie.

Si la gauche « moderne » a un problème avec le concept, les riches, eux, parlent sans retenue de lutte des classes. Warren Buffett (l’homme le plus riche du monde), déclare : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ». Les nantis quant à eux, vivent dans la crainte. Le « découplage entre faible progression des salaires et profits historiques des entreprises fait craindre (…) une montée du ressentiment, aux Etats-Unis comme ailleurs, contre le capitalisme et le marché ». Cette phrase est signée Alan Greenspan, qui en conclut qu’il faut augmenter les salaires.

Ce n’est pas un livre d’économie ou de sociologie imbitable. Mais un bouquin accessible, qui parcourt la France et l’histoire du XXè siècle. On y parle d’hommes, de femmes, de rencontres, avec beaucoup d’humanité. Le Vimeu rouge n’est jamais bien loin. Ça sent la sueur, car l’homme n’a pas le regard froid du sociologue pour les choses, et surtout les personnes qu’il étudie. Il cherche à comprendre. Il prend le temps – que trop peu de journalistes s’accordent –, de manger avec eux le Chili Con Carné à même une boite de conserve. Comme dans le précédent livre de François Ruffin, Quartier Nord, le lecteur s’associe facilement aux personnes croisées, qui a l’ouvrier, le militant abusé.

Ruffin ne sort pas indemne d’une lignée d’agriculteurs et d’instituteurs. Cette humanité bienveillante l’engage à se définir « comme un social-démocrate à l’ancienne… ». Un social démocrate qui croit en la guerre des classes, et qui en appelle à un nouveau rapport de forces.

L’auteur vient de la littérature. C’est un amoureux de Steinbeck, comme d’autres aiment Céline ou Léon Bloy. Il y a donc une musique François Ruffin. Un rythme qui lui est propre. Et qu’on apprécie.

La seule limite du livre, c’est peut-être son titre « La guerre des classes ». « La lutte des classes » aurait sans doute mieux convenu. La lutte renvoyant à Marx, la guerre à Buffett.

François Ruffin, « La Guerre des classes », Ed. Fayard, à paraître le 8 octobre 2008

François Ruffin est journaliste. Il a crée le journal amiénois « Fakir », collabore au « Monde Diplomatique », et est reporter pour l’émission de Daniel Mermet « Là-bas si j’y suis », sur France Inter.


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6 MESSAGES
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Forum

  • Un social démocrate qui croit à la guerre des classes
    le mardi 8 juin 2010 à 20:03, Stéphane a dit :
    José Bové aussi était très altermondialiste quand il publiait chez Vivendi de jean-marie messier…
  • Jean-François Copé questionné
    le mardi 6 avril 2010 à 17:32, Mayline a dit :
    Ce matin sur France-inter une question à Jean-François Copé reprenant Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. Voir la brève sur le site de l’écrivain pro
  • Guerre de classes ou collaboration ?
    le dimanche 12 octobre 2008 à 12:45, un lecteur attentif a dit :

    Ecrire un livre sur la lutte des classes et le publier dans une maison d’édition qui appartient au groupe Hachette, il y a là une grosse contradiction.

    Hachette étouffe petit à petit l’édition en France et ailleurs en contrôlant ou en absorbant des acteurs présents à tous les niveaux. Hachette Livre - une des branches d’Hachette - c’est premier éditeur français, le deuxième en Angleterre et en Espagne, et le cinquième sur le plan mondial. Chiffre d’affaires d’Hachette LIvre pour 2007 : 2130 milliards d’euros…

    Hachette c’est aussi :
    - le premier distributeur de livres en France et dans le monde francophone.
    - les Relay H dans les gares
    - les librairies Virgin, Payot…
    - 49% de participation dans les NMPP, la principale structure de diffusion de la presse
    - le premier éditeur de presse magazine au monde
    - des chaines de télé, de radio, etc.

    Comme on dit on n’est jamais mieux servi que par soi-même !

    Hachette est une des branches du groupe LagardèrePublishing un des plus gros fabricant d’armes en France via une autre de leur branche : EADS. Les dirigeants du groupe Lagardère sont bien évidemment très proche des gouvernements Chirac puis Sarkozy.

    Avant de publier un livre chez un tel groupe, c’est la moindre des choses de se poser quelques questions. A moins que le seul souci soit d’en vendre le plus possible…

  • Un social démocrate qui croit à la guerre des classes
    le samedi 11 octobre 2008 à 12:18, Manon a dit :

    Selon le niveau et le type de revenu dominant il y a trois grandes classes.

    La classe des travailleurs salariés au sens large , y compris jeunes en formation, chômeurs RMIstes, retraités… : 90% de la population gagnant pour l’immense majorité moins de 3 SMIC.

    La classe des entrepreneurs, travailleurs indépendants, entrepreneurs investisseurs qu’on peut appeler classes moyennes indépendantes et supérieures , généralement de 1 à 10 Smic ;9% de la population

    La classe des spéculateurs : le 1% supérieur est passé de 8% du revenu national aux USA en 1980 à 25% en 2006 et vit essentiellement de la spéculation. En France 1% de la population détient plus de 50% des actions et 10% plus de 80%.L’immense fortune accumulée estimée à plusieurs fois la production mondiale leur permet de mettre la main sur les media, les instituts de sondage, la désignation des candidats qui ont une chance et de faire passer des lois qui leur sont favorables.

    Une suggestion : pourquoi ne pas populariser pour que tout le monde comprenne la revendication d’un revenu maximum égal à 10 fois le seuil de pauvreté (700 euros) et 5 fois donc le salaire médian (1400 euros) : donc en France 7000 euros, ce qui permet de vivre très bien.

    Si un certain nombre de parasites dénués de toute morale humaniste menace de quitter la France bon débarras. Le surplus pourra être affecté à l’impôt donc aux services publics qui servent à tous, à la lutte contre la pauvreté, à l’investissement et aux hausses de salaires, et donc de remettre l’économie et le social sur pied.

  • Un social démocrate qui croit à la guerre des classes
    le jeudi 9 octobre 2008 à 21:09
    "La lutte renvoie à Marx, alors que la guerre renvoie à Buffett" : Warren ou Marie-Georges ?
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