Théatre, n’arrivez pas en "Retard"

Une femme revient après plusieurs années. C’est long. L’attend-t-on encore à dîner ? son couvert est-il toujours dressé ? Vous allez découvrir son histoire. Un monologue, jamais monotone.

Le texte est simple, beau, presque poétique. Un peu comme du Delerm, le père, celui de "La dernière gorgée de bière". Ça fait mouche, par petites touches. Pointilliste.

Le spectateur est acteur. Il est d’abord le mari, puis les enfants, et vice-versa. Mais vous ne souffrirez pas du tout sur vos bancs, point de pâtos. On ne vous reproche pas grand chose. La situation n’est pas désagréable. Elle est neutre. Totalement neutre, vous serez un époux modèle, ennuyeux comme il se doit. Ni plus ni moins. Vous serez des enfants si studieux au point d’être totalement désincarnés.

Heureusement, car tout se passe sur la scène. L’actrice, Valérie Vervialle, nous raconte ses choix, sa vie pendant ce retard. On découvrira pourquoi elle est partie. Et on saura ce qu’elle a fait pendant ces années. Elle a beaucoup lu, elle a fait des rencontres. De toutes petites choses que Yann Albert, l’auteur, nous raconte avec pudeur. On ne rit jamais, mais on se surprend à sourire souvent. C’est tellement rare, que c’est agréable. Elle nous raconte ces presque rien qui rendent la vie supportable. On est très loin du café-théâtre, à des milliers de kilomètres d’Hollywood. Ici le choix est intime. Il y a de la place pour le non-dit. Les silences renvoient aux mots. Le spectateur n’est jamais secoué, toujours respecté. On ne s’ennuie jamais, on réfléchit souvent. Mais qui est cette femme qui a quitté ceux qu’elle aime ? Pourquoi m’est elle si sympathique ?

N’arrivez pas en Retard.

C’est dix euros, si vous n’avez pas réservé. 7 si vous avez réservé. C’est au Laurette Théâtre 6 rue Bichat 75010 Paris, le jeudi et le vendredi. C’est "Un Retard".