Le retour des attentats manqués (Londres) ou pas (Liban, Yémen, Glasgow) a fait ressurgir quelques docteurs es-terrorisme aussi médiatiques que peu pertinents…
Dans les airs viciés et ailleurs l’inoxydable Roland Jacquard joue le rôle du docteur Knock – « est-ce que ça vous chatouille ou est-ce que ça gratouille » –, le démasqueur d’Oussama Ben Laden à qui on la fait pas et qui sait toujours des choses ultra-secrètes, mais dont il ne peut pas parler parce que c’est trop grave ! Vient ensuite le très très grand reporter Frédéric Hébert, alias docteur Diafoirus – « la saignée, vous dis-je ! Encore la saignée ! » – qui sait qu’Al-Qaïda existe parce qu’il l’a rencontrée. Enfin, on doit subir une troisième version plutôt docteur Folamour, sur le mode du grand complot musulman anti-américano-israélien, avec l’expert multi-cartes Claude Moniquet fondateur d’un observatoire de fantômes belges prévoyant toujours les pires catastrophes… Non content d’alimenter une lecture de l’histoire complètement paranoïaque ces grands praticiens du « mal du XXIème siècle » participent pleinement, et avec une délectation non dissimulée, à la fabrique de la haine des civilisations, au décervelage de leurs auditeurs et à l’Orwellisation ambiante, sinon dominante : « si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous ».
Aucune espèce d’analyse, aucune remontée aux causes, aucune vision. La civilisation est bien en guerre totale contre la barbarie, le bien contre le mal, nous contre eux, « Continuons le combat… » Évidemment, la menace terroriste est une réalité. Comme lors des attentats de Londres 2005, on assiste à l’émergence de micro-réseaux d’activistes de nouvelle génération. Des réseaux auto-proclamés qui, bien-sûr, se réclament d’Al-Qaïda, sans pour autant, entrer en action à la suite de consignes et d’ordres émanant des sommets pyramidaux d’un Komintern salafiste. À Londres, comme à Glasgow ou au Yémen, la menace ressurgit selon des logiques « rhizomatiques », et le rhizome peut prendre des formes extrêmement diverses. Ces formes s’agencent selon des principes de connexion et d’hétérogénéité : « À la différence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque. (…) Il n’a pas de commencement ni de fin, mais toujours un milieu, par lequel il pousse et déborde ». Aux systèmes de pouvoirs centrés et pyramidaux, les auteurs de Mille Plateaux opposent « des systèmes acentrés, réseaux d’automates finis, où la communication se fait d’un voisin à un voisin quelconque, où les tiges ou canaux ne préexistent pas, où les individus sont tous interchangeables, se définissent seulement par un état à tel moment, de telle façon que les opérations locales se coordonnent et que le résultat final global se synchronise indépendamment d’une instance centrale » [1]
En l’occurrence : étudiants, ingénieurs, médecins ou paumés – exclus de la mondialisation – de milieux immigrés de deuxième ou troisième génération, ou de convertis, reliés par des solidarités professionnelles, de quartier ou de communauté. Aux stages de formation en Afghanistan, au Pakistan, en Bosnie ou en Tchétchénie, ils préfèrent de beaucoup les sites Internet cultivant frustrations et ressentiments qui fleurissent sur le terreau de crises internationales gérées de manière unilatérale. D’autres sites fournissent les recettes de fabrication des machines meurtrières et la lecture du petit chimiste illustré, parfois, aide aussi… Les différents services français de sécurité ont baptisé le phénomène « syndrome de Nancy ». À la veille du second tour de l’élection présidentielle française, un demi-barjo a été serré par la DST, dans sa cuisine – à Nancy – en train de remplir des extincteurs d’un explosif artisanal très puissant. En relation par Skype interposé avec une antenne du GSPC algérien, il s’apprêtait à déposer ses extincteurs piégés dans des autobus du chef-lieu de la Meurthe-et-Moselle.
Ce type de menaces « rhizomatiques » est devenu la hantise des services de sécurité des pays occidentaux et du monde arabo-islamique. Pour tenter d’assécher le terreau de ces rhizomes, ne devrions-nous pas, Messieurs les docteurs, remonter aux causes en gérant, d’une manière plus équitable, les conflits qui servent de référents aux idéologies mortifères ?
[1] Gilles Deleuze et Félix Guattari : Mille plateaux, capitalisme et schizophrénie, éditions de Minuit, 1980.
Les français impliqués dans des histoires d’attentats présentent un certain profil :
-ils ne connaissaient pas la religion musulmane,
Il s’agit de personnes manipulées , à l’instar du processus des sectes. Ils agissaient avec très peu de moyens financiers et autre, ni d’expérience.
La question que je me pose est : Pour quelle raison le Juge Brugière ce juge expert du terroriste et qui connaissait ces profils a t-il laissé croire après le 11 septembre qu’Al Quaida était une organisation tentaculaire ?
Il a fallu près de 3 ans aux analystes pour s’apercevoir qu’Al Quaida était un label.
Le terrorisme est un fléau, mais les actes de quelques uns ont permis une diabolisation de l’Islam orchestrée dans l’opinion publique internationale "par des experts".
Re : Ce type de menaces « rhizomatiques » est devenu la hantise des services de sécurité des pays occidentaux et du monde arabo-islamique. Pour tenter d’assécher le terreau de ces rhizomes, ne devrions-nous pas, Messieurs les docteurs, remonter aux causes en gérant, d’une manière plus équitable, les conflits qui servent de référents aux idéologies mortifères ?
Décidément ! Et pourquoi, s’agissant des Français, ne suffirait-il pas tout simplement de remonter cinquante ans dans le passé et relire l’histoire du conflit franco-algérien ? Pourquoi ne pas tout bonnement voir qu’Israel est aux Etats-Unis de 2007 ce que l’Algérie française était à la France de 1954 ? Souvenez-vous : il y avait alors DEUX terrorismes à l’oeuvre. Celui du FLN, qui avait, en quelque sorte, inauguré la lutte indépendantiste des Algériens le jour de la Toussaint 1954 et celui, désespéré mais tout aussi meurtrier, des partisans de l’Algérie Française —l’Organisation Armée Secrète, fondée à Madrid en 1960 (ou 1961 ?).
Au moins, à l’époque, les choses étaient clairs : au terrorisme arabe faisait face un terrorisme occidental, franchouillard, décomplexé, qui ne se cachait pas…. L’OAS n’était pas dirigée ni constituée par des "paumés", par des "largués" de la globalisation. L’OAS était le fruit de professionels et de notables —jugez un peu : le Général Raoul Salan, à l’époque l’officier le plus décoré de l’armée française —une sorte d’Ehud Barak français au plan militaire et d’Ariel Sharon, au plan politique— Lagaillarde, Degueldre, Ortiz, Susini, etc. L’OAS frappait autant les Musulmans (comme on disait alors) que les Français "pur souche", en particulier les "porteurs de valise". Je renverrais simplement le cyberlecteur aux monographies fort instructives de Georges Fleury (Histoire secrète de l’OAS) et Olivier Dard (Voyage au coeur de l’OAS) :
http://babelouedstory.com/bibliographies/histoire%20de%20oas/histoire%20de%20oas.html http://www.amazon.fr/Voyage-coeur-lOAS-Olivier-Dard/dp/2262011540
Quant aux attentats de Londres de juillet 2005 (le "7/7 London bombings"), preuve n’a certainement pas été faite qu’il s’agît d’attentats "islamistes" —à moins, bien sûr, de gober docilement les "preuves" des autorités britanniques…. Ces attentats ont été rapprochés de ceux de Madrid survenus un an plus tôt, le 11 mars 2004. Or, ces derniers eurent pour effet et objectif le remplacement du gouvernement Aznar par celui du socialiste Zapatero, avec, comme première mesure, le retrait des troupes espagnoles d’Iraq. Mais pourquoi diable, les auteurs des attentats de Londres n’ont-ils pas observé un timing identique ?!? Rappelons-nous, en effet, que les dernières élections générales britanniques ont eu lieu le jeudi 5 mai 2005 —pourquoi ne pas avoir fait sauté les bombes, disons, le mardi 3 mai 2005 ? N’oublions pas qu’à l’époque déjà, l’opinion publique britannique était hostile à la participation de "poodle Blair" à la croisade de Dubya (diminutif de G.W. Bush). L’explication la plus probable à cette étrange "erreur de timing" est la suivante : les auteurs des attentats voulaient faire pression sur la Grande-Bretagne, sur la politique de T. Blair sans pour autant l’anéantir politiquement, sans qu’il subisse le même sort que son congénère José Marià Aznar, car c’est alors la présence AMERICAINE en Iraq elle-même qui aurait été ébranlée….
Au cours de ma carrière, j’ai été amené à rencontrer un dirigeant de ETA. Et je me souviens que la chose qui l’a fait le plus rire (à en pleurer) était un article de Roland Jacquard publié dans France Soir établissant des liens entre l’organisation terroriste basque et les terroristes islamistes. Quasiment à chaque phrase de l’article, il manquait s’étouffer de rire. A la fin, il m’a demandé "Mais qui est ce fou ?". Je lui ai expliqué qu’il s’agissait d’un "expert" et qu’il avait des responsabilités auprés de l’ONU. Ca l’a fait encore plus rire. A la fin, il m’a dit "Le jour où ETA aura un quelconque lien avec les islamistes, je serai curé !!! Même pour les armes, on préférera encore utiliser des lances-pierres que de traiter avec eux !!!" Depuis, j’ai lu des textes de ce soit-disant "expert". C’est affligeant !!!
PS : il connaissait un autre "expert" qui le faisait beaucoup rire : Xavier Rauffer !!!
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