Le nouveau président russe, Dmitri Medvedev, a une femme, mais rares sont ceux qui s’intéressent à elle. « Bakchich » a enquêté sur la face cachée de la savoureuse Svetlana…
À première vue les deux seules ressemblances entre Dmitri Medevdev et Nicolas Sarkozy sont leur taille modeste (1,62m au garrot pour le Russe) et des études de droit. Pour les épouses, mieux vaut chercher ailleurs. Le nouveau président de Russie que Vladimir Poutine a fait élire dimanche 2 mars a passé presque toute sa vie d’adulte aux côtés d’une savoureuse blonde répondant au doux prénom de Svetlana. Une vraie dame de pique aux formes rebondies et aux décolletés de mère nourricière. Autre caractéristique : si la nouvelle première dame de toutes les Russies ne chante pas, elle aime le luxe, adore les sushis, les fêtes privées de la pop star russe Alla Pougacheva et s’habille chez le créateur de mode le plus moscovite qui soit : Valentin Yudachkine…
Mais l’image froufrou et dentelles n’est qu’une façade. Svetlana Medvedev, née dans une famille de militaires de Saint-Petersbourg, est diplômée de la Finek, la prestigieuse université des finances de cette ville. Ceci ne menant pas à cela, la première dame est depuis quelques années déjà fort active dans le social et le caritatif. A ce titre, elle a été décorée de l’ordre de la "vénérable Euphrozyne de Moscou" de l’Eglise orthodoxe qui récompense les femmes russes les plus méritantes. Et, surtout, elle dirige « avril 2007 » un programme patronné par le patriarche Alexis II intitulé « Mouvement pour la culture morale et spirituelle de la jeune génération en Russie ».
En clair, Svetlana, mère d’un garçon de seize ans, est ainsi chargée de financer les orphelinats, les projets de recherches et les financements des projets culturels de la jeunesse. Le tout sous l’égide d’Alexis II, quinzième Patriarche de Moscou et de toutes les Russies. Ce détail a son importance quand on sait que le saint homme a scellé dès 2002 une étrange réconciliation et une alliance de plus en plus étroite avec le KGB et son ancien cadre le plus éminent, Vladimir Poutine. Oubliées les guerres post-staliniennes entre l’église et le pouvoir ! Poutine a redécouvert l’attrait politique du spirituel. D’ailleurs, lors d’une conférence de presse à Moscou, en 2003, il déclarait que la religion orthodoxe était « la plus populaire des traditions russes ».
Depuis, bien des gages de rapprochement ont été donnés au patriarche Alexis, qui selon des historiens experts des archives soviétiques et des prêtres dissidents de son Eglise aurait lui-même collaboré avec le KGB sous le nom de code de "Drozdov". De son côté, Poutine se plaît à être photographié, agenouillé devant les icônes des lieux saints russes. Et en remerciement, des popes bénissent publiquement avec encens et baisers pieux les nouveaux missiles et autres armes soviétiques.
L’ex-Président et futur Premier ministre a aussi activement aidé au financement de la reconstruction de la basilique d’Omsk en Sibérie, s’assurant ainsi une forte notoriété auprès des 140 millions de croyants. Le nombre des Russes ayant (re)découvert leur appartenance à l’Eglise orthodoxe aurait doublé ces dix dernières années. A tel point que cette ferveur religieuse inquiète les partisans d’une Russie séculaire qui observent avec désarroi que de plus en plus d’hommes et de femmes politiques consultent des mages et autres prophétesses comme soeur Varvara de Sibérie.
Sur l’échiquier politique du nouveau tandem Medvedev–Poutine, la blonde épouse du président récemment élu pourrait donc jouer un rôle de lien direct entre les popes et le pouvoir exécutif. Une tradition somme toute très russe entre le politique et le religieux par l’intermédiaire d’une femme et qui fait revivre les ombres inquiétantes de Raspoutine.