Le numéro deux français de l’eau verse 180.000 euros par an à l’association France Nature Environnement.
L’écologie est-elle soluble dans l’eau des marchands de flotte ? On peut se le demander après la signature en grande pompe début octobre d’un partenariat de trois ans entre Suez-Lyonnaise des Eaux et France Nature Environnement ( FNE) l’une des fédérations d’associations piliers des discussions du Grenelle de l’environnement. Du blabla très formaté délivré de conserve, on retient que la numéro deux français de l’eau et le lobby écolo s’aiment et qu’ils vont agir ensemble pour défendre l’eau potable avec un tas d’actions à la source.
Mais qui paie quoi ? Très pudique, le roboratif communiqué de presse occulte la question financière, mais la vérité sort toujours du puits. « Nous versons 180 000 euros par an pendant trois ans à FNE pour ce partenariat », indique Suez. La belle affaire ! Simple coïncidence, alors que certaines agglomérations ( Rouen, Paris etc je vérifie ) ont retiré la gestion de leur flotte au privé - les associations de consommateurs comme UFC accusent Veolia, Suez ou la Saur de faire flamber le prix de l’eau du robinet - Suez s’achète ainsi un label très écologiquement correct. Et bien moins coûteux qu’une véritable campagne de com’.
" La remise en cause de la gestion déléguée de l’eau est un phénomène médiatique. Notre chiffre d’affaires dans l’eau de continuer de progresser, assure un ponte de Suez. Ce type d’alliance est novateur et va nous permettre de nous développer encore, but de toute entreprise". FNE va y aider, le pacte visant notamment « à informer et sensibiliser les citoyens, les collectivités sur les enjeux en matière de gestion de l’eau ». Avec en toile de fond, ce message plus ou moins subliminal : pour préserver cette belle ressource naturelle, rien de mieux que de la confier à des professionnels de la profession…
Sébastien Genest, le président de FNE admet que cet accord a provoqué un débat interne mais « nous ne pensons pas être instrumentalisés. Il s’agit de prolonger l’esprit du Grenelle qui a permis aux entreprises et aux mouvements écologistes de mieux se comprendre. »
Et d’apporter aujourd’hui un peu de beurre dans les épinards. Le budget annuel de 2,3 millions d’euros de FNE qui fédère 3000 associations de terrains peut impressionner, « mais ce n’est rien par rapport à celui de Greenpeace et du WWF [respectivement 9 et 12 millions d’euros] » indique une observatrice.
Or la très active fédération – proche du cabinet d’avocats de Corinne Lepage - a de gros besoins, notamment pour financer ses nombreuses actions en justice destinées à défendre l’environnement à tout crin. Les agriculteurs et chasseurs qui n’aiment pas les loups en savent quelque chose. Chercher des noises à ceux qui pratiquent la nature depuis des siècles et fricoter avec des multinationales, voilà une évolution qui ne coulait pas de source…