Amour et Science ne font pas toujours bon ménage. Dans la bande dessinée de Guillaume Long, « La Cellule », publié chez KSTR (éd. Casterman), le jeune chercheur Simon souffre de sa fraîche rupture avec la femme de sa vie.
Simon, un jeune chercheur qui vit entouré d’ordinateurs et de souris blanches, vient de se faire plaquer par sa copine Anne, qui n’est plus amoureuse de lui. « J’en ai marre, marre de nous », lui lance-t-elle. Évidemment, le coeur du scientifique voyait beaucoup plus grand : « Et si on se mariait… cet hiver, au bord de la mer ». Ca sent le gros chagrin d’amour à plein nez.
L’histoire de La Cellule commence par le début de la fin. La couverture de l’album suggère que Anne et Simon ont été heureux ou que l’amoureux désire qu’ils le soient encore. Si le lecteur n’a pas l’occasion de les voir corps à corps, il peut facilement l’imaginer vu les difficultés que le jeune chercheur a à abandonner sa belle. Simon décide d’ailleurs de squatter le hall de l’hôtel, en face de son appartement pour continuer à vivre un peu avec elle, de l’autre côté. Mais quand l’observation tourne à l’obsession, l’histoire bascule dans le fantastique et Simon sombre dans la folie, dans laquelle il nous entraîne.
Inspiré très librement d’une nouvelle de Georges Langelaan, La Mouche noire, le récit a été écrit à quatre mains, Guillaume Long, scénariste et dessinateur, a partagé le travail avec une amie à lui et une coloriste. Ce jeune auteur d’une trentaine d’années, qui se dit plus à l’aise avec l’écrit que le dessin – « je ne me sens pas la passion d’un vrai dessinateur : pendant mes vacances, je ne pars pas avec un carnet et mes fusains en vrac dans mon sac » –, n’a pas démérité. Il a découvert la bande-dessinée avec Quino et sa petite Mafalda, mais aussi avec l’illustrateur espagnol Puig Rosado. Ses influences actuelles ? Blutch, Trondheim ou Larcenet. Et d’après lui, « c’est plus facile d’être Larcenet [1] pour faire un album comme celui-ci ». En attendant il travaille chez Casterman, Bayard, pour le magazine Phospore et J’aime lire, et n’a rien à envier à ses collègues.
Son album nous réserve quelques surprises, avec un rythme saisissant, des plans cinématographiques bien pensés, même surprenants en bande-dessinée. Guillaume Long, qui avoue être un « grand cinéphage » affirme ne pas y avoir songé au moment de donner les premiers coups de crayon. « Mais c’est vrai qu’il y a une certaine mise en scène, comme des prises de vue », reconnaît-il.
Sans vous dévoiler la fin de l’histoire, précisons simplement qu’elle est « volontairement floue », dixit l’auteur. « Je voulais une fin ouverte pour que chaque lecteur se fasse la sienne », indique t-il. Difficile de la prévoir au fil de la lecture. Avec le souci du détail, des arrière-plans soignés et des scènes délirantes, le récit joue les équilibristes entre réalité et scènes fantasmagoriques. Pari réussi, pour un projet qui a démarré il y trois ans, un soir dans un bar.
Sauf pour Simon, qui découvre au fil de l’histoire, que les ex ne sont finalement pas « comme un expresso qui se boit vite, qui se boit chaud ».
Guillaume Long tient régulièrement son blog, Un café, un dessin.
[1] Manu Larcenet est l’auteur du Combat ordinaire