Avant les débats socialistes, Ségolène a fait dans les ébats réunionnais.
Loin des polémiques du PS, Ségolène Royal s’est offert quelques jours de plénitude à la Réunion du jeudi 12 au dimanche 15 octobre. Difficile de quitter ceux qui lui mettent des fleurs de lys dans les bouquets, crient « Ségolène présidente » et parlent, parlent, parlent…
Des associations, des syndicats, des entreprises, des militants… chacun y est allé de sa doléance lors du voyage de Ségolène Royal à l’île de la Réunion les 12, 13, 14 et 15 octobre 2006. Emmenés par Gilbert Annette, les responsables du PS réunionnais rêvaient d’entendre des réponses et des mots comme « préférence régionale » concernant les embauches dans l’île. Elle a préféré écouter et marteler « recrutement local », plus politiquement correct. Quelques piques au gouvernement par ci par là, poisson péi, camarons et puis s’en va. Terrain conquis, la Réunion n’est elle pas plus agréable que les débats ? Tout porte à le croire quand elle profite de son passage pour déclarer : « je me réserve le droit de nepas participer à certains débats si j’estime qu’ils ne sont pas nécessaires et qu’ils ne correspondent pas aux enjeux ».
La Réunion se souvient encore de Nicolas Sarkozy, venu chercher un bol d’air l’année dernière en plein conflit de la SNCM. Pile là où il n’y en a pas, le fringuant ministre de l’intérieur était venu parler de problèmes de laïcité. Le conscensus ambiant sied à merveille aux personnalités politiques métropolitaines. Dans l’île du PS moribond, le parti ne contrôle qu’une seule municipalité mais est à 90% acquis à la cause Royal. Parce qu’elle est une femme, parce qu’elle sait écouter… Et quoi ? Et c’est à peu près tout. Mais avec un taux de chômage de 33%, dont 55% de jeunes, près de 120 000 illétrés, un taux d’échec scolaire honteux, 74 000 rmistes, un moustique tigré qui a anéanti l’économie locale… la Réunion avait besoin de plus qu’ une oreille. Seuls les professionnels du tourisme ont boudé ses compréhensifs hochements de tête. Prolongeant son séjour, elle a rendu visite à Maud de Fontenoy, la navigatrice partie dimanche dernier pour un tour du monde contre vents et courants. En jupette impec mais pas très pratique, elle a dû se défaire de ses escarpins parisiens pour monter dans le bateau. Elle lui a confié son « admiration devant son exceptionnelle démonstration de courage » et a usé de métaphores océanes pour comparer leurs aventures. Ségolène parle de navigation au portant dans l’opinion, de vents contraires au sein du PS et de son obligation de tirer des bords pour maintenir son cap… Si Maud de Fontenoy est avant tout une aventurière à la conquête de l’inutile, on espère que Ségolène Royal fera passer l’utile avant la conquête.