Rhadia Nasraoui, avocate depuis 32 ans à Tunis, milite activement depuis 2003 contre la généralisation de la torture en Tunisie. De passage à Paris, Bakchich est allé à sa rencontre. Compte-rendu.
« La situation n’arrête pas d’empirer depuis que Ben Ali est au pouvoir ». En 2003, le sentiment d’impunité est tel que Rhadia Nasraoui fonde, avec une poignée d’amis, l’Association de Lutte contre la Torture (ALT). Leur but : dénoncer, encourager les plaintes, apporter de l’aide médicale et judiciaire. « Depuis quatre ans, des centaines de victimes ont été répertoriées ». La torture est devenue « systématique », rapporte Mme Nasraoui. « Tous ceux qui sont arrêtés, pour des procédures de droit commun ou pour des raisons politiques, passent par la torture. » Plus grave encore, elle dénonce la mort de nombreuses personnes suite à l’acharnement des forces de l’ordre ou des gardes de prison. La justice accompagne les violences, muettes ou presque… Dernièrement, un prisonnier surpris en état d’ébriété a été tabassé à mort. Mme Nasraoui précise « les gardes disaient vouloir jouer au foot avec sa tête ». La justice les a toutefois condamnés à cinq mois de prison… avec sursis.
Justice incompétente, partis politiques muselés, syndicats étouffés, la grève de la faim s’impose alors comme « ultime solution ». Rhadia Nasraoui l’a pratiqué elle-même par deux fois. « Mais aujourd’hui, dit-elle, les injustices sont telles que tout le monde en use. » Étudiants, syndicalistes, chefs de partis, avocats, prisonniers, tous protestent par la grève de la faim. De temps à autre, ces grèves ont un écho international. L’affaire Mohammed Abbou l’a illustré. La condamnation à trois ans et demi de prison de cet avocat et militant des droits de l’Homme a mobilisé les avocats de Tunis. Ils ont occupé le barreau de la ville pendant plus de 52 jours, pratiquant le « sitting » et l’inévitable grève de la faim. Est-ce notre Sarkozy national qui a sauvé Maître Abbou des geôles tunisiennes ? « C’est vrai qu’il a demandé sa libération, affirme Khadia nasraoui, mais de là à dire que c’est grâce à lui… Ce serait plutôt toutes les associations internationales et tunisiennes des droits de l’Homme qui ont eu gain de cause ». Elle ajoute : « Mohammed Abbou, en se cousant lui-même la bouche (au sens propre du terme), a aussi provoqué et sensibilisé l’opinion. »
En ardente démocrate, elle se bat avec rage pour la liberté d’expression, de réunion et pour le respect des valeurs des droits de l’Homme ; elle n’oublie pas non plus que la menace islamiste plane au dessus de la Tunisie. Le 18 octobre dernier, de nombreux partis d’opposition s’étaient réunis dont ceux de la mouvance islamiste. Il est hors de question pour Mme Nasraoui de revenir sur certains acquis. L’égalité des femmes et la liberté de culte sont non négociables. Elle constate la multiplication des voiles et la perméabilité des discours religieux dans la société. À qui la faute ? En premier lieu, à la politique sécuritaire de Ben Ali. « En enfermant tous les contestataires en prison, il a permis l’éclosion de mouvements plus radicaux dont certains jeunes, gagnés par la fièvre islamiste, et qui rejoignent les montagnes dans la région de Slimène ». À un degré moindre, elle critique les médias français et surtout les journaux télévisés. « Trop occupés par des faits divers qu’ils développent avec abondance, ils ne parlent plus de nous et de ce qu’ils nous arrivent. Avant, tout le monde regardait France 2, France 3, désormais les Tunisiens regardent surtout les chaînes officielles ou religieuses comme l’Ikra ». Conséquence, les gens s’abrutissent devant des « prêcheurs qui menacent d’enfer celles qui ne mettent pas le voile. »
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A travers le site internet ci-dessus, un autre fait divers qui raconte le calvaire de madame Sameh Harakati en prison en Tunisie. Encore une victime du système juridique tunisien. Un site qui dénonce l’injustice qui règne dans se pays où les tribunaux suivent une loi anti-terroriste qui est utilisé avec abus et sans distinction de réalité. Une loi anti-terroriste qui ne fait plus la part des choses, un gouvernement tunisien qui voit des terroristes partout et un peuple qui craint au quotidien pour sa propre sécurité face à un état qui emprisonne les individus pour les mener au silence. La torture est l’arme favorite des tortionnaires, madame Sameh Harakati est encore victime à ce jour de l’acharnement d’une gardienne (gradé de deux étoiles) dans la prison pour femme de Mannouba à Tunis en Tunisie. Les touristes devraient prendre actes de tout ces agissements pour qu’ils puissent être très prudent avant de ce rendre en vacance en Tunisie. L’histoire de madame Harakati Sameh peut arriver à chacun d’entre vous, que vous soyez en vacance ou pas, prenez vos précautions pour ne plus vous rendre complice des tortures pratiqués dans se pays car vous pourrez vous même être une nouvelle victime de Ben Ali. Pour en savoir plus sur cette tragique histoire, je vous invite à vous rendre sur le site de madame Harakati, vous verrez ainsi la vraie Tunisie.
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