Sarko a son plan pour juguler l’immigration, mais en face ? Rien, comme l’explique Olivier Brachet.
On est confondus, confondus par le pseudo débat sur l’immigration qui se développe depuis 2002. 2002, non pas parce que Sarkozy est arrivé mais parce que la question enterrée par Jospin (motif FN vraiment réussi !) resurgit avec le lourd héritage laissé « symboliquement » par Sangatte et « pratiquement » par quelques 200 000 déboutés de l’asile issus d’une gestion inepte de cette question pendant toute la période 1997/2002 ; et d’une loi imbécile de Chevènement sur l’asile territorial qui a abouti à maintenir dans des délais de 6 à 7 années de procédure l’attente de réponses de dizaines de milliers de candidats à l’asile, souvent venus en familles et sans procédures d’immigration ouverte ou possible.
Confondus par la réplique purement anti-sarkozyste de la gauche, inspirée des commodités intéressées d’une extrême gauche « libre circulationniste », irresponsable et contradictoire dans ses désirs (cf Sangatte : successivement réclamer son ouverture, puis sa fermeture, et pourquoi pas sa réouverture !), tendant à faire de ce dossier une pure contradiction du système, ou pire encore, une posture post coloniale dans ses conceptions figées des années 70, comme si le Mur de Berlin n’était tomber ni dans les têtes ni dans l’espace géo politique…
La bataille de polochon est infecte et se paie de la perte de tous les repères réglementaires, sociaux, politiques, administratifs, dans les milieux migrants ouvrant tout droit sur les tragédies d’hôtels en feu, de bateaux chavirés de mafias et de trafics insupportables, de viols répétés sur la longue route de l’exil, de mineurs isolés déboussolés et ligotés.
Les migrants s’enfoncent, souffrent de notre petit jeu de cour de récréation hexagonale pré-présidentielle. Si il y a une offre politique sarkozienne elle doit être prise au sérieux et critiquée si besoin, mais elle ne peut pas être tournée en dérision alors même qu’il n y a pas de plan B proposé, qu’aucune alternative n’est en train de s’échafauder pour faire face à cet immense dossier alors que l’on observe que des réactions de dernière minute sur les incidents et leur succession tragique : réactions à chaud, improvisation de la pensée, faillite morale et intellectuelle bien illustrée par la situation inextricable et lamentable de Cachan.
Restent les évêques pour boucher le trou de l’inculture des problèmes migratoires et justifier les larmes de l’homme blanc dégoulinantes au fil, des incidents, des évènements, des accidents, des morts et des désespoirs : le mouchoir en lieu et place d’une politique, d’une vision d’une société en règle et à règle du jeu accessible pour les damnés de la « route ».
Ainsi donc le plan B c’est : Sarko/facho plus l’amour de mon prochain. Voilà pour Paris Match et la photo, quelque fois relayés par d’imbéciles larmes académiques proposées en tribune dans les plus prestigieux de nos quotidiens. C’est drôlement bien ce tiers monde au bas de nos portes, on peut se doucher tous les soirs et y revenir le lendemain !
Jamais autant l’immigration n’aura souffert physiquement de notre « goût » cruel pour nous même et nos mélopées rhétoriques. L’obscurantisme ambiant se répand, des instances académiques à celles de nos partis, s’appuyant sur une société civile en larmes et sur des croyances dont l’ignorance du monde est effondrante et s’exerçant en infraction de nos valeurs les plus anciennes, celles de la raison. Le pays de Descartes est devenu un post-it sur le globe de la raison. Il n y aura pas de plan B, il n y en jamais eu. Il n y aura pas d’offre migratoire positive et conçue pour demain, pas de règles du jeu pas d’avenir pour les migrants. Pas de vision d’un monde opérationnel et à construire sinon l’émotion « justifiée ». Les migrations de demain sont un des enjeux les plus importants du monde à venir et à créer, nous la laissons en France entre les mains des « faits diveristes ».