Quand la direction de Radio France Internationale (RFI) se plie aux oukazes de la Côte d’Ivoire, ça fait du grabuge en interne…
Quatre ans et demi après l’assassinat du journaliste de RFI Jean Hélène par un policier ivoirien, la direction générale de Radio France Internationale (RFI), s’asseyant sur les protestations de la rédaction et des syndicats, a nommé un envoyé spécial permanent à Abidjan, Norbert Navarro. Estimant que la situation dans le pays n’a plus rien à voir avec celle qui prévalait au moment du drame, en octobre 2003, Antoine Schwarz, le pdg de la vénérable radio, qui a annoncé son départ pour l’été prochain, et la petite équipe qui l’entoure, ont fini par céder aux pressions des autorités ivoiriennes.
Cette nomination intervient quelques semaines après la suspension de la diffusion des émissions de RFI sur l’ensemble de la Côte d’Ivoire, décidée le 1er février dernier par le Conseil national ivoirien de la communication audiovisuelle, le CNCA. Depuis plusieurs années, ce dernier menaçait la radio française de suspension en « raison du traitement non professionnel de l’information », dû notamment à « l’inexistence d’un correspondant ». Le CNCA avait déjà fermé la radio une dizaine de mois entre juillet 2005 et mai 2006 et ne l’avait rouverte qu’après l’engagement de RFI d’envoyer un journaliste.
En novembre dernier, sans la moindre consultation avec l’intersyndicale, Dominique Burg, directrice de la rédaction, s’était rendue à Abidjan pour calmer l’impatience des officiels ivoiriens et confirmer l’envoi d’un correspondant avant la fin de l’année. Ce qui n’est pas du goût de l’ensemble de la rédaction pour qui la direction de RFI, en se pliant aux oukazes ivoiriennes, a fait preuve d’une cruelle légèreté.
Antoine Schwarz a multiplié les mauvaises décisions, estime-t-on même dans les couloirs de RFI. Il a d’abord accepté en mai 2006 de régler une « pénalité » de 9 millions de francs CFA (un peu moins de 14.000 euros) exigée en juillet 2005 par le CNCA ivoirien pour avoir « violé les règles de l’éthique et de la déontologie professionnelle ».
Aux organisations syndicales, la direction de RFI a démenti avoir payé une amende et précisé que la somme versée était une contribution à la formation des personnels des médias ivoiriens… Malheureusement, du côté ivoirien, c’est bien d’ « amende » ou de « pénalité » qu’on parle, comme on peut le lire dans le texte de la décision du CNCA en date du 13 juillet 2005 !
Beaucoup plus curieux encore, le pdg de RFI a fini par se laisser convaincre par son entourage que la Côte d’Ivoire est un pays pacifié et qu’un envoyé spécial permanent a désormais toute sa place. Or, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour se rendre compte qu’on est loin du compte.
En témoigne cet articulet paru en janvier dernier dans Notre Voie, l’organe du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo. On pouvait y lire au sujet du journaliste assassiné Jean Hélène : « Dans la foulée de l’enquête ouverte suite à ce meurtre, l’on apprendra que la profession de journaliste du français n’était qu’un paravent, un écran de fumée pour cacher sa véritable mission en Côte d’Ivoire. En effet, barbouze de son état, l’homme, sous le manteau du journaliste, oeuvrait secrètement à l’avancée et au triomphe de la rébellion. On se rappelle, que dès que le journaliste ( ?) visitait une localité, le lendemain celle-ci était attaquée et annexée par les rebelles. C’est à peine s’il ne servait pas d’éclaireur aux combattants de Guillaume Soro. Une perfidie qu’il a, en définitive, payée cash, refroidi qu’il a été par le sergent Dago. Pour ceux qui connaissent bien la petite mare de la cellule africaine de l’Elysée, ils savent que c’est une vieille tradition de la maison, de parer du manteau de journaliste les agents de l’ombre, chargés d’accomplir les basses besognes sur le théâtre ivoirien ». Charmant !
De telles dérives n’ont rien d’exceptionnel. Elles traduisent un climat général qui a conduit le Comité d’Hygiène de RFI à commander (avec le feu vert de la direction) au cabinet d’audit Risk and Co une évaluation ou, plus précisément, un état des lieux sur la sécurité en Côte d’Ivoire.
Le rapport de ce cabinet est accablant. On y découvre notamment : les actes d’hostilité contre la France y sont « encore possibles ». Le correspondant de RFI pourrait être « pris à partie physiquement », être « l’enjeu de marchandages ». Il y a toujours en Côte d’Ivoire « des sujets d’investigation très sensibles » : ceux qui touchent au cacao, au coton ou aux ventes d’armes et à leurs commissions. « Les risques de manipulation sont donc grands ».
En cette période post-guerre civile et pré-électorale, « RFI est important dans le cadre de la stratégie de désinformation » du pouvoir en place. Il est donc difficile de travailler « sereinement » dans ces conditions. Le cabinet Risk and Co suggère en conclusion que, si un journaliste est nommé, un audit de sécurité soit alors réalisé pour étudier les « précautions particulières » à prendre. La direction de RFI a affirmé qu’elle assumait « le risque ». Au passage, Dominique Burg, la directrice de la rédaction, a enfoncé le clou en affirmant que « les journalistes craintifs n’ont qu’à aller travailler à Nice-Matin ! »
Grand garçon, qui entretient d’excellents rapports avec sa direction, le nouvel envoyé spécial de RFI, Norbert Navarro, qui n’a pas eu beaucoup de rivaux pour le poste, devra donc surveiller de très près ses propos et ses relations… A tel point qu’on finit par se demander l’utilité d’avoir un tel correspondant. A moins, bien sûr, que le Quai d’Orsay et/ou l’Elysée n’aient voulu donner des gages à Laurent Gbagbo et pousser la direction de RFI à cette nomination qui risque bien d’être de complaisance.
Si tel est le cas, la « refondation » des relations franco-africaines voulue par Nicolas Sarkozy, elle, attendra.
Si vous etiez en côte d’ivoire pour entendre les mensonges debités par RFI, vous auriez eu un infarctus. Les populations fuyaient les zones occupées par les rebelles et rapportaient des temoignages de viols, vols, tortures et massacres commis par ces derniers qui étaient dans le même temps présentés par RFI (rébaptisée radio foutaises internationale) comme des combattants de la liberté. Quelle drôle de liberté où il faut tuer , torturer et massacrer des femmes et des enfants ?
De quelle liberté s’agissait elle ? Celle des criminels armés et manipulés par la Françafrique ?
Amusant de voir que tout le monde s’enflamme parcequ’un Etat pas particulièrement connu pour sa vie démocratique souhaite que des journalistes étrangers soient sur place pour relater les événéments !!!!
Comprendra qui pourra.