Il y a quelques heures, l’Eglise de scientologie a lancé, en fanfare, un nouveau site internet à sa gloire. Celui-ci diffuse exclusivement des vidéos. L’une d’entre elles met en scène un bataillon international d’honorables responsables politiques, universitaires ou associatifs, ne tarissant pas d’éloges sur la secte. Manque de bol, « Bakchich » a découvert que certains de ces témoins n’existaient pas. Une bonne grosse manipulation….
De loin, ça impressionne son homme. Vingt-sept personnalités - ou supposées telles - qui viennent vanter dans une vidéo, diffusée sur You Tube et le tout nouveau site internet de la scientologie les bienfaits de l’enseignement de son fondateur, Ron Hubbard. Des titres longs comme le bras : conseiller pour les droits de l’homme du ministère des affaires étrangères des Pays-Bas ; Vice-consul de la République dominicaine ; Directeur du centre social des études sociologiques de Mexico ; Directeur de la télévision népalaise ; Haut commissaire du Royaume uni au Libéria…
Certes, question renommée, ce n’est pas Tom Cruise ou John Travolta. Mais ces témoins de moralité respirent le sérieux et la reconnaissance sociale. Ils portent beau le costume et manient à la perfection l’anglais, en conservant toutefois, un léger accent d’origine, gage certain d’authenticité.
Bref, cette vidéo est d’abord un cri d’amour venu des cinq continents, une communion universelle. Déjà la larme taquine le coin de l’œil. Il faudrait avoir un coeur de pierre pour ne pas percevoir, à cet instant, la noblesse du message de la scientologie.
Même en France, le pays de Voltaire et de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il se trouve des hommes courageux pour prendre la défense de Ron Hubbard, ce philanthrope injustement décrié. Ainsi cet intervenant, au début de la deuxième minute du document, que l’incrustation présente comme un « membre du cabinet du maire de Marseille ».
Que nous dit-il cet homme généreux prêt à encaisser toutes les railleries en raison de sa foi ? De fortes paroles : « Le principal combat de l’homme n’est pas pour lui, mais pour l’autre, pour l’humanité. Sur ce chemin, nous trouverons la paix, la liberté et le respect. ». Beau comme de l’antique.
Un membre du cabinet du maire de Marseille ? Un collaborateur de Jean-Claude Gaudin donc. Diable, serait-ce là le secret de la réélection de l’édile, dimanche dernier. Les pouvoirs quasi surnaturels que la scientologie promet à ses adeptes seraient-ils à même de terrasser les socialistes ? L’affaire mérite qu’on s’y arrête. L’UMP tient là, peut-être, la clé de ses victoires futures. Qu’on y songe : en 2004, Nicolas Sarkozy recevait Tom Cruise à Bercy. Trois ans plus tard, il était élu !
N’y tenant plus, Bakchich a donc tout bonnement appelé une des responsables de la communication de Jean-Claude Gaudin. La face de la politique française allait changer…
Bien que passablement surmenée, - nous étions à quelques jours du second tour des municipales – l’attachée de presse nous a répondu dans l’heure. Et là, tout à coup, le monde s’est effondré. Adieu veau, vaches, cochons…et bulletins de votes. Il n’y avait pas plus de scientologue déclaré à la mairie de Marseille que de beurre en branche. Le quidam de la vidéo était parfaitement inconnu de l’équipe municipale. Et notre responsable de la communication de nous préciser, dans sa réponse, que « ce document est donc un faux que nous venons de transmettre au cabinet du Maire en vue d’une éventuelle action de notre part. » Oh les vilains mots !
Bien sûr, nous aurions dû nous montrer plus sourcilleux. Notre usurpateur, malgré son léger accent français, ne paraissait-il pas sortir davantage d’une série américaine que d’un roman de Pagnol ou d’un bistrot de la Canebière ? Surtout, un détail aurait du nous alerter, mais notre bon cœur nous rend parfois aveugles. Aucun des 27 intervenants ne donne son nom. Juste des titres ronflants. L’argument d’autorité…
Cependant, Bakchich ne pouvait se résoudre à croire que les gentils scientologues se soient livrés à un gros, mais alors très gros, bidonnage. Et s’il y avait eu une erreur technique ? Une petite main, là-bas aux Etats-Unis, qui se trompe dans une incrustation à l’image. Cela arrive, parfois, dans les journaux télévisés…
Bakchich a donc repris son téléphone et son mail pour s’assurer de la réalité d’un second témoignage. Celui de l’intervenant se réclamant du Conseil des communautés européennes de Bruxelles. Il apparaît à la 53 ème seconde, juste avant notre Marseillais d’opérette.
Premier problème : le Conseil des communautés européennes a changé de nom depuis belle lurette ! L’institution s’appelle désormais Conseil de l’Union européenne. Un organe important. Ce n’est ni plus ni moins que le conseil des ministres de l’Union européenne.
Sollicité par nos soins, le service de presse nous a adressé la réponse suivante : « Nous avons visionné la vidéo mentionnée dans votre courriel. Cela ne nous évoque rien, le nom de l’institution "Conseil des communautés européennes" ne correspond à aucune institution de l’Union européenne. Cette vidéo dans laquelle ne figure aucun nom des intervenants ne nous semble pas convaincante. »
C’est aussi notre avis. Mais Bakchich rechigne à salir ce qui est beau. Et donc, dans une ultime tentative, nous nous adressons, cette fois, au service de communication du Parlement européen. Peut-être les gentils scientologues, peu rompus aux institutions de notre continent se seront mélangés les pinceaux.
Hélas, mille fois hélas, le directeur des médias du Parlement européen, Jaume Duch, est formel « Après avoir regardé de façon attentive la vidéo que vous nous avez signalée, je peux vous confirmer qu’aucune des personnes rendant témoignage ne travaillent ou appartiennent au Parlement européen. »
La cause est entendue. Cette vidéo n’est qu’une énorme manipulation. Un bobard éhonté. Mais pourquoi les coeurs purs de la scientologie recourent-ils à de pareils procédés ? Auraient-ils un double langage ? On est déçu. Vraiment. Mais pas trop surpris quand même…
Et les autres intervenants de la vidéo ? Il en reste 25. Bakchich a lancé ses filets un peu partout. Hélas, les réponses tardent à remonter. Mais par la magie du net, peut-être se trouvera-t-il quelqu’un au Népal, par exemple, pour nous dire si le directeur de la télévision nationale est bien la personne qui s’exprime dans la vidéo sous cet intitulé. Ou, aux Philippines, pour vérifier que la personne qui se présente comme un collaborateur du gouvernement a bien cette qualité. Toi aussi, ami lecteur, démasque à ton tour un vulgaire figurant de la scientologie derrière l’honorable VIP en train de faire la retape de la secte…
Quelque chose nous dit, une légère intuition, que l’on pourrait découvrir que ces sommités inconnues sont toutes de joyeux comédiens. La sciento, c’est du cinéma !
Il me semble que l’on croit ce que l’on est disposé a croire.Et que, ce que nous ne somme pas diposés a croire,nous ne le croyons pas.Mais ce n’est pas comme ça que ça devrait fonctionner.
Qu’importe combien l’homme esquive le problème…
J’ai découvert que les anti-scientologie "croient",mais ne savent pas .Ils croient savoir,ce qui est different de la certitude d’une véritable connaissance.Un tel écrit bla,bla,bla,sans rien avoir vérifié,ou en baclant la vérification et dupond lit bla,bla,bla,alors durand pense que c’est vrai .Ils "croient" d’une foi plus forte que peut en inspirer la plus grande religion.En fait nous avons des croyants d’un genre nouveau.Le gourou c’est le journaliste,l’auteur ou le contestataire et l’église c’est le média utilisè,la proféssion de foi est l’anti quelque chose totalitaire, borné et irraisonnè,et les adeptes sont des individus prét à croire n’importe quoi de n’importe qui ,pourvu que ça coïncide avec leur réalitè faussèe par les avis des uns et des autres.Et ainsi une nouvelle "religion" anti-religion est nèe.Bienvenue !
Abel Djerari l’EX-7ème adjoint au maire du 11ème/12ème arrondissement de la mairie de Marseille n’est actuellement plus en fonction depuis les dernières élections municipales.
Dans la fameuse vidéo présentée par la scientologie, son interview a été coupée au montage de façon à ne garder que 20 secondes, voici ce qu’il y dit (j’ai traduis) :
"Cela m’a montré que le plus important dans la vie d’un homme n’est pas de combattre pour lui-même mais pour les autres, pour l’humanité, car c’est de cette manière que nous obtenons la paix, la liberté, le respect"
Comme la plupart des autres intervenants à aucun moment il ne parle pas de Scientologie.
Questions : Est-il seulement au courant que la vidéo qu’on lui a montré sur le sujet des DROITS DE L’HOMME et qu’on lui demande de commenter lors de cette interview a un rapport avec l’église de Scientologie ?
Savait-il, lorsqu’il a signé l’autorisation de diffusion de son interview, qu’elle passerait sur un site web ventant les mérites de l’église de Scientologie et non pas simplement de la défense des DROITS DE L’HOMME ?
Et les autres intervenants le savaient-ils ?