L’oeuf est riche de trésors soufrés et minéraux. Un puissant remède contre la fatigue sexuelle pour Louis XIV, qui offrait aussi, à Pâques, des oeufs dorés à ses courtisan(e)s. De caille ou en chocolat, laissez-vous tenter !
Ce monde clos chez de nombreuses espèces animales est le commencement de tout.
« Il est évident », dit Anselme Payen, un chimiste cité par Alexandre Dumas dans son Grand Dictionnaire de la Cuisine, « que cette substance alimentaire contient tous les principes indispensables à la formation des tissus des animaux, puisqu’elle suffit, sans autre aliment externe, à l’évolution du germe qui, par degrés, se transforme en petit être composé de muscles, de tendons, d’os et de peau. »
En effet, l’Å“uf est un coffre-fort empli de richesses : substances azotées, soufre, phosphore, sels minéraux, et, selon le biologiste Louis Vincent, son jaune est un véritable « aliment-médicament ».
Il est notoire que sont aphrodisiaques les Å“ufs de caille, ceux de vanneaux, et il paraît que l’Å“uf d’autruche peut donner de l’élan à toute une tribu de nomades !
D’avril à septembre, Louis XIV avait à son royal service des braconniers qui allaient en Seine, dénicher les Å“ufs de cygnes. Son médecin les assurait puissant remède contre la fatigue sexuelle : le Roi Soleil, harassé par ses lourdes responsabilités, avait besoin de remontant pour satisfaire la veuve Scarron, son épouse morganatique, devenue Madame de Maintenon.
A propos des Å“ufs de cygnes parisiens, Fulbert Dumonteil raconte que c’était surtout « les vieux garçons, les petites dames et les grandes maîtresses qui s’en régalent, artistiquement brouillés aux truffes du Périgord. »
Dans les années 30, Georgius chantait les bienfaits de deux Å“ufs durs dans du porto… Il est vrai que le porto flip des après cinq-à -sept a longtemps témoigné des qualités de Å“ufs qui, selon Dufour de la Crespelière, « excitent même ces vieux drilles. A vouloir caresser les filles. »
Il faut rappeler que le jaune d’Å“uf, bourré de phosphore à saturation, se trouve dans de nombreux philtres aphrodisiaques, et un explorateur de a Mission Marchand avouait avoir pris chaque matin pour entretenir sa vigueur amoureuse un jaune d’Å“uf dans un petit verre de cognac. Et dans certaines tribus berbères du Maroc, il n’est pas rare qu’on serve aux jeunes mariés et aux vieillards à l’ardeur émoussée, un jaune d’Å“uf mixé à de la purée de… punaises !
Et la coquille dans tout cela ? Elle n’est bonne ni en cuisine, ni en amour. Mais notons seulement, à ce propos, que la coquille est le nom d’un équipement de protection spécifique, utilisé dans les combats d’arts martiaux, pour prémunir les parties génitales contre les mauvais coups.
Il y a donc bien un rapport de cause à effet. Un effet œuf, bien sûr !
Le violon d’Ingres - Paris
Pour 3 personnes :
6 œufs
60 g de beurre
10 cl de crème liquide
2 cuillérées à potage de sirop d’érable
1 tranche de pain de mie
1 belle tranche de saumon fumé
Sel fin
Poivre
Préparer les œufs :
Les décalotter à l’aide d’un coupe-Å“uf ; les vider en séparant délicatement le blanc et le jaune ; nettoyer les coquilles avec précaution, puis les laisser sécher.
beurrer l’intérieur des coquilles avec un pinceau
fouetter les blancs d’Å“ufs
dans chaque coquille, poser doucement 1 jaune, 2 cuillérées à potage de blanc ; saler, poivrer et réserver ; reposer l’Å“uf dans les alvéoles d’emballage en carton qu’on aura conservé.
Préparer la crème :
fouetter longuement la crème liquide ; incorporer le sirop d’érable
toaster la tranche de pain de mie ; beurrer ; poser la tranche de saumon dessus ; tailler 6 mouillettes.
au four préchauffé à 250°, cuire au bain-marie les Å“ufs posés dans les élvéoles pendant 4 minutes.
avant de servir : poser les Å“ufs dans les coquetiers ; les remplir de crème fouetté au sirop d’érable et servir avec les mouillettes.
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