Aux grand maux, les grands remèdes. Pour éviter un nouvel attentat à la chaussure, Akram Belkaïd a buché sur un règlement, qui évitera qu’un tel acte ne se reproduise.
Article 1. A partir du premier janvier 2009, tout homme, journaliste et originaire d’un pays arabe, qui souhaitera assister à une conférence de presse donnée par un chef d’Etat ou de gouvernement occidental, qu’il soit ou non impopulaire parmi les peuples du Maghreb et du Machrek, devra se déchausser avant de rejoindre ses confrères. Pour empêcher les vols, ses chaussures seront placées dans un vestiaire sécurisé prévu à cet effet. Pour des raisons évidentes, il est vivement conseillé à l’intéressé de les cirer afin de rendre plus agréable la tâche du personnel chargé de leur stockage provisoire. Pour éviter toute bousculade, les concernés devront arriver au moins trois heures avant le déchaussement. Un ticket leur sera remis en échange et ils n’auront à verser aucun pourboire.
Article 2. Toute paire non réclamée après la fin de la conférence de presse sera conservée durant trois jours au maximum avant d’être offerte à des nécessiteux ou, à défaut, à une organisation caritative du pays où a eu lieu la conférence de presse. En cas d’exhalaison d’odeurs fromagères ou de tout autre émanation jugée irritante par les services compétents, les chaussures seront incinérées sans tarder. Aucune réclamation ne sera acceptée et les administrations auront toute latitude pour facturer le coût de l’incinération à leur propriétaire dans le cas où ce dernier viendrait à se manifester.
Article 3. Savates, claquettes, tongs, pantoufles, mules, espadrilles, babouches, sabots, bottes, palmes, sberdinas, baskets, crocs - y compris les roses -, snikes, chlakas, rangers, paladiums, geox, Stan Smith, cuissardes et tous types de tatanes sont assimilés à des projectiles et leur port en salle de conférences est lui aussi soumis à interdiction.
Article 4. Il sera strictement interdit aux journalistes de pénétrer les pieds nus dans la salle de presse. Ces derniers veilleront donc à porter des chaussettes en bon état, neuves de préférence, et de couleur neutre. Elles devront être libres de tout rapiéçage, trous ou motifs à couleurs trop voyantes. Les slogans imprimés à caractère politique ou religieux sont interdits. Une tolérance exceptionnelle sera accordée aux porteurs de chaussettes dépareillées qui pourront fournir un certificat médical prouvant qu’ils sont atteints de daltonisme. Ni les célibataires ni les vieux garçons ne pourront prétendre obtenir de dérogation. Pour pallier à tout oubli, les administrations pourront installer à proximité des vestiaires des distributeurs automatiques et payants de chaussettes noires.
Article 5. Dans un délai de six mois, une alternative sera offerte aux journalistes arabes ne souhaitant pas se séparer de leurs chaussures. Avant de pénétrer dans la salle de conférences, ils devront porter une gangue prévue à cet effet qui emprisonnera leurs pieds et empêchera tout emploi abusif de leurs souliers durant la période des questions et réponses. Ces gangues seront cadenassées par une fermeture numérique codée et surveillée à distance par un centre de commande. Toute tentative pour les enlever par la force sera électroniquement signalée et le contrevenant devra être exclu de la salle de presse et poursuivi devant les tribunaux.
Article 6. A partir du 1er février 2009, tout emploi d’une chaussure pour un autre usage que celui de la marche sera considéré comme un acte délictueux. Le port d’une paire de chaussettes durant plusieurs jours voire plusieurs semaines avant l’usage interdit de la chaussure sera assimilé à une préméditation et aggravera la peine encourue. Les pays membres de la zone MENA, autrement dit Middle-East and North Africa, c’est-à-dire la région qui va du Maroc à l’Afghanistan, devront rendre publiques toutes les statistiques concernant leurs stocks de chaussures masculines.
Article 7. Les madrassas de journalisme dans les pays arabes sont tenues de veiller à interdire tout cours subversif à propos des conférences de presse. Si les simulations de Q & A (questions — answers) sont autorisées car entrant dans le contenu d’un programme normal de formation journalistique, tout emploi d’un mannequin destiné à servir de cible à des lanceurs de savates sera considéré comme une incitation à la haine. L’usage de mannequins mobiles simulant une esquive constituera une offense plus grave.
Article 8. Un programme d’éducation intensive sera mené auprès des populations arabes afin de les sensibiliser à la gentillesse et à la fidélité de la gent canine. L’emploi du mot « chien » à titre d’insulte devra être progressivement interdit au fur et à mesure de l’évolution des mentalités. Lors de leur examen final, les élèves journalistes devront s’engager à ne pas l’utiliser à tort et à travers et certainement pas lors des conférences de presse.
Article 9. Les fabricants de chaussures sont avertis que toute conception d’un modèle ayant pour caractéristique une très bonne maniabilité ainsi qu’un excellent coefficient aérodynamique de pénétration dans l’air seront placés sur la liste noire des entreprises soutenant l’extrémisme. Des restrictions douanières et des pénalités leurs seront imposées tant que ces modèles resteront en vente.
Article 10. Le Comité international olympique (CIO) est sommé de retirer sans délai le lancer de chaussures de la liste de ses épreuves.
Article 11. Toute manifestation avec des chaussures attachées à des bâtons ou à des piquets de banderoles est désormais interdite et classée en catégorie « offense de type 1 » où sont déjà recensés les sifflets contre les hymnes nationaux, les dégradations des drapeaux, sans oublier les plaisanteries à l’encontre de la taille des présidents.
Article 12. Retirer ses chaussettes en pleine conférence de presse, les rouler en boule et les jeter en direction de l’orateur est un acte interdit à partir du 1er janvier 2009. Dans ce cas aussi, l’usage de chaussettes malodorantes sera assimilé à un emploi prémédité d’arme chimique, autrement dit à un moyen de destruction massive.
Article 13. L’introduction de bananes, oranges, tomates et autres fruits dans une salle de conférences est interdite à partir du 1er janvier 2009. Cette interdiction concerne aussi les pois chiches, la loubia ainsi que les boîtes de tabac à chiquer plus connu au Maghreb sous le nom de chemma.
A lire ou relire sur Bakchich.info
Et sur Bakchich TV, les meilleurs histoires de chaussure
Le journaliste de Backchich est vraiment une pointure dans son domaine…
J’adore l’article n° 9.
Mais il n’y pas que les chaussures comme armes d’agression massive.
Il faudra songer à édicter des règlements concernant le jet de stylos à bille, de carnets à spirale, de microphone, de caméra numérique, de téléphone mobile…
Et quand ils assisteront aux conférences de presse présidentielles en caleçon, les journalistes pourront opter pour le maintien de leur dignité ou l’affront suprême à leur adversaire. Le lancer de slip dans ta poire de sale chien d’infidèle !
Luke Skywalker aurait choisi une autre arme (le jet d’ail) mais ça c’est une autre histoire… J’ai honte.
Le monde civilisé progresse.
En avant toute !
toute paire de chaussure isolee devra etre systematiquement detruite par explosion comme pour les bagages.
les fabricants de chaussures devront installer un systeme de puce rfid permettant d’identifier la personne qui a utilise ce projectile
chaque possesseur de chaussure devra faire identifier sa paire de chaussure par le depot d’une empreinte adn
les fabricants de chaussures devront payer une taxe qui sera reversee a l’industrie phonographique
pour remplacer les tazers, le gouvernement pencherait sur l’armement de la police municipale avec des mocassins