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Monsieur Sarkozy, rendez-nous l’ORTF !

Radio France / jeudi 24 juillet 2008 par Eva O’Plakar
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L’audience des radios pour le dernier trimestre a été publiée le 16 juillet. Tout le monde était content. Sauf une de nos teigneuses observatrices, cachée dans les poubelles des cuisines.

Notre fier Sarko a déclaré qu’il allait désormais désigner lui-même les présidents de l’audiovisuel public. Or un sondage indique que 71% des Français s’opposent à ce projet ubuesque. C’est très injuste pour notre Niko, qui a le mérite de la franchise. Car c’est déjà ainsi que les présidents de chaînes sont « élus » par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel » (CSA). Les présidents actuels de France Télévision comme de Radio France ont été choisis par le Prince, c’est un secret de polichinelle. Sarkozy a le mérite de rappeler cette parfaite hypocrisie. Et l’on n’a pas manqué de rappeler le temps de l’ORTF, lorsque le ministre de l’information, Alain Peyrefitte, dictait lui-même les infos aux journalistes. On se félicite régulièrement de la disparition de cette mainmise du pouvoir politique sur les chaînes publiques. Mais est-ce si sûr ? Au moins, en ces temps anciens, le contrôle de l’information n’était pas caché et, question magouilles et copinages, on y allait franchement. Aujourd’hui on la joue plus fine et plus faux derche. Ainsi, le président de Radio France, le jovial Jean-Paul Cluzel, inspecteur des finances, longtemps collaborateur de Jacques Chirac, parrain de la fille de son ami, le tout aussi jovial Alain Juppé, et qui aime se déclarer « de droite, libéral et catholique ».

Cluzel en disgrâce

Sauf qu’aujourd’hui, Cluzel a bien du souci. Car le Prince a changé et le nouveau Prince n’aime guère la cour du Prince précédent. Et le jovial Cluzel est fort inquiet sur son sort. En avril 2009, il arrivera au terme de son mandat, et il voudrait bien rempiler jusqu’à sa retraite, notre Jean-Paul. La place est douillette et convoitée. Aussi, avec une remarquable souplesse d’échine a-t-il donné tous les gages d’allégeance possibles. En sera-t-il récompensé ? Et d’abord le Maître remarque-t-il au moins tout ce que Cluzel fait pour lui plaire ? Car en bon courtisan, il n’hésite pas à aller au-devant des désirs de son Prince et de ses amis. Ainsi, le disque de Carla Bruni Sarkozy, un chef d’œuvre soutenu par France inter, « Comme si de rien n’était » (sic !). Ainsi, Alain Rey viré (trop à gauche), ainsi le changement d’horaire de « Là-bas si j’y suis » afin d’étouffer le succès de cette émission trop dérangeante, ainsi en juin 2007 le licenciement brutal de Frédéric Bonaud pour audience insuffisante à 17 heures. L’émission de Bonaud ne faisait que 0,7 point d’audience.

Calvi si !

Pour le remplacer c’est le très peu contestataire Yves Calvi qui a été choisi pour une des émissions les plus insipides et les plus bâclées de l’année. Au bout d’un an, Calvi atteint péniblement 0,7 d’audience, comme Bonaud un an auparavant. Mais Calvi n’est pas viré pour audience insuffisante. Il a seulement viré la réalisatrice de l’émission. Celle-ci n’aurait plus supporté que, depuis la cabine technique, l’épouse (et collaboratrice) de Calvi lui souffle les questions à poser à l’invité dans son casque. Des ragots bien sûr. Et puis il faut comprendre, Calvi n’en peut plus. Il a déjà deux émissions de télé, Mots Croisés (France 2), et « C dans l’air » chaque jour sur la Cinq à 17 heures. Aussi, au grand dam des techniciens, son émission sur Inter est-elle enregistrée. Mais Calvi n’a pas une minute pour la préparer. Le plus souvent, il découvre son invité en entrant dans le studio. Son bagout fait le reste. Et puis surtout, Calvi plaît à Sarko. Et donc à Cluzel. Au moins, au temps de l’ORTF, c’était plus franc du collier. Et puis, s’il fallait un ministère pour imposer l’information, c’est que le pouvoir d’alors craignait une certaine résistance de la part des journalistes. Aujourd’hui ce problème n’existe plus. Plus de récalcitrants. Le Prince en fait à sa guise et ses petits moutons le suivent gambadant avec entrain, bêlant soir et matin.

Ah, oui, rendez-nous l’ORTF !

Lire et relire sur Bakchich :

Le Président est avant tout un grand enfant. Et tout gamin a ses jouets préférés. En l’occurrence pour le petit Nicolas, ce sont les médias, avec lesquels il aimerait bien jouer aux Lego. Las, le monde ne se réduit à une vision (…)
En anéantissant le service public, Sarko aide ses amis les grands patrons des chaînes privées, lesquels en retour le remercient en lui donnant plein pouvoir sur leurs chaînes. Mais le zèbre ne s’arrête pas là et fait même du zèle, en annonçant la (…)

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7 MESSAGES

Forum

  • Monsieur Sarkozy, rendez-nous l’ORTF !
    le vendredi 25 juillet 2008 à 10:03, gros jojo a dit :
    il est vrai que la grille d’Inter, c’est du mou-mou, et pire encore cette grille d’été. Par contre, on voit les efforts que son Président, M. Cluzel, déploit pour espérer conserver son poste : cette semaine tous les invités du 7-10 ont été d’allégeance sarkozienne : Jack Lang, Henri Guaino, Menuel Valls, Le Ministre de la défense… Le CSa ne dira rien présumons.
    • Monsieur Sarkozy, rendez-nous l’ORTF !
      le samedi 26 juillet 2008 à 20:52, xavier a dit :

      Je m’appelle Xavier Rinaldi, je travaille pour le 7/10 de France Inter en tant qu’assistant, je participe à la production et m’occupe des invitations pour l’interview de 8h20 et les réponses aux questions des auditeurs à 8h40.

      Je tiens à répondre au commentaire précédent en précisant une information qui vous manque : l’opposition à la réforme de la constitution, et en partie leurs chefs de file, étaient soit indisponibles soit aux abonnés absents quand on les a invités pour une interview. Monsieur Hollande ne répond pas aux invitations répétées que nous lui lançons depuis plus de deux semaines maintenant.

      Deuxième information : je n’ai jamais eu M. Cluzel au téléphone de ma vie, il ne connaît même pas mon existence.

      De plus, Eva O’Plakar ferait mieux d’en sortir et d’aller vérifier l’ensemble de ce qu’elle avance sur place, dans les couloirs du Mangin Palace.

  • Nous nous sommes tant aimés…
    le jeudi 24 juillet 2008 à 18:25, I’m so blue a dit :

    Je sais que je vais faire ringard, mais putain qu’il est loin le temps des Bouteiller, Villers, Averty, Gougaud et Jean-Luc Hess. Depuis, allez, deux ans… c’est les programmes d’été toute l’année sur Inter. Bonaud j’étais pas fan, je trouvais que c’était de la télé déguisée en radio, et puis l’immonde Philippe Val y allait de son sermon hebdomadaire. J’avais pensé à l’époque que le style Bonaud collait mieux à Europe, d’où son insuccès. Mais bien avant Bonaud, l’esprit Inter était déjà clamsé depuis lure. L’esprit Inter c’était vraiment de la différence pendant assez longtemps. La seule radio où l’on pouvait écouter dans la même soirée du reportage au second degré sur les maisons hantées, un concert de Little Bob, et de l’interview caustique qui avait de la gueule, en l’occurrence celle d’insomniaque de José Artur, et c’était parfois un peu agaçant à force de parisianisme, mais de cet agacement que l’on ressent lors d’une pipe Grand Veneur, qui vous secoue de haut en bas et qui vous donne à penser, en éteignant le transistor, que vous étiez un tout petit peu moins con qu’à l’heure où vous l’aviez allumé. Je me rappelle aussi les débuts d’Yves Simon au micro durant l’été 75, si prometteurs que je n’ai pas dû être le seul à regretter qu’il en soit resté là. Et les débuts de Nicolas Hulot chez Claude Villers, dans les mêmes années, où il enquêtait dans une tour toute neuve du front de Seine lors d’une panne d’électricité. Je me rappelle d’un feuilleton signé Jean Yanne au début des années 80, le truc délirant qui devait s’écrire au jour le jour sur un coin de nappe de bar, il y avait aussi la folle qui chroniquait les conneries bien parisiennes, très chères et très mode dans l’émission de Pierre Bouteiller, dimanche finissant… Je n’évoque même pas le "Tribunal des flagrants délires" ou "L’oreille en coin". La différence était dans cette façon de faire de la radio comme avec les moyens du bord, en évitant de prendre l’auditeur pour autre chose qu’une oreille attentive. Et ceux qui avaient tenté une échappée dans l’autre sens n’ont jamais fait long feu, à l’époque, sur cette station. Pierre Wiehn, puis Bouteiller, puis Jean-Luc Hesse étaient des mecs exigeants, ils avaient du métier et pour ce qui est de l’ambition, pas besoin, le talent faisait tout le boulot.

    Et puis bon, entre les années 90 et aujourd’hui, Inter est passée de France-Pépère à Radio-Bobos. France-Culture a rattrapé le créneau au vol mais la normalisation est en bonne voie. Reste FIP la suave, la sensuelle, le haut de gamme qu’on nous a sucré dans le sud-est pour le remplacer (sur trois fréquences de la bande FM, si ça c’est pas de l’intox, surtout que presque personne n’écoute !) par un infâme brouet à base de Nostalgie et de RTL, variétoche insane et tunnels de pubes, même pas du fond sonore pour supérette de grande banlieue.

    Si on résume, il ne reste pas grand chose de ce que fut la constellation Radio-France. France-Musique, enlisée dans le baratin, n’est plus qu’une fréquence fossile, France-Culture donne dans le Télérama sonore version propagande au service du pouvoir en place, le Mouv’ s’est rouillé de n’avoir pas pigé que le rock concerne surtout les jeunes des années 70, quant aux stations locales, rien à en dire que ce que j’en ai suggéré plus haut.

    M’enfin je m’excite sur du passé entretenu sous perfusion. La radio est un media sur la fin. On a dix mille fois mieux sur le web que la daube qui goutte du transistor.

    • Nous nous sommes tant aimés…
      le jeudi 24 juillet 2008 à 22:45, Jihelix Le Gaulois a dit :
      Franchement là, y’a rien à ajouter ni à enlever.
      Je ne peux qu’approuver.
      Sauf que le ringard est surtout dans l’air du temps actuel.
      Crépusculaire, pollué…
    • Nous nous sommes tant aimés…
      le samedi 26 juillet 2008 à 23:00, J_P_M a dit :

      Jean-Luc Hees cité deux fois, chaque fois avec une orthographe différente pour son nom, chaque fois erronée…

      Cela dit, Hees n’était pas un type si recommandable, il avait peur de se mouiller… et c’est lui, pas Cluzel, qui a viré Alain Rey et qui a imposé Philippe Val, quel cadeau !

    • Nous nous sommes tant aimés…
      le samedi 31 janvier 2009 à 13:53
      Excellent article, qui résume bien ce que je pense, j’ai écouté cette radio pendant des années, mais j’ai laissé tomber lorsque c’est devenu radio bobo. Là ou je suis pas d’accord c’est sur J L Hesse, car si je ne m’abuse c’est lui qui a ouvert la porte à philippe Val dans son emission de 5 à 7 sous le fallacieux prétexte d’une séquence écolo (dont je me demande encore ce qu’elle pouvait avoir d’écolo), de toute façon celà partait en vrille. Sic gloria transit mundi….soupirs !!!!
  • Monsieur Sarkozy, rendez-nous l’ORTF !
    le jeudi 24 juillet 2008 à 16:00, Phil2922 a dit :
    Ah je comprends un peu plus. Hier, j’entends une chanson de Carla Bruni-Sarkozy avec de la promo pour son dernier disque. Je vérifie le poste, et oui j’étais bien sur France-Inter… !
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