Ils dénoncent la privatisation des universités, mais l’enquête de Bakchich révèle que le phénomène a démarré voilà dix ans
Les milliers d’étudiants qui manifestent aujourd’hui ont comme un train de retard, voire des wagons ! Et cette fois, la grève des transports n’y est pour rien. Voilà bien dix ans que les facs font déjà appel à des entreprises privées pour arrondir leurs fins de mois.
Le Collectif contre l’autonomie des universités (tendance extrême gauche) craint par exemple que la réforme Pécresse n’entraîne « une mise à la disposition de l’université auprès des entreprises », une peur légitime mais un tantinet périmée. Les entreprises peuvent déjà en toute légalité s’offrir la location d’un amphithéâtre, le temps d’un colloque, rien de bien méchant.
Plus épineux est le problème posé par le financement de la recherche. Voilà dix ans que la fac de Médecine Paris Descartes travaille main dans la main avec des groupes pharmaceutiques. Comme par exemple avec Pfizer, connu pour sa petite pilule bleue, le Viagra. L’université est aussi en business avec la non moins puissante industrie Sanofi. Ces entreprises ont passé un deal tout ce qu’il y a de plus légal avec la faculté de médecine de Paris. Les firmes passent commande d’une recherche avec un des laboratoires de l’université ; coût de la prestation, entre 30 000 et 200 000 euros. Dix pour cents des sommes basculent dans les caisses de la faculté. Renault finance aussi en partie des études sur la neuropsychologie.
Et le butin devient pactole, quand on sait que l’université a signé une centaine de contrats de ce genre avec le secteur privé. Le hic, c’est que le fruit de ces longues années d’études peut être à terme exclusivement réservé à l’entreprise commanditaire. En clair, le service n’est pas rendu au public, mais bel et bien au privé.
Et le coup de pouce de sociétés privées aux universités a des chances de décrocher une mention au prochain semestre. En janvier 2008, Paris V va s’organiser pour les accueillir, en créant un « Service d’activité industrielle et commerciale », tout un programme !.
Autre motif de mécontentement, l’autofinancement des universités et le risque de voir le coût des études grimper. Mais là encore, les étudiants grévistes sont recalés. Les facs ont pris exemple sur les écoles privées depuis un certain nombre d’années. La plupart des établissements ont déjà augmenté la note, non des élèves, mais de certaines formations. Il est en effet aujourd’hui possible de mettre sur son CV le sceau d’un enseignement supérieur renommé, type la Sorbonne, sans passer par la case baccalauréat. Ainsi Paris-12, en Val-de-Marne, propose 60 heures de formation en anglais par des professeurs universitaires pour 460 euros. Une broutille comparée aux 4300 euros les cinq semaines de cours en gemmologies ( étude des pierres précieuses) dispensé à la fac de Nantes. À ce prix-là, on espère que les futurs diplômés peuvent au moins repartir avec les pierres ! Le must, devenir journaliste en deux semaines, via le réputé CELSA, une antenne de la Sorbonne. Petit inconvénient : il faut débourser 9700 euros pour une formation complète.
Ironie de l’histoire : les petits malins qui veulent bloquer les facs vont malgré eux accélérer la privatisation des facs. La grande majorité d’entre elles fait appel à un service d’ordre privé. L’idée a fait son chemin, il s’agit de remplacer des gardiens dit appariteurs, jadis fonctionnaires, par des employés de boîtes de sécurité dont le coût salarial est moindre. C’est déjà le cas à Nanterre, Tolbiac ou la Sorbonne, qui ont signé avec l’entreprise de sécurité et de gardiennage Centaure. Pour l’instant, ces gros bras nouvelle génération ne sont pas obligés d’être agréés par la préfecture. La bonne nouvelle, c’est que dès 2008 ils devront tout de même apprendre les rudiments du code pénal. Ouf ! En attendant, l’entreprise Centaure offre une prestation de service plus que jamais d’actualité : « l’évacuation du public et des occupants ». Un bon point pour nos étudiants grévistes qui pourront enfin dire sans se tromper, qu’ils se sont fait jeter par le privé !
Pareil pour moi, je suis déçue que bakchich suive si bien l’air ambiant.. j’espère que vous n’êtes pas de ces médias qui applaudissent lorsque les crs chargent avec matraques sur ceux qui ont le courage de ne pas penser qu’à leur gueule…
Tout le monde sait que l’université se privatise depuis plusieurs années, et alors ? pour preuve il ya qqs années (2001 ?) disney a débarqué aux beaux arts de paris.
Ferez vous les mêmes réflexions sur les retraites, la sécu, et tous les secteurs public en recul depuis plusieurs années ???
Il est prétentieux de la part de Bakchich de donner des leçons et aucune info hors-médiadominant, je trouve ça triste…