Souhaitant montrer qu’il pouvait combattre Le Pen sur son terrain, Nicolas Sarkozy a tout fait pour gonfler son bilan en matière de reconductions à la frontière…
Le ministère avait annoncé 28 000 expulsions pour l’année 2006 et pour cause, il n’eut de cesse de harceler les préfectures. À Paris, certains commissaires zélés avaient ainsi détourné la police judiciaire de ses missions traditionnelles (drogue, agressions) pour « faire du chiffre ». Aujourd’hui, « on fait du chinois » annonçait un commissaire de l’est parisien à ses troupes… Voilà comment des étrangers étaient parqués, cet automne, dans les garages des commissariats de la capitale.
Résultat : plus de 20 000 étrangers ont été expulsés en 2006 et Sarko de se vanter de ce résultat !
Sauf que 20% de ces expulsés sont roumains et 5% bulgares. Et tant pis si, à peine rentrés chez eux, ils revenaient immédiatement, via l’Autriche, grâce à des visas de trois mois qu’ils obtiennent automatiquement – intégration à l’UE oblige.
Plus drôle, depuis le 1er janvier 2007, ces deux pays sont considérés comme partie prenante à l’Union Européenne. Ses ressortissants ne sont donc plus expulsables. « Cela veut dire, explique-t-on place Beauvau, que l’année prochaine, les chiffres d’expulsés baisseront mécaniquement de 20 à 25%. » Et on verra peut-être un Sarkozy Président tancer son ministre de l’Intérieur - on parle de Brice Hortefeux - pour ses mauvais chiffres en matière d’expulsions !
Les vrais experts en matière d’immigration savent que la régulation des flux ne peut se faire qu’à l’entrée du territoire. Un étranger qui est entré en situation irrégulière est doublement difficile à expulser : pour des raisons humanitaires, ses enfants étant scolarisés, et pour des raisons financières, qu’il s’agisse des forces de police mobilisées ou des charters affrétés…
Et cela, Sarko et ses conseillers le savent pertinemment. Ce qui rend la course aux expulsions d’autant plus démagogique !