Le maire sortant d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains, labellisée UMP, est concurrencé sur son flanc droit par trois de ses anciens adjoints qui l’accusent de clientèlisme. Ce dont elle se défend. Heureusement, son adversaire socialiste, Alexandre Medvedowsky, est plus gentil avec elle…
Petite ville à l’apparat bourgeois, Aix-en-Provence aime s’encanailler en période des municipales. Et oublier les règles de bienséance. Ainsi comme l’a déjà narré Bakchich, plutôt que de taire leur petits désaccords, les politiques locaux s’amusent à laver leur linge sale en public, en présentant 4 listes, qui s’asticotent gaiement. À droite, le maire sortant, Maryse Joissains, investi par l’UMP, se voit mordiller les mollets par trois de ses anciens adjoints – Bruno Genzana, Stéphane Salor et François Xavier de Peretti – qui ont monté leur liste. Au gentil qualificatif de « traître » dont elle les affuble, eux se bornent à répondre vouloir mettre « fin au système Joissains », aimablement qualifié de « clientélisme familial », sa fille et son mari oeuvrant dans ses différents cabinets. Et chacun de déposer plainte après la parution d’un tract plus que scabreux sur les moeurs de Peretti et de ses colistiers. Peretti vise la diffamation, Joissains la dénonciation calomnieuse, arguant que cette affaire était montée « de toute pièce pour servir son adversaire » dans « l’orchestration de sa victimisation »…
À gauche, très officiellement investi par la fédération PS du coin, Alexandre Medvedowsky, patron d’une boîte d’intelligence économique dans le civil, doit affronter l’ombre des grands frères bougons. L’ancien maire socialo, Jean-François Picheral, dit « Pipiche » a apporté son soutien à Michel Pezet, l’ex-président de la région. Et chacun reproche à l’autre son manque de loyauté. Bref, une jolie ambiance pour une élection qui s’annonce serrée. Mais entre gens de si bonne composition, sitôt le soufflet de l’élection retombé, les bonnes manières devraient reprendre le dessus.
Déjà, face à l’adversité sortie de leurs jupes, les deux candidats labellisés UMP et PS font assaut d’amabilité. Dame Joissains ne manque jamais d’annoncer que « Medvé » s’avère le candidat qu’elle respecte le plus, quand le sémillant Alexandre a eu le bon goût de prendre sur sa liste une amie intime de l’édile sortant, qui promet « qu’elle ne veut pas de mal à Maryse ». Une entente cordiale définitivement scellée par un communiqué commun dénonçant « l’affichage sauvage » et faisant « appel au civisme ». Des politesses qui ne sont ni nouvelles, ni étonnantes de la part d’élus si bien élevés.
En 2001, lors d’une campagne tout aussi saignante et serrée, l’élection s’est jouée sur 400 voix en faveur de Maryse. De quoi fonder un recours devant le tribunal administratif, ce dont se chargea bien vite Medvé, 3e de la liste battue et adjoint à l’urbanisme sortant. Ci-fait dès le 23 mars 2001, 5 jours après le scrutin, par l’entremise de son avocat Michel Pezet…
Quatre mois plus loin, sans doute conscient du manque d’élégance de son acte, le preux Alexandre choisit de se désister. Par lettre avec accusé de réception et par fax datés des 23 et 24 juillet, histoire que le Tribunal de Marseille prenne bien soin de traiter sa demande. Le 23 août, tout naturellement, la juridiction provençale retoque le recours.
Une chance. Il aurait été bien impoli de la part de Medvé de chercher querelle à Maryse en cet été-là. Le 23 juillet, l’épouse du sieur Alexandre signait un protocole transactionnel avec son employeur, Pays d’Aix développement, association dont elle est licenciée. Avec les formes. La directrice de l’association touche un million de francs, financés à hauteur de 700 000 francs par une subvention exceptionnelle de la communauté d’agglomération du Pays d’Aix, présidée par Maryse, après un rapport signé Stéphane Salor…
Les esprits chagrins du parquet d’Aix-en-Provence, réveillés en 2005, ont cru bon d’ouvrir une enquête préliminaire sur cette concordance des temps. Quelques mois suffirent pour qu’ils arrêtent de jouer les malotrus et comprennent qu’il ne s’agissait que d’un heureux hasard. Classement sans suite. C’était bien la moindre des politesses.
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