Les intrigues battent leur plein au sommet du Royaume. Le général Hosni Benslimane, patron de la Gendarmerie Royale, qui a réapparu sur le devant de la scène le week-end dernier, où il paradait aux côtés du ministre de l’Intérieur venu rendre visite aux 55 victimes d’un incendie à Casablanca, fait alliance avec Mounir Majidi, secrétaire particulier et grand argentier de Mohammed VI. Pour mieux profiter des largesses du régime… « Bakchich » dresse le portrait de Mounir Majidi.
Il suffit que Mohammed VI, monarque du royaume enchanté du Maroc, s’absente quelques temps pour que son entourage déraille. Si le souverain vient de reprendre ses activités royales, il n’en demeure pas moins qu’il a déserté le royaume pendant un mois et demi pour cause de séjour privé en France comme cela lui arrive d’ailleurs régulièrement à la fin de l’hiver. Et depuis, selon les initiés, Sa Majesté a du mal à se remettre dans le bain.
Une petite baisse de régime royal qui arrange bien son secrétaire particulier et argentier en chef, le glouton Mounir Majidi qui en profite pour bâfrer par tous les moyens possibles et imaginables. On n’est pas loin du comportement obscène du clan Trabelsi, en Tunisie, du nom de jeune fille de l’épouse du président Ben Ali, qui est en train de mettre l’économie tunisienne à genoux.
Dernière magouille en date du chérubin Majidi : la tentative de s’approprier pour un dirham symbolique les dix hectares de terrain d’un club de foot de Rabat pour en faire une juteuse affaire immobilière (cf. Bakchich n°77). Mais on pourrait tout aussi bien citer cet autre scandale où, en 2007, Mounir Majidi s’est offert, à un prix ridicule, 4,5 hectares situés à Taroudant et qui appartenaient au ministère des Habous (biens religieux), pour les revendre au prix fort.
Pour mener à bien ses opérations de prédation économique en toute sécurité, le secrétaire particulier de Mohammed VI se devait de s’acoquiner avec un allié de poids. Son objectif : se prémunir des attaques de son ennemi intime : l’ancien compagnon d’études de Mohammed VI au Collège royal, Fouad Ali El Himma. Un rapport de force qui a tourné à l’avantage de Majidi puisqu’à l’été 2007, El Himma prenait son monde par surprise en démissionnant de son tout-puissant poste de ministre délégué à l’Intérieur pour se faire élire député en septembre dernier. Parmi les rares membres de l’entourage de Mohammed VI doté d’une conscience politique, on avait alors failli tourner de l’œil, comprenant que si El Himma s’éloignait du Palais, Majidi aurait le champ libre.
Mais, prudent, l’animal a préféré nouer une alliance tacite avec le vénéneux général Hosni Benslimane. Patron de la gendarmerie royale, considéré au début du règne de Mohammed VI comme l’homme fort du régime, celui-ci est un adepte de la manière forte, notamment avec les islamistes. Qu’importe qu’il descende tout droit du règne de Hassan II, le général Benslimane s’est toujours débrouillé pour conserver l’oreille de Mohammed VI et s’offre même le luxe de parader à nouveau sur la scène du théâtre politique marocain. C’était le cas ce 20 février lorsqu’il a assisté aux côtés de tout le staff sécuritaire à une importante conférence de presse consacrée au démantèlement d’un présumé groupe terroriste. Depuis que les médias français avaient révélé en octobre dernier que le général Benslimane était la cible d’un mandat d’arrêt international lancé par la justice française dans le cadre de l’affaire de la disparition de l’opposant Mehdi Ben Barka, il convenait plutôt de le cacher.
Grâce à son pacte avec Hosni Benslimane, Mounir Majidi se sent pousser des ailes. Profitant d’avoir la main sur l’ONA, la holding royale, il la fait tourner casaque alors que celle-ci s’est endettée plus que de raison. Il ne faut pas être devin pour voir la main noire (et sale) de Mounir Majidi dans ce que la presse marocaine appelle le « feuilleton ONA ». En cause : la démission forcée en mai 2007 du PDG de la banque Attijariwafa, la première du royaume enchanté et propriété de l’ONA, suivi du renvoi du PDG de l’ONA (carrément !), Saad Bendidi, début avril 2008.
Plutôt que de faire preuve d’une permissivité déplorable à l’égard de son Majidi, Mohammed VI serait bien inspiré de mieux tenir en laisse son argentier. Il n’échappe en effet pas aux Marocains que l’ONA possède également d’importantes activités dans le sucre et l’huile, des produits de grande consommation touchés par la hausse des prix qui affecte les pays en voie de développement. Des hausses que les piètres finances du royaume enchanté peinent péniblement à compenser et qui font gronder la rue…
Juste un petit mot à la rédaction de Bakchich :
En vous lisant, on a l’impression de lire Tel Quel…………
J’ose espérer que mon commentaire soit validé par la modération. Sinon, j’aurai au moins la certitude que mon commentaire a été lu par une seule personne….le modérateur