Le business de la presse féminine traverse en ces temps de crise quelques turbulences, et les nouveaux arrivants sur le marché ne sont pas les bienvenus.
La sortie prochaine d’un nouvel hebdomadaire féminin sur le marché français met les groupes de presse en émoi. Grazia, édité par Mondadori, adapté d’un concept italien, et qui cartonne déjà dans plus de 15 pays, doit arriver en France prochainement. Repoussé depuis un an, son lancement est finalement annoncé pour le deuxième semestre 2009. Et ce n’est pas pour ravir les tenants du secteur à savoir les groupes Prisma (Gala/Voici), Marie-Claire et Hachette (Elle).
Angoissés par la perte potentielle du gâteau publicitaire que représenterait l’arrivée d’un nouveau concurrent, et cela d’autant de plus en temps de crise, les dits groupes se sont lancés dans une guerre sans merci pour contrer l’arrivée de Grazia. Tous affûtent leurs armes pour pouvoir frapper quand il sera temps. Prisma édite depuis peu un supplément Styles de Gala, le groupe Marie-Claire travaille sur un hebdo qui serait baptisé Look, et le groupe Hachette, qui possède Elle, bosse sur un projet nommé Be.
Mais la tension est montée ces dernières semaines au point que le groupe Mondadori sorte de sa réserve. La direction de la communication du groupe s’est fendue d’une lettre de mise en garde à Prisma où elle s’étonne des nombreuses similitudes de forme et de fond relevées entre le projet de magazine Grazia et les nouvelles formules de Gala, Voici et Galastyles, le supplément mode-beauté de Gala fraîchement débarqué en kiosque. Des accusations démenties totalement par Prisma.
Voilà pour la partie émergée de l’iceberg. Pour le reste, bruissent ici ou là des rumeurs d’espionnages industriels. Aussi, se pourraient-il que des numéros zéros du magazine Grazia, échappés de chez l’imprimeur, circulent dans les rédactions concurrentes. Une bonne manière de voir venir, et de prendre un peu d’avance.
« Des pratiques courantes », assure un patron de presse interrogé par Bakchich. Tellement courante que Gérard Ponson, président du groupe SCPE qui édite le magazine Entrevue et qui vient de lancer un nouveau féminin populaire du nom de Tips, assure à Bakchich que lui aussi avait vu des numéros zéro de son hebdo dérobés chez l’imprimeur.
Contacté par Bakchich, les groupes Prisma, Marie-Claire et Hachette, n’ont pas souhaité répondre à nos questions.
Mais à feuilleter l’édition du Grazia anglais et le dernier numéro de Gala Styles on en vient à se demander pourquoi d’aussi bonnes idées naissent en même temps.
Notamment avec ces pages qui proposent aux lectrices de gagner un sac de luxe et son contenu.
« Mais tout cela n’est pas bien grave. La presse française est une vieille dame aristocrate. On est bien loin du grand banditisme et encore loin de la guerre que le groupe Amaury avait mené au projet Bild », note notre patron de presse, bien amusé des enfantillages du microcosme médiatique. Des enfantillages à plusieurs millions d’euros tout de même…
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