Alors que le dissident Hu Jia vient d’être condamné à trois ans de prison pour avoir osé parler un peu trop librement sur la Toile chinoise, les principaux entrepreneurs de l’internet se réuniront le 21 avril à Beijing pour parler de l’avenir du web. Un futur qui suscite beaucoup de convoitises et de controverses. Et on le comprend, quand on sait que chaque jour, la Chine compte 200.000 nouveaux internautes…
Le 21 avril prochain, la fine fleur des scientifiques et entrepreneurs de l’Internet se retrouvera pour parler 4 jours durant, de l’avenir du web. Et où à lieu l’évènement ? A Beijing, capitale de la Chine, pays où croupissent des centaines d’internautes. C’est un peu comme si dans les années 70, la presse mondiale avait organisé ses réunions professionnelles à Moscou chez Brejnev ou à Santiago de Chili avec Pinochet.
Pour cette 17ème Conférence du web, un très beau logo a été confectionné. « Beijing 2008 : one world, one web ». Défense de rire !
Sur le site www.2008.com, les grands sponsors de l’évènement sont indiqués à droite et à la manière chinoise. Dans « Platinum sponsors », on retrouve Google et Microsoft. Ce n’est pas grave si You Tube, la filiale du premier, a été bloquée ces dernières semaines parce qu’elle hébergeait et diffusait des vidéos sur la répression au Tibet… Chez Google, on distingue très bien les intérêts économiques de ceux de la liberté d’expression. Pour « Gold sponsors », la place est partagée entre le télécom ATT et Yahoo. Et ainsi de suite, jusqu’au sponsor France Telecom Group, très loin derrière.
Ces conférences sont organisées par le World Wide Web Consortium (W3C), un consortium fondé en 1994 par Tim Berners-Lee, l’inventeur du web, avec l’aide du Massachusets Institute of Technology (MIT), la défense américaine et la commission européenne.
C’est ce W3C, qui a décidé de l’adoption sur Internet des différentes technologies de navigation comme le HTML, le XML et le CSS… Le W3C ne donne pas des normes, mais fait des recommandations « à valeur de standards industriels ».
Bref, il joue un grand rôle dans votre utilisation du web. Pas moins de 400 organismes, entreprises et scientifiques sont membres du W3C. Autant dire que ses recommandations sont regardées à la loupe.
Pékin, qui sera pendant quatre jours la capitale mondiale du web, est une ville qui, avec Shanghai, a une particularité rare : chaque fournisseurs d’accès à l’Internet emploie un administratif de l’Etat, qui surveille que tout le contenu soit en règle avec la ligne du Parti.
Sur son site consacré à l’évènement, le W3C, publie une page sur Beijing. Bakchich vous invite à la consulter, si un jour vous souhaitez aller vous balader là-bas !
Il y aura principalement des interventions d’éminents scientifiques et responsables de multinationales de l’Internet, autour du futur du web. Sur les questions qui fâchent, un certain Chen Zao de chez IBM, interviendra sur le sujet de « l’expérience de l’utilisateur », ou encore Tie-Yan Liu, de Microsoft Asia, qui nous expliquera comment « Apprendre à classer pour la recherche d’informations ».
Une conférence qui aurait surement intéressé le dissident Hu Jia, qui vient de prendre trois ans et demi de taule, pour avoir écrit sur un site internet étranger des choses que les procureurs d’un tribunal de Pékin n’ont pas appréciées. La Chine qui compte 200.000 nouveaux internautes chaque jour, un marché en plein expansion qui attire les convoitises, mais que le Parti entend contrôler.
Depuis le 31 janvier 2008, de nouvelles lois sont entrées en vigueur concernant la diffusion de fichiers audio et vidéo en ligne, qui interdisent aux sites officiels de diffuser des programmes amateurs. Toute mise en ligne de vidéo personnelle incriminant la politique du gouvernement est interdite. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de Reporters Sans Frontières. Messieurs les censeurs, l’avenir du web se joue chez vous !