Aujourd’hui, jeudi 29 mai, les premières assises du numérique ont ouvert leurs portes à l’Université de Paris-Dauphine. Ce grand rendez-vous a pour objectif affiché de « faire de la France une grande nation numérique ». Mais étrangement, aucun scientifique français ou européen n’a été invité. Par contre, VIP et lobbyistes de tout poil sont venus nombreux.
Deux mois après avoir reçu « la charge de développer l’économie numérique » dans le gouvernement Fillon, Eric Besson lance ce jeudi 29 mai, les assises des nouvelles technologies, destinées, selon lui, à « faire de la France une grande nation numérique ».
Mais à voir de plus près le programme de la journée, on peut douter des intentions de Besson, déjà taxé par certains technologues, de « Ministre du numérique bling bling ».
Ces assises, inaugurées dans l’enceinte de l’Université de Paris Dauphine, n’ont, en effet, même pas laissé un petit strapontin pour un expert de terrain, un scientifique, un mathématicien d’ici ou un de ces célèbres chercheurs exilés aux US. Il y a pourtant sept ateliers au programme.
Valérie Pécresse, notre chère ministre de l’Enseignement et de la Recherche, en anime un. Et plutôt que débattre avec des cerveaux de l’INRIA (Institut de Recherche en Informatique et en Automatique), des 115 IUT (institut universitaire de technologie) de France, et autres membres de nos laboratoires reconnus internationalement, Pécresse préfère faire causette avec le directeur logistique des Casinos, un ou deux fonctionnaires et le patron d’INTEL Europe.
Madame la ministre et l’ami Besson ne doivent pas savoir que les pontes des nouvelles technologies fréquentent de près le monde universitaire…
Aussi, lorsque Vinton Cerf, le co-inventeur d’Internet dans les années 1970, aujourd’hui embauché par Google pour parcourir le monde en quête de nouveautés, vient à Paris, il dîne le soir même de son arrivée chez Gérard Le Lann, un de nos grands gaulois de l’INRIA, à qui les Américains font les yeux doux pour ses expertises en réseau.
Par ailleurs, il y a un mois et demi, lors de la remise du 10e prix des Technologies de l’Information, organisé par TELECOM ParisTech (une des 20 premières Universités Mondiales), Léo Apotheker, patron de la société allemande SAP, leader mondial du logiciel d’entreprise, avait prévenu : « Aux USA, le MIT et l’université de Stanford [c’est de là que sont sortis les Yahoo, Google et quelques autres mastodontes d’Internet] travaillent avec les entreprises, alors qu’en France on ne suit pas la même démarche ». Et c’est pour cette raison que la France n’est leader mondial dans aucun des domaines des usages d’Internet.
Certes, la journée est inaugurée par Viviane Reding, commissaire européenne chargée de la société de l’information et des médias. Pour autant, aucun expert européen n’a été convié.
D’un autre côté, étrangement, les pays du Maghreb sont à l’honneur. Un des ateliers a pour thème « Les TIC, facteur d’ouverture de la Méditerranée sur l’International ». Il sera présenté en présence et avec la participation de représentants des gouvernements tunisiens et marocains.
Dénigrer l’Europe, c’est oublier que depuis des siècles, à l’Est de la France, se trouvent deux universités allemandes, celle de Karlshure et celle de Heidelberg, particulièrement en pointe dans le domaine des technologies.
Après tout, la France et l’Allemagne se déchirant sur le dossier EADS, peut-être vaut-il mieux que là, chacun reste chez soi. Même si l’Université de Strasbourg n’est séparée de celle de Karlshure que d’une centaine de kilomètres. Mais c’est une autre histoire.
J’ai été invité mais je n’y suis pas allé. Pourquoi ? Je suis un expert international en informatique et lorsque j’ai vu les sujets des "ateliers" j’ai fait un email expliquant qu’ils manquaient singulièrement d’ambition. On m(a dit qu’on avait transmis et quand finalement la veille je vois le programme rien n’a changé, ce n’est même pas abordé.
Par exemple un chantier qui me parait urgent est de parler des millenials (aussi appelés generation N, ou Y ou digital class) qui défraient la chronique partout dans le monde mais pas en France. Faites donc une recherche sur Google vous verrez. Pourtant cette jeune génération qui est tombé dans le digital quand ils étaient petits bouleverse l’enseignement (is voudraient jouer partout), le monde du travail (ils ne veulent pas de mid management), le monde social, etc. C’est eux qui la feront l’économie digitale de demain !!! Mais non en France ce n’est pas un sujet important. Pourtant c’est de l’avenir de nos enfants dont on veut parler !!!!
Bref j’ai préféré ne pas y aller pour ne pas m’énerver face à des politiques heureux de ce qu’il ne font pas et des responsabilités qu’ils n’assument pas.