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Les artistes ne gazouillent pas en Palestine

GALÈRES / dimanche 9 novembre 2008 par Émile Borne
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Quand on est Palestinien, se rendre à l’étranger relève du parcours du combattant. Même quand on est un artiste et qu’on a décroché une bourse de l’Etat français.

Chaque année des artistes de la Bande de Gaza se voient décerner des bourses par la France pour passer six mois à la Cité des Arts, à Paris. Hélas pour ces heureux élus, depuis la victoire électorale des islamistes du Hamas aux législatives de janvier 2006, la Bande s’est peu à peu transformée en une prison à ciel ouvert d’où il est presque impossible de s’échapper. A cause des nombreux contrôles imposés par le voisin israélien.

Gaza n’étant pas desservie par des compagnies aériennes commerciales, tout l’enjeu pour les Gazaouis souhaitant se rendre à l’étranger est de rallier un aéroport international. Difficile quand on sait que les Palestiniens sont interdits d’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv alors que c’est le plus proche ! Boursiers de la France ou non, ils sont contraints de se replier sur la capitale jordanienne, Amman, pour attraper un avion. Las ! Le trajet entre Gaza et Amman relève davantage du parcours du combattant que d’un avant-goût de vacances.

Erez, passage obligé

La sortie de la Bande de Gaza se fait obligatoirement par le point de passage d’Erez, situé du côté israélien. Et les contrôles effectués par les soldats de Tsahal s’avèrent si redoutables qu’en trois ans aucun des artistes gazaouis sélectionnés par le Consulat général de France à Jérusalem pour se rendre à la Cité des Arts, n’a réussi à passer.

Il y a quelques semaines, les autorités israéliennes ont fini par mettre en place de nouvelles procédures. Objectif officiel : faciliter le passage de ces jeunes dûment cornaqués par la France, sans pour autant les autoriser à embarquer à Tel-Aviv. Mais les diplomates tricolores ont vite fait de déchanter.

Début octobre, ils ont essayé de faire sortir un jeune artiste plasticien de Gaza invité à plusieurs reprises à la Cité des Arts, et ont appliqué à la lettre la nouvelle procédure mise en place par le ministère israélien des Affaires étrangères. En l’occurrence, que l’artiste demande un entretien avec le lieutenant Frankeinstein (sic !) de l’armée israélienne, affecté au terminal d’Erez pour obtenir, le moment venu, le droit de quitter Gaza en empruntant ce terminal. Lequel officier a fixé rendez-vous au jeune artiste à 6h30 du matin. C’était le début de la galère.

Bienvenue en Israël !

A 9h00, le plasticien faisait toujours le pied de grue côté palestinien et téléphone à un diplomate français pour lui demander la marche à suivre. Ce dernier entre alors en contact avec le lieutenant Frankeinstein et se voit répondre qu’il « s’en occupe » et que le jeune homme doit « attendre ». Quatre heures plus tard, l’artiste finit par décrocher un feu vert israélien, traverse le tunnel du terminal d’Erez et décroche son ticket pour une fouille en règle : à poil et inspection de chaque vêtement. Il est ensuite enfermé à double tour dans une cellule située au sous-sol du terminal où il somnole pendant une heure.

Lorsqu’il est enfin admis à rencontrer le lieutenant Frankeinstein, il aura attendu plus de sept heures…. Sans surprise, l’entretien avec le militaire israélien n’a rien à envier à un interrogatoire policier : « penchez-vous pour le Hamas ou le Fatah ? », « comment et de quoi vivez-vous ? », « quid de vos collègues et amis ? »… Cerise sur le gâteau, cette remarque du lieutenant qui lui demande pourquoi les Français ont tenu à ce qu’il rencontre un officier de l’armée israélienne alors qu’Israël n’a rien à reprocher au jeune homme…

Israéliens et Palestiniens inégaux devant les feux rouges

A Jérusalem, dans la zone limitrophe de Chufat, où habitent de nombreux Palestiniens, et French Hill, zone résidentielle israélienne, se trouve un important carrefour où se croisent une route de colons venant de leurs colonies dans le nord des territoires occupés et se rendant à Tel-Aviv ainsi qu’une route réservée aux Palestiniens se rendant à Jérusalem pour y conduire leurs enfants à l’école le matin ou pour y travailler. Les feux de circulation restent allumés au vert trois minutes pour les colons juifs et huit secondes pour les Palestiniens. Cherchez l’erreur…

Tout est bien qui finit bien puisque l’artiste décroche finalement l’autorisation de transiter par Erez lorsque le Consulat de France lui aura délivrer son visa pour venir en France. Ce qui n’a évidemment pas tardé, faisant de cet artiste le premier depuis 2005 à pouvoir se rendre à la Cité des Arts.

Lorsque le jeune homme quitte le lieutenant Frankestein, il est 17 heures (il est arrivé au terminal à 6h30 du matin). Il sera quitte pour une dernière frayeur sur le chemin du retour vers Gaza. Par crainte d’un contrôle musclé au check-point du Hamas dont les barbus ne manqueraient pas de trouver suspect qu’il ait passé un entretien avec l’armée israélienne, il a préféré se glisser dans un petit groupe de Palestiniens rentrant, eux aussi, à la maison.

Quand l’Afrique du Sud pratique la réciprocité

Les artistes gazaouis ne sont pas les seuls à rencontrer les pires difficultés avec les autorités israéliennes. Les diplomates étrangers sont à peine mieux lotis lorsqu’il s’agit d’entrer dans Gaza. S’asseyant sur les bons usages, les forces de sécurité israéliennes exigent de fouiller les voitures diplomatiques. Le Consul Général de France, mais aussi celui des Etats-Unis ont déjà été retenus plusieurs heures aux check-points érigés par les forces militaires dans les Territoires palestiniens occupés. La France, comme de nombreux autres pays n’ose pas protester. D’autres, telle l’Afrique du Sud, n’affichent pas ce type de pudeur. Il y a quelques mois, un diplomate sud-africain a été empêché de poursuivre sa route et retenu pendant plus d’une heure à un barrage israélien. La police sud-africaine en a fait de même le lendemain en bloquant un diplomate israélien pendant plus d’une heure près de Johannesburg.

Même combat pour les rappeurs de Gaza

A la fin du mois de janvier dernier, au moment de la chute du mur de Rafah qui marquait la frontière entre Gaza et l’Egypte, quatre rappeurs palestiniens appartenant au groupe Gaza Team ont profité de la situation pour prendre la poudre d’escampette. Ils étaient invités depuis longtemps par la ville de Dunkerque à se rendre en France mais Israël rechignait à les laisser sortir. Après avoir été autorisés par l’Egypte à prendre un avion pour la France sous 48 heures, les musiciens ont été pris en charge par la ville de Dunkerque et ont bénéficié de cartes de séjour. Mais aujourd’hui, le groupe, dont un des membres, malade, a rejoint sa famille en Suède, est dans une situation juridique invraissemblable : ils ne peuvent plus rentrer à Gaza.


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17 MESSAGES
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Forum

  • Les artistes ne gazouillent pas en Palestine
    le jeudi 27 novembre 2008 à 19:35, Wils a dit :

    Cet article décrit une situation tragique de façon plus que tendancieuse. On pourrait croire que ce blocus de fait, est une création abominable d’un état dirigé par des monstres (frankenstein)sans foi ni loi…

    D’un coté le pauvre artiste palestinien, et de l’autre une administration tatillone et inhumaine.

    Si je ne me trompe pas, la population dont il est question, a votée à +de 40%, les représentants qui :

    1-Dénoncent les accords qui leur ont permis l’accés à ces élections. 2-Ne reconnaissent pas l’état auquel ils font appel pour leurs déplacements.

    3-Commettent sans relache, des actes hostiles envers cet état.

    Décrire l’absurdité de certaines situations, en occultant, l’absurdité d’autres, est une manipulation grotesque.

    On ne PEUT PAS FAIRE LA GUERRE ET EXIGER UNE CONDUITE NORMATIVE.

    Cet article aurait gagné en faisant état de ces artistes bloqués d’une part, et de ces femmes ayant avortées suite au stress des tirs de roquettes,

    ou la detresse des familles des civils, livreurs de mazout israeliens abbatus pendant qu’ils remplissaient les cuves destinées à la bande de Gaza, de l’autre.

    L’absurde n’est pas dans tel ou tel exemple, mais dans la situation de conflit qui les engendrent.

    Encore une description partisane qui ne nous apprend rien de nouveau…

    • Les artistes ne gazouillent pas en Palestine
      le mercredi 14 janvier 2009 à 00:15, Boris a dit :

      invoquer des raisons supposées bonnes pour justifier de tels agissements me semble fallacieux car c’est entrer dans la logique manichéenne du "bon et du méchant".

      Le militaire ne s’appelle pas Frankenstein mais Frankeinstein si je me souviens bien et je suppose que tel est son nom : en quoi cela est-il scandaleux ?

      Et pour ce qui est des représentants du peuple qui "Ne reconnaissent pas l’Etat auquel ils font appel pour leurs déplacements", c’est une logique de soumission humiliante envers une entité qui s’arroge le droit de mettre sous tutelle un ensemble humain…car les Palestiniens avant d’être du Hamas ou de quoi que ce soit d’autre sont avant tout des femmes, des enfants et des hommes, pas des sauvages avides de sang !

  • Les artistes ne gazouillent pas en Palestine
    le dimanche 16 novembre 2008 à 10:40, M.A.J. a dit :
    LE SEL DE LA MER : un bon film pour corroborer cet article et vivre quelques instants le quotidien d’un peuple qui souffre, prisonnier dans son propre pays. Frontières… toujours frontières…
  • Les artistes ne gazouillent pas en Palestine
    le mardi 11 novembre 2008 à 09:36

    dépeche parue ce jour 10 nov Une famille symbole expulsée

    Hier à Jérusalem-Est, les autorités israéliennes ont expulsé de chez elle la famille Al-Kurd, des réfugiés devenus le symbole du combat palestinien contre la colonisation juive dans cette partie de la ville. Cette famille avait reçu le soutien de plusieurs diplomates étrangers. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, avait protesté en juillet auprès du gouvernement israélien. Mi-juillet, la Cour suprême a tranché en faveur de colons israéliens qui exigeaient l’expulsion de cette famille, vivant dans une maison du quartier arabe de Cheikh Jarrah depuis cinquante-deux ans.

  • Les artistes ne gazouillent pas en Palestine
    le mardi 11 novembre 2008 à 00:03, Declo a dit :

    "Le HAMAS justement, mais tous les habitants de Gaza ne sont pas des membres actifs (ou passifs) de cette organisation terroriste !"

    Quel devrait être la réaction des partisans du Hamas à l’occupation israélienne ? Regardez faire sans broncher ? Se tourner les pouces ? Quel comportement doivent-ils avoir ? Le HAMAS est tout d’abord une création d’Israël, il a favorisé le développement du HAMAS dans l’unique but de saper l’autorité d’Arafat et donc de l’affaiblir.

    Ensuite, si le HAMAS est extrême aux yeux des gens (dont SOCRATES), il n’est qu’à l’image de l’état d’Israël, un extrême en attire un autre !!

    Je ne comprends toujours pas les personnes qui qualifient de terroristes (sans rien connaître d’eux d’ailleurs) des hommes et femmes qui défendent leur terre (aux yeux d’Israël et de l’occident en général, tous les partis ou groupes armés qui défendent leur terre de Palestine, ou autres, sont des terroristes), à ma connaissance De Gaulle n’est pas un terroriste, pas plus que Churchill, mais bon ces deux là avaient la "chance" de faire parti de ce qui écrivent l’histoire, ce qui n’est vraiment pas le cas de nos diables de terroriste palestiniens, tchétchènes, afghans, irakiens, libanais, somaliens….

    Un bon palestinien aujourd’hui, c’est celui qui accepte de donner sa terre et de devenir esclave !!

    Mais où va t’on !! A réfléchir comme ça la France aurait dû rester allemande.

  • Les artistes ne gazouillent pas en Palestine
    le lundi 10 novembre 2008 à 23:27, Declo a dit :

    Bonjour,

    Merci à bakchich de nous avoir, par ces quelques lignes, interpellé sur les conditions de vie difficiles des palestiniens. Merci encore. Je suis consterné (et triste à la fois) du boycott des médias de la tragédie palestinienne.

    L’objet de ce message concerne aussi le vocable "barbu", qu’est-ce qu’un "barbu" ? Les barbus en question ne sont-ils pas des hommes et des femmes ??? Sachez que ces hommes et femmes ont des valeurs qu’ils défendent et des valeurs justes. Mais malheureusement, vous faites parti de ces gens qui ne connaissent rien, mais vraiment rien de cette religion qu’est l’Islam (d’ailleurs je ne vous blâme pour ça, car une bonne partie des musulmans ne connaissent également pas leur religion). Mais quand même ne dénaturez pas le sens des mots, si vous souhaitez parler d’une personne qui défend les valeurs de l’Islam, n’utilisez pas le mot barbu (qui ici signifie terroriste, extrémiste, j’en passe et des meilleurs, vous connaissez la suite…), ça ne veut absolument rien dire. A vous de chercher le mot ou l’expression idoine, c’est votre travail de journaliste. Je ne vous propose même pas le mot islamiste, il a été comme d’autres mot (tournant autour de l’Islam) vidé de son sens ; ce sont des mots qui aujourd’hui ne veulent plus rien dire du tout.

    Alors de grâce faites un effort pour vous démarquer encore plus dans votre travail qui est fort intéressant.

    Très cordialement un fidèle lecteur.

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