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Les Lilas en closent encore

tea-time / mercredi 4 novembre 2009 par Amédée Sonpipet
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Si les lilas dépérissent à la terrasse de la Closerie, ce n’est pas par manque d’eau, c’est d’ennui. Quant aux muses du Montparnasse, elles ont raison de se méfier des contrefaçons.

A la fin des années 20, Hemingway boycottait définitivement la Closerie des Lilas, un lieu qu’il jugeait dorénavant dénaturé car devenu trop « à la mode ». Quelques décennies plus tard, l’écrivain a pourtant droit à une petite plaque de laiton gravée à son nom et vissée au coin d’une des tables de la salle du bar. Et il n’est pas le seul à sponsoriser ainsi la brasserie du Boulevard Montparnasse. Parmi les disparus sélectionnés pour la décoration post mortem des meubles, on retrouve Picasso, Rimbaud, Bacall, Sagan, Aragon, Hallier, Lénine… Et le name dropping déborde jusque sur les sets de table en papier où Cocteau, Trenet, Sylvie Vartan… y vont de leurs dédicaces à l’encre vert tilleul.

Reprise en mains il y a une dizaine d’années par Miroslav Siljegovic qui, en tant que propriétaire du Flore, s’y connaît en terrasses pour gogos, la Closerie tient sa « promesse » (comme on dit en marketing de masse) : boire un verre ici est un privilège. Pas uniquement à cause du prix des consommations. S’asseoir à la table des plus grands, c’est pouvoir espérer s’y faire hanter par leurs muses. Pas étonnant donc de trouver assis-là, des après-midi entières, une pléthore d’artistes en devenir ou en fin de droits, noircissant des carnets, mettant à jour leur blog, maudissant le monde aveugle ou guettant le producteur à cigare qui ne les a jamais rappelés.

De l’ouverture des portes à l’apéritif du soir, les provinciaux de passages venus surprendre des « gens connus » auront beau faire refroidir longtemps leur café, ils ne verront « personne ». Les rares célébrités déjà réveillées sont attablées dans la partie restaurant ou dissimulées dans des alcôves à l’écart de la grande salle de brasserie. Quoique, en cherchant bien, on découvrira peut-être Renaud. « Je regarde passer les bourgeois, les voyous et puis les écrivains et les femmes du monde. », écrit ce fidèle de la Closerie dans la chanson qu’il lui consacre. Bien vu même si, à la Close, les « voyous » sont dans la politique ou les affaires, les « écrivains » cachetonnent à la télé et certaines « femmes du monde » tarifient leurs charmes à l’occasion…

A la tombée du jour, tandis que les garçons dressent les tables, les habitués de l’afterwork se pressent au bar. C’est l’heure où les grands fauves de l’édition viennent boire un Negroni , où les polémistes de service dans les médias fraternisent et où les attachées de presse négocient des « papiers ». La société des lettres et des médias se mêle à une galerie de jeunes nouveaux riches (avocates, communiquants, architectes à grands travaux..) et de demi-célébrités (évadés de la télé-réalité, présentatrices météo,…). Certains passeront ensuite au restaurant, sous la verrière néo-belle époque, où dînent déjà Patrick (Besson ou Poivre), Ariel(le) (Dombasle ou Wizman), Michel (Charasse ou Houellebecq), Bernard (Debré ou Pivot)…

Qu’importe si l’addition est extravagante et le service condescendant, le dîner à la Closerie, c’est comme le déjeuner du dimanche chez Lipp et l’after au Baron, un signe d’appartenance (et de connivence). A leur retour au bar, les dîneurs découvriront peut-être que Jean-Jacques Debout s’est mis au piano. En sirotant un dernier verre, ils se consoleront de leur tartare si mal assaisonné en pensant qu’ils respirent le même air que « Hemingway, Aragon, Lenine, et machin chose à la close, à la close ».

Voir en ligne : In Bakchich Hebdo n° 7 du 4 novembre 2009

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