Envers et contre tous, le Liban est le seul pays du monde où Chirac demeure plus populaire que Zinedine Zidane.
Parfois politique rime avec football. Alors que Beyrouth résonne d’un véritable concert de klaxons et de pétards après chaque match du Mondial, il régnait après la victoire de la France en demi-finales mercredi soir un calme olympien sur la capitale du Liban.
Si Chirac est une superstar aux yeux d’une partie des Libanais (au pays du Cèdre, personne n’a oublié sa sortie contre les services de sécurité israéliens lors de sa visite à Jérusalem ni le rôle que la France entend jouer contre la main-mise syrienne sur le Liban), les Bleus, eux, n’ont pas la côte. Le Liban a choisi son camp : au début du Mondial, pas un balcon, pas une voiture sans oriflammes aux couleurs du Brésil ou de l’Allemagne.
Les deux équipes sorties, le cœur des Libanais bat désormais pour l’Italie. Et depuis la victoire de la France sur le Brésil, une rumeur relayée par les médias s’est emparée du tout Beyrouth : en 1998, la France a acheté le match contre le Brésil. Et cette année, si les Bleus sont en finale, il ne peut y avoir qu’une seule explication : Zidane et ses coéquipiers sont tous dopés.
Pour Ziad, 21 ans et supporter de l’Allemagne, une seule explication à ce désamour pour la France : « Si Chirac est apprécié ici pour sa politique proche-orientale, les musulmans libanais n’ont pas pardonné aux Français d’avoir interdit le port du voile à l’école. » Ce qui expliquerait pourquoi les rares drapeaux bleu-blanc-rouge qui flottent sur Beyrouth se trouvent quasi-exclusivement dans les quartiers chrétiens.
Mais les plus à plaindre sont sans doute nos voisins suisses. Lors des prêches du vendredi, notamment à Chiyah (la banlieue sud de Beyrouth aux mains du Hezbollah), les imams ont interdit à leurs fidèles d’arborer des drapeaux ayant une croix. Nous ne pouvons donc que leur conseiller de prendre quelques cours d’histoire : ils apprendraient ainsi que la croix helvétique n’est en rien une croix catholique… A croire qu’au Liban, le football n’est pas qu’une histoire de ballon rond.