Contre l’Etat, le darwinisme, l’avortement, le syndicalisme, l’intégration, les intellectuels… Un recueil d’enquêtes, « Les conservateurs américains se mobilisent. L’autre culture contestataire. » (dir. Romain Huret, éd. Autrement), explique comment les conservateurs américains ont réussi à imposer leurs idées rétrogrades.
Contestataires, les conservateurs américains ? Hé bien oui. Ces malins de la droite dure ont fondé leur idéologie sur le refus « des représentations modernes du monde, de l’éducation, de la famille, de la culture et de la religion, telles qu’elles ont triomphé dans les années 1960 ». Si on les caricature volontiers en ploucs bornés du fin fond du Texas, ils sont en réalité présents dans toutes les couches de la société : milieu ouvrier, classes moyennes et surtout élites sociales, économiques et culturelles. Dans le comté d’Orange, en Californie, ils travaillent d’ailleurs dans les secteurs les plus modernes, « constat étonnant pour quiconque conçoit la modernité comme une source d’émancipation individuelle et de progrès collectif ».
Plus étonnant encore de constater le rôle, important, d’une partie des jeunes dans la naissance du conservatisme. Ce sont eux qui le construisent et lui donnent sa puissance, que ce soit quand il s’agit de chasser les Noirs de leurs banlieues dans les années 50 ou de contrer le mouvement libéral des années 60. La plupart des conservateurs aujourd’hui au pouvoir se sont d’ailleurs engagés en politique à cette époque, choqués par le « désordre » des universités, l’« antipatriotisme » des manifestations contre la guerre du Vietnam ou l’explosion de la criminalité.
Deux éléments-clés ont fait le succès des conservateurs : d’abord, leur détermination. Alors que les libéraux quittent la scène politique en entrant dans la vie professionnelle, les conservateurs militent leur vie durant, et dans toutes les structures de la société. Alors que les libéraux se reposent sur les grandes organisations, parti démocrate ou syndicats, les conservateurs tentent de mobiliser chaque individu : « lors des combats électoraux, c’est porte après porte, coup de fil après coup de fil, courrier électronique après courrier électronique qu’ils vont gagner les suffrages nécessaires à la victoire finale. » Et quand il s’agit de s’adresser au plus grand nombre, la radio joue un rôle capital à travers des talk-shows largement acquis aux idées conservatrices. Rush Limbaugh, le plus connu des animateurs, n’hésite pas à décrire CNN comme le porte-parole d’Al Qaida et à surnommer Barack Obama « Barack Ossama ». On imagine le tollé en France…
Deuxième élément : les conservateurs ont choisi de se battre à l’échelle locale : « si tout a été fait pour circonscrire l’avortement dans son Etat, pourquoi s’acharner à réclamer le renversement juridique de l’arrêt Roe vs Wade qui le légalise à l’échelle nationale ? […] Leur objectif a toujours été de démanteler par le bas ce que les libéraux avaient contruit par en haut. »
Signés d’historiens et de politologues, ces neuf essais très pointus sont autant de gros plans sur la culture conservatrice qui donnent une description précise de l’idéologie et de ses militants, mais aussi les raisons de son succès et de sa prédominance dans la vie politique américaine. « Indéniablement, cette contestation conservatrice a réussi à polariser les grands thèmes du débat politique autour des valeurs familiales, morales et sécuritaires qu’ils défendent. Désormais, la grammaire de la vie politique américaine est conservatrice. » Jusqu’aux prochaines élections ?
article écrit manifestement par une libérale à la sauce US, largemment acquise aux idées d’Obama, Kerry & co…
De façon rapide, l’idée qui sous-tend le conservatisme US est de retrouver les "vraies valeurs" de l’Amérique (l’Amérique des Pères fondateurs à laquelle on ajoutera Ronald Reagan) : responsabilité personnelle ("vous êtes responsable de ce que vous êtes et de ce que vous faites"), liberté et esprit d’entreprendre ("que l’Etat veut empecher en surtaxant à tout va et en redistribuant à ceux qui ne foutent rien"), patriotisme, mérite, effort, croyance en Dieu. Bref c’est la droite sans complexe, pas très différente de ce qu’on a chez nous en Europe (sauf exception)
Aux USA (mais pas seulement) un certain nombre d’évolutions ont été imposées par des juridictions ("juges activistes") ou par les médias ("drive-by media"), en contradiction avec la volonté des Américains (la fameuse "majorité silencieuse" ou encore "majorité morale").
Le dernier exemple en date c’est le mariage gay en Californie : la Cour supreme locale a reconnu sa validité alors que les citoyens de cet état ont rejeté le projet en 2000. Bref l’opinion de la majorité est une nouvelle fois bafouée par une petite minorité despotique prétendumment éclairée (c’est ce que pense les conservateurs).
Voilà résumé en quelques lignes le conservatisme US
"c’est la droite sans complexe, pas très différente de ce qu’on a chez nous en Europe (sauf exception)"
1/ On aimerait en savoir plus sur ces exceptions… 2/ Y a-t-il en Europe des gens au pouvoir qui militent pour que l’on enseigne le créationnisme à l’école ?
Article intéressant dans le sens où il met en lumière la difficulté et l’idiotie qui consiste à ranger les gens et les idées dans des petites boîtes, pour se simplifier la vie.
Ainsi, en France, les progressistes dits "de gauche" sont ceux qui ont toujours défendus les moeurs les plus archaïques de l’islam et en même temps défendus le droit au porno pour tous au nom des droits de l’homme.
Ainsi va l’incohérence humaine.