Organisé par les associations d’aide aux exilés, un tour à vélo ralliera les différents camps de migrants du Nord-Pas de Calais en neuf étapes, histoire de montrer que rien n’a changé.
Jungle Tour. Ça sonne comme la promesse d’un dépliant touristique dans un pays exotique. Sauf que le Jungle Tour n’aura pas lieu du côté de Cancun, début juillet. Mais dans le Nord – Pas-de-Calais dans les vraies « jungles ». Ces camps de fortune disséminés dans la région où les migrants s’entassent dans des conditions déplorables en attendant l’hypothétique passage vers le « paradis » britannique.
Organisé par les associations d’aide aux exilés, cet événement permettra de rallier les différents camps à vélo en neuf étapes.
Le Tour de France aura commencé la veille au départ de Rotterdam aux Pays-Bas. Et passera d’ailleurs par la région nord, à Cambrai, le 7 juillet. Ce jour-là, à leur rythme, les participants du Jungle Tour feront eux une plus petite étape : les quelques kilomètres qui séparent Saint-Omer de Calais. Quelques pour le commun des Nordistes. Kilomètres ô combien importants pour les migrants qui tentent de passer depuis des lustres en Angleterre.
C’était en septembre dernier. Avec une grande opération de com’ à la clé, le ministre de l’Immigration Besson nettoyait la jungle de Calais. Un signe fort, très fort. Désormais, les migrants n’allaient plus errer sur le littoral nordiste comme depuis maintenant une dizaine d’années. On y avait presque cru (enfin, les crédules).
Sauf que quelques mois plus tard, la réalité est la même. Les migrants sont toujours là. Certes, non plus regroupés dans la « jungle » principale, mais disséminés dans la région. Calais, et plus généralement le littoral, Norrent-Fontes, Angres, Bailleul, etc. Et on ne parle pas de la Belgique ou de la Normandie où certains vont aussi tenter leur chance pour passer en Angleterre. Bref, rien n’est réglé et les conditions des quelques centaines de migrants qui sont sur notre territoire sont encore plus déplorables. Sans être sous le feu des projecteurs.
D’où la bonne idée d’une association calaisienne nouvellement créée, La Marmite aux… Idées. « On cherchait à travailler avec les différentes associations qui s’occupent des migrants dans les camps de la région, résume le président Philippe Wannesson. Et à créer quelque chose d’itinérant qui puisse faire revenir les migrants dans l’actualité. »
D’où ce Jungle Tour, neuf étapes à bicyclette à travers la région Nord – Pas-de-Calais au début de l’été, pendant que les sportifs professionnels feront le Tour de France (« ce n’est pas lié du tout, c’est un hasard« ). Les étapes ? Si au départ, les organisateurs auraient souhaité pousser jusqu’à Paris, Cherbourg et la Belgique, ils se sont recentrés sur les camps de migrants régionaux, en y ajoutant une étape finale à Lille où le collectif qui gère la manifestation aimerait associer les Roms : « Ce n’est pas exactement la même problématique, convient Claudine Kaiser, d’Amnesty International dans la région. Mais eux-aussi vivent l’inacceptable. »
En tout cas, en invitant les militants ou simples citoyens à participer à une ou plusieurs étapes, les organisateurs espèrent réussir leur pari : sensibiliser et montrer avec cette caravane humanitaire que rien n’est réglé. Via des rencontres à la fin de chaque séance de pédalage, avec des migrants, des élus, des journalistes. « Un moyen doux » dixit Claudine Kaiser de sensibiliser la population aux Afghans, Erythréens, Soudanais et autres qui tentent toujours de traverser l’Europe et la Manche pour aller vivre un « rêve » anglais. On ne sait pas encore si Eric Besson viendra pédaler.