« Togo or not Togo », that is the question. Une nouvelle aventure du poulpe, un polar brillant de Pierre Cherruau, publié aux éditions Baleine et écrit pour les sardines qui grillent sur la plage, ou pour les travailleurs en mal de vacances : voyage dans les eaux d’Afrique de l’Ouest.
À ceux qui ne connaissent pas le poulpe autant qu’à ceux qui le connaissent, Togo or not Togo paru en mai dernier est un incontournable du mollusque. Le poulpe c’est une série de polars qui a débuté en 1995 avec un auteur différent pour chaque ouvrage. Gabriel Lecouvreur, personnage principal, est un détective amateur de bières dont les longs bras aiment traîner dans les fonds obscurs, à la recherche de petits faits anodins… Cette fois-ci, c’est Pierre Cherruau qui s’y colle, journaliste à Courrier international et spécialiste de l’Afrique. Une réussite.
Le poulpe est à Paris, le poulpe s’ennuie. Réchappant de justesse d’une dépression et d’un alcoolisme aggravé, Gabriel part pour le Togo. Amaka, coiffeuse togolaise et sans papiers, amie de sa compagne Chéryl, a soudainement disparu. Et voilà comment l’enquêteur céphalopode s’empêtre dans les bas-fonds de l’Afrique de l’Ouest pour résoudre une affaire d’enlèvement d’enfant.
L’intrigue bien menée, le poulpe à son habitude, se démène. On y croit et on s’oublie dans le récit, entre Lomé, Cotonou et le Nigeria. Voilà le héros flottant entre les lupanars [1] déguisés en hôtel et les temples vaudous, à la recherche d’un enfant albinos.
En Afrique, on prête aux Albinos des pouvoirs magiques, parfois même l’immortalité, de vieilles croyances menaçantes pour cette communauté. « Les albinos ne sont plus perçus comme des êtres humains mais comme des objets sacrificiels convoités pour leurs têtes ou pour leurs appareils génitaux, les parties du corps les plus puissantes », dit Fabéré Sanon, président de l’Association pour les personnes albinos (ANIPA) [2].
Périple coloré dans la jungle et sur les océans, dans les villes poussiéreuses et délabrées, rencontre d’ethnies Natembas, Igbos ou Haoussas. Esquisse abrupte d’une Afrique sensuelle, criarde et tourmentée, en fait insaisissable, à travers le langage cru d’un poulpe déboussolé qui finira par trouver son chemin. La récompense sera à la hauteur de ses efforts : « c’est le flirt poussé avec la mort qui donne le plus envie de faire l’amour ». Le poulpe ne s’en prive pas. Bientôt papa ? La suite au prochain épisode…
Pas aussi grand cru qu’annoncé, je le trouve un peu à la remorque des autres personnages. L’auteur le voulait déboussolé et je ne l’ai pas reconnu… dommage. Il aurait du lui laisser une certaine constance et contenance quand il se révolte.
Je ne connais pas l’Afrique et j’avoue que ce continent reste mystérieux à mes yeux.