Le rapport Attali avait ouvert une brèche. Dans sa proposition 14, il souhaitait « ouvrir très largement les professions réglementées à la concurrence sans nuire à la qualité des services rendus ». Les chauffeurs de taxis avaient réagi, pas les pharmaciens, dommage. Leclerc vient d’ouvrir le feu.
Parmi les 431 milliards d’euro que représente le commerce de détail en France, les pharmacies représentent 8 % du business. C’est, en plus, un marché en forte croissance, plus de 5 % par an. Il est donc normal que les autres commerçants s’intéressent au gâteau.
Le 3 avril, Leclerc fils estime que "les prix des médicaments à prescription facultative seront 25% moins chers dans nos parapharmacies" par rapport à la moyenne des pharmacies indépendantes. Dans ces moments de reprise de l’inflation, la situation est idéale pour Leclerc. Il sait que le discours a des chances d’être entendu à la fois par les pouvoirs publics qui seraient ravis de distribuer cette manne aux consommateurs, et par ces derniers.
Deux mois après sa dernière campagne de pub, il reprend la parole. Cette fois, il attaque le marché des pharmacies.
C’est presque une tradition familiale. Dans certaines familles, on bouffe du curé, chez les Leclerc on fait dans le pharmacien. En 1986, il y a plus de 21 ans, Leclerc (père et fils) s’en sont déjà pris aux officines. Une campagne révolutionnaire à l’époque. Les messages étaient simples : « Leclerc ou les monopoles, faites vos jeux » puis « Tout ce que Leclerc n’a pas le droit de vous vendre vous est vendu trop cher », puis, sous un petit tas de médicaments, « vendu sans ordonnance et uniquement en pharmacie ».
En 2008, voilà notre chevalier reparti à l’assaut des monopoles. Sauf que, cette fois-ci, le réseau Leclerc compte 110 parapharmacies qui proposent de 4.000 à 5.000 références et attirent 6 millions de clients chaque année. De plus, deux parapharmacies « pilotes » ont été mises en place en région parisienne, avec des espaces dédiés aux médicaments, qui, pour l’heure, sont vides.
Ces derniers jours, l’enseigne a donc lancé une campagne publicitaire à la télévision, pour « demander que les médicaments soient vendus à prix Leclerc ».
Sur la défensive, l’ordre national des pharmaciens essaie d’éviter le débat, sur le thème : « Il ne faut pas confondre médicament et marchandise, pharmacien et chef de rayon, pharmacie et magasin ».
Une étude un peu approfondie de la pratique des pharmaciens nuance beaucoup le propos : Le Moniteur du Pharmacien propose, dans son module « optimiser les ventes » et « d’accrocher le client ». Drôle de vocabulaire. Plus digne d’un vendeur que d’un pharmacien, et d’après les spécialistes il semble que les modules de vente offert par les laboratoires pharmaceutiques sont « de très bonne qualité ».
Il est en plus acquis qu’au mois de mars, les OTC (médicaments délivrés sans prescription médicale) vont passer en libre-service chez les pharmaciens, ils pourraient rejoindre les cosmétiques et la parapharmacie. Cette « petite révolution » d’après notre confrère Marketing Direct, va donc transformer le pharmacien en chef de rayon.
Les industriels sont à la recherche d’économie. Les blockbusters (ces médicaments qui génèrent plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires) sont de plus en plus rares, ils tombent progressivement dans le domaine public. Ils pourraient un jour préférer la télévision aux visiteurs médicaux et la grande distribution aux pharmaciens. Cela réduirait fortement leurs coûts marketing et de distribution. Aujourd’hui le LEEM, le syndicat qui regroupe les entreprises du médicament, soutient encore les pharmaciens, mais jusqu’à quand ?
Les pouvoirs publics hésitent. Luc Chatel, secrétaire d’Etat à la consommation, s’est prononcé en faveur des produits OTC dans la grande distribution. D’après notre consoeur Béatrice Héraud, il semble que le ministère de la santé soit plus nuancé. Peut-être ne veut-il pas déstabiliser les pharmaciens auxquels il a demandé des efforts importants, entre autres de substituer des génériques aux produits de marque ? Mais cela durera-t-il longtemps ? Xavier Moinier, maître de conférences à la faculté de sciences économique de Poitier et spécialiste du sujet, estime pour sa part que « Roselyne Bachelot, en permettant la vente des OTC en libre service en pharmacie, a ouvert la voie à la commercialisation en grande distribution… »
L’Europe demande à la France d’ouvrir le marché à la concurrence. Aujourd’hui, la France fait encore le gros dos. « Compte tenu de tout ces éléments la voie à la commercialisation en grande distribution est ouverte. Reste à savoir jusque quand les pharmaciens tiendront… » précise Xavier Moinier
Les pharmaciens ont donc intérêt à faire attention. Leclerc a obteu, à son actif, quelques changements majeurs de législation. Dans les années 1970 il est arrivé à faire plier les pétroliers. Ces enseignes sont les premières à avoir vendu de l’essence sous marque propre.
En contrepartie du monopôle des medicaments, les pharmaciens ont un rôle de conseil, de vérification sur les médicaments, cependant ceci ne tient que pour les médicaments remboursés par la sécurité sociale, dont le tarif est imposé….
Trois solutions :
1-Soit on fixe le prix de tous les médicaments y compris ceux qui ne sont pas remboursé par la sécurité sociale. Cela éviterait les différences honteuses que l’on peut constater entre différentes pharmacies.
2-Soit on impose que ces médicaments rejoignent la parapharmacie afin notamment de pouvoir comparer les tarifs, ce qui n’est pas le cas actuellement lorsqu’ils sont derrière le comptoir : a mon avis le seul cas toléré en France de non affichage des prix ! A ce moment la pourquoi la parapharmacie de Leclerc ne pourrait pas les vendre ?
3-Soit on considère que ces produits ne sont pas des médicaments utiles et n’ont donc aucune place dans une pharmacie. Je rappelle tout de même que c’est la sécurité Sociale qui a décidé que ces produits n’avaient pas d’efficacité suffisante pour mériter un remboursement.Si le produit est inefficace et dangereux alors il faut l’interdire, tout simplement.
En résumé : on ne peut pas imposer la vente dans une pharmacie, refusé le remboursement et laisser le prix libre : c’est de l’arnaque !
Les pharmaciens répondent à Leclerc en vidéo : ils ont déjà sorti 2 clips. L’un, très serieux rappel les dangers des médicaments qui ne nécessite pas de prescription comme le paracétamol, l’autre est beaucoup plus humoristique. Ils ont été réalisé par Pratispharma.com, la télé des pharmaciens.
Ils sont dispo sur Youtube : http://fr.youtube.com/watch ?v=vLoAc4KNTXE http://fr.youtube.com/watch ?v=nTzEanToF28
Pourriez vous les diffuser sur votre site ?
Nicopharm, un pharmacien engagé ! "
Intox des pharmaciens Ayant habité dans un pays ou on trouve au super-marché les medicaments sans prescription, je trouve l’idée excellente.
L’excuse que le pharmacien vérifie les incompatibilitées et éduque le client pour les medicaments sans prescription est une legende. Jamais un pharmacien ne pose de question quand on achete des aspirines ou des vitamines. Et quand bien meme j’ai besoin de conseils, étant adulte, je peut decider d’aller chez un pharmacien au lieu de Mr Leclerc.
Arretons de prendre les gens pour des enfants ou des idiots et laissons-leur le choix.
La deuxieme étape est bien sur d’avoir des pharmacies integres aux supermarches avec de vrais pharmaciens employés de Mr Leclerc. Les consomateurs s’y retrouveront, surtout face a la baisse ineluctables des couvertures de la sécurité sociale.
La campagne des pharmaciens visent juste a préserver le marché protegé et les marges généreuses dont ils beneficient.