Un traitement miracle pour brûler les graisses et sculpter sa silhouette ? Méfiance, surtout quand il s’agit d’un anabolisant pour canassons.
Sur le marché du mincir vite et sans effort, il n’y a pas que la pilule magique Alli, aux effets secondaires contraignants. Un petit nouveau est arrivé en pharmacie, le Ventipulmin, qui aurait pour faculté de brûler les graisses sans toucher à la masse musculaire. Bref de sculpter la silhouette en un temps record. Seul souci, ce médoc n’est pas à proprement parler destiné aux humains. Il s’agit d’un bronchio-dilatateur utilisé pour soigner l’asthme… du cheval. Mais qui ne tente rien n’a rien.
Internet a donc vu fleurir, ces derniers mois, des forums de discussion de jeunes filles s’interrogeant sur le Ventipulmin, ou sa molécule le clenbutérol, avec des échanges surréalistes, voire effrayants. « Oui sa marche je lai tester et g perdu 7 kg en 1 moi » (sic), plaide l’une, quand l’autre s’enthousiasme sur le « produit des stars de Hollywood » et y va de son petit conseil : « Ça va te donner un petit coup de boost. » Les effets secondaires ? Presque rien, poursuit la pouliche : « Mal de crâne, tremblements… En gros, ton cœur bat plus vite, tu transpires, t’as chaud comme si tu étais en activité, alors que tu restes allongée. » Un vrai miracle.
Pour être tout à fait complet, notons que les médecins précisent que la prise par l’homme du Ventipulmin provoque de la tachychardie, de l’arythmie cardiaque, etc. Un bain de jouvence dont le cœur aura bien du mal à se remettre. Connu comme produit dopant chez les cyclistes (tous asthmatiques, c’est bien connu), puis chez les chevaux de course, le clenbutérol version Ventipulmin s’est donc trouvé un nouveau débouché avec les jeunes anorexiques.
Cet anabolisant vétérinaire étant classé sur la liste 1 des substances vénéneuses, la répression des fraudes s’est demandé comment de jeunes filles avaient pu se procurer une telle saloperie. Les enquêteurs n’ont pas été déçus. « On l’a vu en libre-service dans certaines pharmacies. Parfois carrément à côté des cosmétiques », raconte un enquêteur.
Des dizaines de procès-verbaux ont été dressés, et la justice devrait prochainement se prononcer sur ce qui, dans certains cas, s’apparente à un véritable trafic organisé. Du côté du laboratoire qui fabrique le Ventipulmin, on décline toute responsabilité. « Nous ne pouvons contrôler ce qui se passe tout au long de la chaîne de commercialisation », se dédouane la direction des affaires scientifiques et réglementaires santé animale chez Boehringer. La répression des fraudes scrute donc à la loupe le nombre de boîtes vendues par la firme.
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